L’ âne et le bœuf de la nativité

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Dans les représentations de la nativité, la présence de l’ âne et du bœuf tient une place importante.

Un ancien chant de Noël leur est même dédié : « Entre le bœuf et l’ âne gris, dors, dors, dors le petit fils … ».

Tous deux se tiennent debout près de l’ Enfant Jésus. Dans d’autres représentations, ils sont étendus sur le sol. Ils semblent le réchauffer de leur haleine.

Deux animaux que pourtant les évangiles ne mentionnent pas

Rappelons que Saint Luc est le seul narrateur de la nativité. Toutefois, dans son récit il ne les mentionne pas.

Cependant, de très anciennes fresques chrétiennes les représentent près du nouveau-né.

Alors, quelle est la raison de cette présence ?

 La plupart des théologiens voient en celle-ci une référence à la prophétie d’Isaïe :

« Le bœuf connaît son propriétaire, et l’ âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas » – (Is 1-3).

Qu’ en disent les pères de l’ Église  ?

Pour eux, cette présence nous relie à toute l’ histoire sainte qui, depuis ses origines, nous parle du salut.

En conséquence, au moment où commence la révélation de la Nouvelle Alliance, tous deux nous renvoient à l’ Ancienne.

 Méditons sur ce qu’ ils nous apprennent

– « …Le bœuf est l’ animal pur, l’ âne, un animal impur … Comprenons le sens de cette crèche, efforçons-nous de découvrir le Seigneur… » (Origène).

– « … Reconnais comme le bœuf et l’ âne ton possesseur, Isaïe t’y invite. Et comme l’ âne, reconnaît la crèche de ton maître, que tu sois au nombre des justes qui sont soumis à la Loi, qui ruminent la Parole … » (Grégoire de Nazianze).

–  «  … Bœuf celui qui vit sous le joug de loi ; âne la bête de somme chargée de l’ idolâtrie.[…]

Et si dans la crèche il naît entre le bœuf et l’ âne … c’ est pour démolir le mur qui les sépare, et les recréer en Lui pour ne former qu’ un seul être nouveau.

Il décharge l’ un du joug pesant de la loi. Il délivre l’ autre du fardeau de l’ Idolâtrie » (Grégoire de Nysse).

Pour Saint Augustin, Juifs et Gentils se rejoignent

Quant à Saint Augustin, voici ce qu’ il dit au sujet de la prophétie d’ Isaïe :

« C’ est là [dans la crèche] que « le bœuf a reconnu son maître et l’ âne la crèche de son possesseur ; c’ est-à-dire la circoncision et la gentilité s’ attachant ensemble à la pierre angulaire … ».

Pour lui, les Juifs et les Gentils sont comme deux murs d’ une maison qui se rejoignent par la pierre angulaire qu’ est le Christ.

La prière de l’ âne et du bœuf

Dans son ouvrage  « Et vous les arbres et les animaux, bénissez le Seigneur » , la Dominicaine, Anne Lécu attribue aux arbres et aux animaux une prière adressée à Dieu.

Dans la Bible, l’ âne est celui qui accompagne l’ homme et marche à son pas, en portant les charges trop lourdes.

Aussi lui attribue-t-elle un passage de l’ évangile de Luc (19, 29, 31).

  • La prière de l’ âne est d’ être là pour celui qui ne voit pas où il met les pieds et n’ arrive plus à discerner.
  • Cependant, malgré les craintes, l’ indécision, il continue à demander à son Créateur de rester disponible et libre, afin de le servir et l’ aider dans sa mission (p. 121 à 123).

Quant au bœuf, l’ animal des labours à la force tranquille, portant sur son dos le joug, il est celui que l’ on remarque à peine. Toutefois, sans lui, la vie serait plus difficile.

C’ est pourquoi elle lui destine les versets 13 à 14 du chapitre 5 du Deutéronome.

La prière que nous apprend le bœuf est :

  • une prière ordinaire, que l’ on pourrait croire inutile mais qui cependant est aux yeux de Dieu infiniment précieuse.
  • elle nous explique aussi que, à l’ image de cet animal paisible, il n’ y a pas de méthode pour prier.
  • en définitive, tel le bœuf, c’ est la régularité du pas qui finit par creuser un sillon.

En conséquence, la prière réconfortante du bœuf veille sur le monde. Précieuse elle réchauffe le cœur des hommes (p. 127 à 129).

Pour conclure

En cette période de l’ Avent, devant nos crèches, l’ âne et le bœuf nous invitent à entrer dans la « fraternité universelle ».

Nous pouvons aussi méditer ce que nous apprend leur présence près de celui qui vient de naître et faire nôtre « leur prière ».

Georgette

    

   

Sources : Revue contacts n° 257 – Le bœuf et l’âne dans l’iconographie de la Nativité du Christ (Sandrine Caneri) et Aleteia du 24-12-2021

Illustrations : Wikimédia Commons : oeuvres du domaine public – Photo Jean-Lucien G. (église abbatiale Saint Vulfran à Abbeville

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