À Marie – Lettres de Sœur Anne Lécu (suite)

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C’est avec ces petits extraits de la lettre adressée à Marie, qu’en ce matin de Noël, nous vous invitons à méditer la fête de la Nativité.

La méditation d’ Anne Lécu

Dieu, le créateur qu’aucun de nous n’a vu, jamais …  Dieu au-delà de tout ce qu’on peut concevoir, imaginer, penser, Dieu choisit de se vider de lui-même et d’abriter sa Parole dans la vie des hommes. Il avait déjà fait cela discrètement, autrefois, en ayant laissé ses dix commandements, ses dix paroles… Voilà que maintenant, c’est sa parole vive, la parole de la création, sa parole active, son Verbe, qui vient prendre chair dans notre chair. Il s’installe parmi nous, entre nous, en nous, en chacun de nous.

L’incarnation de la Parole de Dieu

Chère Marie, est-ce cela que tu médites en ton cœur : l’incarnation de la Parole de Dieu dans la chair d’un petit enfant permet à tous les hommes de croire que leur chair de jubilation, de sang et de larmes, est digne de Dieu.

Les mystiques rhénans, à la suite de maitre Eckhart, parlaient volontiers des trois naissances célébrées à Noël. Ainsi Tauler, un de ses disciples, parle de l’engendrement du Verbe en Dieu, de la naissance du Fils incarnée et d’une troisième naissance qui nous concerne tous, la naissance de Dieu en nous : «  Dieu naît à Bethléem pour naître dans ton cœur »…/

La naissance de Jésus est l’actualité de notre vie

La naissance de Jésus n’est pas seulement un événement du passé. Elle est l’actualité de notre vie quand nous acceptons de laisser la Parole naître en nous.

S’incarner est l’œuvre d’une vie. Nous n’avons pas fini de nous incarner, et c’est le sens de la nativité : devenir qui nous sommes, c’est peut être accueillir comme tu l’as fait celui qui naît en nous. Il faut pour cela le dépouillement qui est le tien, il lui faut de la place pour naître…

Entrer dans le silence

Alors que souvent nos fêtes sont bruyantes, je voudrais entrer avec toi dans le silence de la nuit, et écouter le silence du monde et le nôtre, laisser monter en nous ce silence qui veille, comme des bras ouverts prêts à accueillir le fils unique… Je voudrais rester là dans la nuit … Je te vois Marie, installée dans ce silence. Intimement liée au silence éternel de Dieu, toute proche de la source d’où jaillit le verbe qui, tel une épée, nous sépare du chaos.

Aide-moi Marie, mon aînée dans la nuit, aide-moi à veiller avec toi dans le silence du monde, pour laisser ton Fils naître dans ma vie.

Sœur Anne Lécu – Lettre à Marie, le 25 décembre.

Illustration : Wikimédia Commons – L’adoration des berges de Lorenzo Letto – Collection Pinacothèque Tosio Martinengo – Brescia (Italie) – Domaine public

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