Job, la confiance malgré la souffrance

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Job et sa famille

La 1ere lecture de ce 5eme dimanche du temps ordinaire nous invite à faire l’expérience de l’ espérance au cœur même de la souffrance.

Un livre qui traite de la question de la souffrance permise par Dieu

Le livre de Job est un livre très ancien. Il appartient à la catégorie des livres de sagesse de la Bible. Avec les :

  • Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques et les Lamentations de Jérémie.

Ils sont également appelés livres « poétiques ».

L’ enseignement de ce livre est valable pour tous les temps car son  inspiration divine est évidente puisque d’ autres écrivains bibliques mentionnent Job ou citent des paroles tirées de son livre :

« … si dans ce pays il y avait Noé, Daniel et Job, alors, par ma vie – oracle du Seigneur Dieu – ils ne pourraient sauver aucun fils ni aucune fille, mais eux, par leur justice, sauveraient leur vie. » (Ez. 14 : 20).

« Vous avez entendu dire comment Job a tenu bon, et vous avez vu ce qu’à la fin le Seigneur a fait pour lui, car le Seigneur est tendre et miséricordieux. » (Jc. 5 : 11).

Qui est Job ?

 Cet homme, riche et intègre, était béni de Dieu dans :

  • Sa famille : il avait dix enfants, mais aussi dans ses biens car ses troupeaux étaient considérables et avait un très grand nombre de serviteurs, enfin, il avait la réputation d’ être sage.

En outre, il était :

  • Droit, c’ est-à-dire qu’ il était loyal, juste et équitable.
  • D’ autre part, il craignait Dieu. Autrement dit comme le soulignait le pape François au sujet de la crainte de Dieu, il avait une attitude de respect envers Dieu. Il faisait confiance en sa sagesse, en sa puissance et en son amour (pape François le 01-01-2021).
  • Enfin il résistait au mal.

L’ intervention de Satan, le tentateur

Satan devant le trône de Dieu

Bien que déchu par Dieu, Satan possède un grand pouvoir et peut continuer à s’ adresser  à Lui. Cependant, il ne possède pas Son omniprésence (Dieu est présent partout car sa puissance et sa connaissance s’ étendent dans toute sa création).

Aussi, le pouvoir de Satan dans notre monde est-il limité à la « permission » de Dieu si celui-ci le juge bon pour le bien des siens. C’est d’ailleurs ce que nous apprend  St Paul :

«  J’ ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour empêcher que je me surestime. »  (2 Co. 12 : 7).

Or, lorsque Dieu attire l’ attention du diable sur Job, le Diviseur lui répond ironiquement :

« Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? ».  N’ as-tu pas élevé une clôture pour le protéger, lui, sa maison et tout ce qu’ il possède ? Tu as béni son travail … Mais étends seulement la main, et touche à tout ce qu’il possède : je parie qu’ il te maudira en face ! » ;

C’ est pourquoi Dieu permet à Satan de dépouiller Job de tous ses biens. Toutefois, il lui interdit de porter la main sur lui.

La première épreuve de Job

     Satan détruit la famille de Job                                                Des messagers annoncent à Job ses malheurs

Dès lors, des épreuves successives frappent Job :

  • Les gens de Sheba lui prennent ses bœufs, instruments de travail ; les bergers sont mis à mort (v. 14-15).
  • La foudre brûle les brebis qui fournissaient la nourriture et le vêtement ; leurs gardiens sont consumés (v. 16).
  • Puis les chameaux servant pour le transport commercial sont enlevés par les Chaldéens ; et les jeunes hommes sont frappés par l’ épée (v. 17).
  • Enfin ses fils et ses filles réunis dans la maison de leur frère aîné, sont écrasés par son effondrement sous l’effet de la tempête (v. 18-19).

L’ attitude de Job face à ces drames

Face à ces quatre terribles épreuves Job pourrait maudire Dieu. Or, il les supporte avec dignité. Dans son deuil, il se lève, déchire sa robe, rase sa tête, se jette à terre et se prosterne (v. 20). Il accepte ces douloureux événements sans reproche et dit à Dieu  :

« Nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu j’ y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : Que le nom du Seigneur soit béni ! »

Satan n’ a rien gagné, Job continue d’ honorer Dieu.

C’ est pourquoi le Tentateur se présente de nouveau devant Dieu. Il lui fait remarquer que les biens d’ un homme ne sont rien en comparaison de sa vie et  incite l’ Éternel à toucher Job dans sa chair :

« étends la main, touche à ses os et à sa chair, je parie qu’ il te maudira en face ! » (Job 2, 5).

Celui-ci laisse alors dans la main de Satan la santé de Job.

La seconde épreuve de Job

Le désespoir de Job atteint dans sa chair

C’ est ainsi que Satan frappe Job d’ un ulcère malin depuis la plante des pieds jusqu’ au sommet de la tête. Sa femme elle-même le rejette et lui dit : « Tu persistes encore dans ton intégrité ! Maudis Dieu et meurs ».

Mais Job lui répond :

« Tu parles comme une insensée. Si nous accueillons le bonheur comme venant de Dieu, comment ne pas accueillir de même le malheur ? »

Les trois amis accusateurs

Les accusations des trois amis de Job

Pleins de bonnes intentions, trois amis de Job se mettent en route pour « venir le plaindre et le consoler ». Toutefois, ils semblent ignorer combien il est difficile d’ apporter les paroles réconfortantes à un frère dans l’ épreuve.

Quand ils voient Job, ils manifestent leur peine par les signes habituels en usage à cette époque. Ils pleurent, déchirent leurs vêtements, … mais ne savent que dire.

Assis à terre, désolés, ils demeurent là pendant sept jours et sept nuits, remuant en silence leurs pensées. Puis,  ils arrivent à la conclusion que Job a dû terriblement pécher et commettre des fautes graves pour que Dieu le châtie ainsi.

Alors, devant tous ces reproches, Job laisse éclater sa douleur et demande à Dieu : Pourquoi ? Pourquoi ? Plus tard, il découvrira que le remède à son amertume n’ est autre que la grâce de Dieu, qui, comme l’ écrit sœur Anne Lécu, consiste en ce que Dieu choisit de faire de l’ homme sa maison sans aucune condition.

Pour conclure 

Job était persuadé de sa perfection : « mon cœur ne me reproche aucun de mes jours » (27 : 6). De plus il avait une haute opinion de sa personne : « comme un prince je m’ approcherai de Lui » (31 : 37). Toutefois sa foi vacillante était sincère et réelle.

Dès lors, malgré les épreuves, elle s’ affermira et à la fin du récit, elle triomphera  car, bien que durement au point de maudire le jour de sa naissance (Job 3, 1-26), Job n’ accusera jamais Dieu (Job 2, 9-10). Il ne doutera pas de Sa présence malgré ses amis qui laissent entendre que ces épreuves sont une punition divine, conséquence de ses péchés.

John Milton – Condamné à mort au USA, écrivit à ses correspondants ACAT au sujet du livre de Job :

« Le livre de Job est d’ une beauté et d’ une puissance inégalées. Sa profondeur de pensée et de sentiment, le saisissant éclairage qu’ il porte, et la transcendance de sa poésie lui donnent une place unique, non seulement dans les écritures mais aussi dans toute la littérature.

Ce qu’ il faut en retenir c’ est que le Livre de Job est le contexte intellectuel d’ une tradition de sagesse. Il exprime à la fois une parenté avec les sages et son antagonisme par rapport aux sages que représentent les trois amis de Job (Elifaz, Bildad et Zofar) puisque leur sagesse : «  n’ est autre qu’ une succession de proverbes. Aussi Job remet-il,  en cause les fondements de cette sagesse. L’ argument de ses amis (Job ne peut qu’ avoir péché pour subir de telles souffrances) montre bien l’indigence de ce modèle de sagesse. Ses trois amis représentent un enseignement enraciné dans la tradition, et Job le refuse (Job 12:2,3).

Quant à Anne Lécu, elle précise dans son livre :  « Tu as couvert ma honte », elle choisit la traduction du Gustavo Guttierez pour expliquer ce verset :

« C’ est par ouï-dire que je te connaissais, mais maintenant mes yeux t’ ont vu. C’ est pourquoi je me rétracte et me repens sur la poussière et sur la cendre. » (Job 42, 5-6).

Car, pour cet auteur il signifie que « désormais, Job renonce à la lamentation et à l’amertume. Il peut quitter les lieux de son malheur. Il a rencontré son Dieu. » *

Un chant à écouter et méditer : Lève les yeux.

Pour terminer cette méditation nous pouvons écouter ce chant qui nous appelle à  lever les yeux vers Dieu pendant les moments où le mal semble gagner et où le monde semble s’écrouler.

Une prière pour les moments de détresse

Enfin nous pouvons méditer la prière de Job selon l’ Abbé Hilaire Léonard-Etienne (1924-1984) :

« Je voudrais Te bénir, Seigneur, pour ce que Tu me donnes et ce que Tu m’ as pris.

Tu m’ as pris la santé, mais Tu guéris mon âme. Tu as brisé tous mes projets, mais Tu me donnes un but. Tu m’ as ôté mes compagnons de fête mais je vis ta Présence. Tu m’ as pris tous mes biens mais Tu m’ en offres de plus grands.

En me perdant, Tu m’as sauvé : ce qui était à moi, est à Toi ; ce qui était à Toi, est à moi. Je bâtissais sur le sable ; je peux bâtir sur le roc. Je riais aux éclats ; aujourd’hui, je souris.

Je savais parler haut ; je sais prier tout bas. Je pouvais discuter ; je peux être à l’ écoute. Tu me conduis sur l’ autre rive. J’ ai quitté ma maison mais Tu m’ abrites sous ta Tente. J’ai perdu mon empire ; je trouve ton Royaume. J’ ai épuisé mes forces ; je suis fort dans la foi. Je me retrouve seul et je connais l’amour.

Le Seigneur m’ a tout donné ; le Seigneur m’ a tout repris ; Que le nom du Seigneur soit béni ! Ainsi soit-il. »

Georgette

Sources : Bible-notes – méditation sur Job – Nuit des Veilleurs – Soeur Anne Lécu : Tu as couvert ma honte – La nudité de Job.

* « Job, parler de Dieu à partir de la souffrance de l’ innocent » de Gustavo Guttierez.

Image mise en avant :Wikimédia Commons (détail du tableau sur Job de Léon Bonnat ( 1833-1922) Musée d’Orsay à Paris Reproduction photographique d’ une œuvre du domaine public – Libre de droit.

Illustrations : Wikimédia Commons , William Blake (1757–1827) – Illustrations du livre de Job – Reproduction photographique d’ une œuvre du domaine public – Libre de droit.

Chant-  YouTube : Lève les yeux – Traduit par Feel God – Interprétation : SynapseCo

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