Solennité de Saint Joseph – Messe présidée par Monseigneur Lalanne

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Les paroissiens de notre groupement paroissial se sont réunis ce vendredi 19 mars à Enghien pour la célébration de la Solennité de Saint Joseph. Monseigneur Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, présidait cette eucharistie.

 

Nous vous invitons à découvrir son homélie :

« Nous venons d’entendre cette phrase de l’Evangile : « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse ». Dans ces paroles est déjà contenue la mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être custos, gardien. Gardien de qui ? De Marie et de Jésus ; mais c’est une garde qui s’étend ensuite à l’ Eglise.

Comment Joseph exerce-t-il cette garde ?

Avec discrétion, humilité, dans le silence, mais aussi par une présence constante et une fidélité totale, même dans l’incompréhension. Depuis son mariage avec Marie jusqu’à l’épisode de Jésus, dans le Temple de Jérusalem, il accompagne  avec prévenance et avec amour. Il est auprès d’elle dans les moments sereins et dans les moments difficiles de la vie : celui du  voyage à Bethléem pour le recensement ; celui des  heures d’anxiété et de joie de l’enfantement mais aussi au moment dramatique de la fuite en Egypte et dans la recherche inquiète du fils au Temple et enfin dans le quotidien de la maison de Nazareth, dans l’atelier où il a enseigné le métier à Jésus.

Comment Joseph vit-il sa vocation de gardien de Marie, de Jésus, de l’ Eglise ?

Dans la constante attention à Dieu, ouvert à ses signes, disponible à son projet qui n’est pas le sien propre. Joseph est « gardien » parce qu’il sait écouter Dieu et  se laisse guider par sa volonté. C’est pour cela qu’il est  sensible aux personnes qui lui sont confiées. Il sait lire avec réalisme les événements, demeure attentif à ce qui l’entoure et sait prendre les décisions les plus sages. En lui, nous voyons comment répondre à la vocation de Dieu, avec disponibilité et promptitude.

Mais nous voyons aussi quel est le centre de la vocation chrétienne : le Christ !  Nous devons le garder dans notre vie, pour garder les autres et la création !  La vocation de garder, c’est  avoir soin de tous avec amour. Plus spécialement des enfants, des personnes âgées, celles qui sont plus fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur. C’est aussi avoir soin l’un de l’autre au sein de la famille : les époux se gardent réciproquement. Puis, comme parents, ils prennent soin des enfants et avec le temps ce sont eux qui deviennent gardiens des parents ! Etre gardien de son frère, c’est  vivre avec sincérité les amitiés. Elles sont une garde réciproque dans la confiance, dans le respect et dans le bien.

Au fond, tout est confié à la garde de l’homme et cette responsabilité nous concerne tous. Avouez que c’est une belle vocation de devenir gardien des autres et de l’environnement ; à la manière de Joseph; devenir les gardiens des dons de Dieu !

Prendre soin de nous-mêmes

Mais pour « garder » nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes, le pape François nous le rappelle ! Garder veut dire veiller sur nos sentiments, sur notre cœur, parce que c’est de là que sortent les intentions bonnes et mauvaises : celles qui construisent et celles qui détruisent !  Nous ne devons pas avoir peur de la bonté et ni même de la tendresse ! Le fait de prendre soin, de garder, demande bonté et tendresse. Dans les évangiles, Joseph apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur. Mais dans son âme émerge une grande tendresse. Elle n’est pas la vertu du faible. Au contraire, elle dénote une force d’âme et une capacité d’attention, de compassion, de vraie ouverture à l’autre et d’amour. Nous ne devons pas avoir peur de la bonté : l’avenir est à la tendresse !

À la manière de Joseph, apprenons à ouvrir nos bras

Apprenons à les ouvrir pour garder tout le Peuple de Dieu et accueillir avec affection et tendresse toute l’humanité, spécialement les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits. Finalement, à  la manière de Joseph et comme lui, le disciple du Christ est appelé à ouvrir les yeux sur ceux que Matthieu décrit dans la parabole du jugement dernier sur la charité : celui qui a faim, soif, est étranger, nu, malade, en prison. Seul celui qui sert avec amour sait garder !

Dans la seconde lecture, Paul parle d’Abraham, qui « espérant contre toute espérance, a cru ». Aujourd’hui encore devant tant d’incertitudes, sanitaires et autres, nous avons besoin de voir la lumière de l’ espérance  et de nous en donner nous-mêmes.

Ouvrir l’horizon

Garder la création, garder tout homme et toute femme, avec un regard de tendresse et d’amour, c’est ouvrir l’horizon, c’est ouvrir une trouée de lumière au milieu de tant de nuages, c’est porter la chaleur de l’espérance ! Pour nous chrétiens, comme Abraham, comme saint Joseph, celle que nous portons à l’horizon de Dieu et qui nous a été ouverte dans le Christ, est fondée sur le rocher qui est Dieu.

Garder Jésus et Marie et toute la création, veiller sur chaque personne, spécialement la plus pauvre, nous garder nous-mêmes : voici un service auquel nous sommes tous appelés afin de faire resplendir l’ espérance.

Avoir un cœur de père

Dans sa magnifique lettre apostolique Patris corde, « Avec un cœur de père », le pape François décline de belle manière la façon dont Joseph a vécu cette mission de gardien : comme un père.

Un père aimé, un père dans la tendresse, dans l’obéissance, dans l’accueil, un père au courage créatif et travailleur, un père dans l’ombre.

C’est sur dernier aspect évoqué par François que je termine mon homélie. Comme il l’écrit dans sa lettre apostolique, on ne naît pas père, on le devient. Toutes les fois que quelqu’un assume la responsabilité de la vie d’un autre, dans un certain sens, il exerce une paternité à son égard. Être père signifie introduire l’enfant à l’expérience de la vie, à la réalité. Ne pas le retenir, ne pas l’emprisonner, ne pas le posséder mais le rendre capable de choix, de liberté, de départs. Etre père c’est autre chose que d’être géniteur ! C’est sans doute la raison pour laquelle, à côté du nom de père, la tradition a qualifié Joseph de « très chaste ». Elle n’est pas une indication simplement affective, c’est   la synthèse d’une attitude qui exprime le contraire de la possession. Elle s’applique à toutes nos relations, dans l’éducation en particulier.

La chasteté est le fait de se libérer de la possession dans tous les domaines de la vie. C’est seulement quand un amour est « chaste »  qu’il est vraiment amour. Finalement, le bonheur de Joseph n’est pas d’abord dans la logique du sacrifice de soi, mais du don de soi. Lui aussi nous montre le chemin !

Amen.

L’équipe du site internet
Photos Jean-Pierre P. et Jean-Lucien G.

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