Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur ! (Psaume 94, 8a.7d)

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Au moment où le monde traverse de nombreuses épreuves, nous sommes tentés de nous demander, comme le faisait le peuple d’Israël, : « … le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? » (Ex 17, 7). Notre cri de détresse rejoint son histoire. Toutefois, malgré le doute qui s’installe, les textes de ce 3eme dimanche de carême nous parlent de joie, d’espérance, de paix et de confiance : « Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! » (Ps 94, 1) – « l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». (Rm 5, 5), – « Nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce … » (Rm 5, 1-2) – « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde » (Jn 4, 42).

 

Attardons-nous sur le psaume de ce jour. Il entre dans la catégorie de ceux célébrant l’établissement d’un royaume nouveau. De nombreux écrivains juifs les rattachaient à ceux du « monde à venir » (Ps 92 à 101). La première strophe nous invite à la fête, à l’action de grâce, la seconde par notre attitude de profond respect : « Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits… », à reconnaître la grandeur de Dieu et à nous poser la question de la confiance. 1

Dans la Bible, la dernière strophe est légèrement différente de celle du texte liturgique. Le dernier verset, nous dit exactement ceci : « … Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur comme à Meriba, comme au jour de Massa, dans le désert, où vos pères m’ont tenté, éprouvé, et ont vu mes œuvres » (Ps 95, 7-9). C’est un écho au récit de la 1ere lecture : « … le peuple, manquant d’eau, souffrit de la soif. Il récrimina contre Moïse … » (Ex 17, 03). En Hébreu le nom que donna Moïse au lieu de la récrimination est Massa (Maccah) qui signifie : épreuve, tentation et Mériba (Meriybah) = lieu de la contestation, de la querelle. Il est ici question de l’expérience du peuple hébreu qui, dans l’épreuve de la soif, a douté de Dieu. 2

Tous les textes du jour nous parlent de la foi en Dieu. Elle résume celle d’Israël qui, malgré les tentations, Lui donne sa confiance. Le mot hébreu qui dit la foi signifie « s’appuyer sur Dieu », c’est de lui que vient le mot « Amen » dont utilisation, très ancienne, est issu de Aman, terme utilisé pour renforcer ou confirmer des propos. Son sens revient à dire en français : « J’y crois dur comme fer ». Le dernier verset : « …et pourtant, ils avaient vu mon exploit » nous rappelle que, à Massa et Meriba, les hébreux ont succombé à la tentation du doute. Or, Dieu avait pris la peine de libérer son peuple de l’esclavage, il n’était donc pas question qu’Il le laisser mourir de faim ou de soif dans le désert. Malgré ce manque de foi, l’eau qui désaltère et permet de vivre est sorti du Rocher. L’espérance d’Israël s’ancre donc dans son expérience de la libération d’Egypte, dans la réalisation de la promesse. C’est pourquoi le peuple ne cesse de proclamer que Dieu est son rocher : « Acclamons notre Rocher, notre salut ! ». Jésus, quant à lui, dira à la samaritaine : [« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive »]. (Jn 4, 10).

Dans la dernière strophe du psaume nous est posé une question : « Aujourd’hui, écouterez-vous Sa parole ? ». Cette allusion à l’écoute est très présente dans l’Ancien Testament : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles… » (Ps 39, 7) ou encore : « Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute… » (Is 50, 4). En hébreu et en grec, le verbe écouter prend le sens de faire confiance. « Tendre l’oreille » vers Dieu revient à dire : j’ai confiance, j’espère, je me fie à Lui. Alors en ce dimanche où se célèbre le premier scrutin des catéchumènes, ravivons l’esprit de notre baptême en nous souvenant que : « l’espérance ne déçoit pas puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». (Rm 5, 5). La foi, c’est avoir la force de garder confiance en toutes circonstances, même lorsque les apparences nous laissent penser que Dieu nous abandonne. Nous devons en avoir la certitude : Il nous veut libres, vivants et Il nous conduit vers la plénitude, la résurrection. Laissons donc monter à nos lèvres les paroles de ce chant : « Tu es ma foi, Dieu mon appui … Entends la voix de ma prière quand je crie vers toi … Sauve ton peuple, Dieu notre appui, Bénis ton héritage… Veille sur lui, conduis-le jusqu’en ton éternité, Toi Dieu que j’appelle ».

 

Georgette
Sources : 1 – Bibliquest  ; 2 – Commentaires de Marie-Noëlle Thabut
Photo : PxHere – CCO domaine public.

 

 

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