Pèlerinage à Notre Dame de Pontoise – Homélie de Mgr Lalanne (12-09-2021)

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Dimanche 12 septembre a eu lieu le pèlerinage à Notre-Dame de Pontoise sur le thème :  » Marie, Reine de la Création ». Les pèlerins étaient invités à prier l’un des Mystères du Rosaire et à méditer l’évangile de Cana.

Livre ci-dessous l’homélie de Mgr Lalanne.

Quand le coeur de Dieu rejoint le coeur de l’homme

Vous connaissez bien ce récit des noces de Cana. C’est le temps de la fête et des alliances humaines. C’est le vin partagé pour dire l’abondance de la joie débordante. Et si Jésus, avec Marie sa mère et ses disciples a répondu à l’invitation de ces noces humaines, c’est que le coeur de Dieu rejoint celui de l’homme.

Nous voici donc à Cana, ce carrefour d’humanité où tout homme est invité à participer à des noces qui ont la saveur du bonheur et, déjà, le goût de l’éternité. Ici, avec vous, pèlerins aux multiples visages, c’est cette même expérience de Cana qui peut se renouveler. Et c’est magnifique !

Il y a, dans Cana, l’image et la promesse d’une humanité enfin réconciliée avec elle-même parce que réconciliée avec Dieu. De quelle façon ?

Une invitation pour tous

Il y a d’abord le fait que tous soient invités. Combien de personnes vivent aujourd’hui sur cette terre et ne s’y sentent pas accueillies ou attendues ? Combien d’habitants du Val d’Oise n’imaginent pas qu’ils sont invités, aimés gratuitement par un Dieu qui se fait proche de chacun, qui espère en chacun. Au plan de Dieu, il n’y a ni exclusions, ni privilèges !

L’Alliance exclut toute discrimination

Le pape François, dans son encyclique Laudato Si’, sur la sauvegarde de la maison commune, évoque la place de Marie, qu’il intitule  » la Reine de toute la création ». Permettez-moi de le citer : « Marie, la Mère qui a pris soin de Jésus, prend soin désormais de ce monde blessé, avec affection et douleur maternelles ».

Nous aussi, nous avons aujourd’hui à relever le défi de bâtir des sociétés : conviviales parce que métissées, maternelles parce que différentes, humaines parce que spirituelles.

Cana devient le carton d’invitation pour tous ceux et celles qui se sentent rejetés : l’alliance exclut, par définition, toute discrimination.

Marie, un chemin pour sauvegarder la création

Et puis, il y a la place de Marie qui veille et qui interpelle :  » Faites tout ce qu’il vous dira « . Quelle qualité d’écoute et quelle délicatesse chez cette femme !   » Ils n’ont plus de vin !  » dit-elle. Marie ouvre son coeur maternel. Elle nous indique le chemin pour prendre soin des autres et de nous, pour être attentifs à nos frères et soeurs dans le besoin, pour sauvegarder la création.

Nous avons besoin de veilleurs, de veilleuses, qui sachent discerner, dans les brumes du quotidien, les appels que la rumeur ambiante et la pollution sonore de tous ordres nous empêchent de percevoir à la manière de Marie, reine de la création.

Dieu est celui qui transforme

Quel est ce vin qui manque à nos vies pour que la tiédeur fasse place à la saveur ? et pour que l’enthousiasme l’emporte sur toutes nos torpeurs ? !

Note monde incertain et troublé manque de ce vin de Cana où l’abondance remplace la pauvreté du coeur et où la joie partagée devient le diapason de nos vies. N’ayons cependant pas peur des fausses notes : elles deviennent le cri et l’appel d’un monde qui rêve plus d’harmonie que de cacophonie.

Il y a encore la simplicité du geste proposé par le Christ :  » Remplissez d’eau ces jarres … ». Dieu est, par nature oserais-je dire, Celui qui transforme, c’est-à-dire celui qui transfigure.

Mais il faut, pour cela, que nous apportions l’eau de notre quotidien, avec sa qualité, certes, mais aussi avec ses pollutions. La création est encore en gestation ! Il n’y a pas de vraie liberté sans l’accueil de Celui qui nous dépasse et cependant nous rejoint aux plus intimes de nos désirs humains.

Une promesse de vie

Mais Cana, c’est aussi une Promesse de Vie, car ce qu’inaugure le vin nouveau, ce n’est rien moins que le mystère pascal du Christ qui a été jusqu’au bout de notre humanité, jusqu’au bout de l’amour.

Goûtons donc le vin de Cana qui est aussi celui de nos eucharisties. Cana nous permettra alors d’expérimenter la présence de Dieu qui vient aussi tout transfigurer, dans nos vies et dans le monde.

Marie est là. C’est elle qui provoque Jésus, c’est grâce à elle que s’éveille la foi des disciples. A Cana, elle commence à les enfanter. Une belle gestation !

Disciples de Jésus, nous savons désormais que notre existence de croyants prend sa source avec Marie, notre mère. Chaque moment de notre vie, les événements les plus quotidiens sont ainsi placés sous sa vigilance maternelle.

Même si nous ne demandons rien, elle est attentive. Comme aux serviteurs, elle nous rappelle simplement : « Faites tout ce qu’il vous dira. » Alors, Jésus peut manifester sa gloire et aviver notre foi.

Alors, chaque événement de notre existence est tourné déjà vers cette heure où sera manifestée la gloire du Fils en même temps que celle du Père.

« Faites tout ce qu’Il vous dira. » Ces paroles de Marie nous invitent à nous faire les artisans de ce monde nouveau qui n’est rien d’autre que le Royaume de Dieu. Déjà là… et pas encore totalement. C’est l’appel de l’Evangile.

Amen.

+ Mgr Stanislas Lalanne – Evêque de Pontoise

Illustration : Wikimédia Commons – Statue de N.D. de Pontoise, XIIIe s. – Auteur Pierre Poschadel – Licence Creative Commons Attribution – Partage

 

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