Témoin de l’espérance

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Dimanche, nous avons, à nouveau, vécu une eucharistie sans assemblée dominicale. Dans son discours de clôture de l’Assemblée plénière des évêques, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, évoquant la décision du juge des référés de ne pas demander la levée de l’interdiction des messes publiques, l’a commentée avec ces mots : « Je me dois de vous le dire : au-delà de la douleur de la privation de messe, pour moi, il est important qu’en cette affaire, le droit soit dit avec précision. C’est l’occasion de nous interroger sur la manière dont nous vivons nos messes dominicales, de nous demander comment faire de cette privation un acte d’espérance ».

 

 

L’espérance est un mot central de la foi. C’est ce que, dans sa lettre encyclique Spe Salvi du 30-11-2007, Benoît XVI rappelait : [« nous devons écouter encore un peu plus attentivement le témoignage de la Bible sur l’espérance. De fait « espérance » est un mot central de la foi biblique – au point que, dans certains passages, les mots « foi » et « espérance » semblent interchangeables »] et il poursuivait : […celui qui prie n’est jamais totalement seul. De ses treize années de prison, dont neuf en isolement, l’inoubliable Cardinal Nguyên Van Thuan nous a laissé un précieux petit livre : Prières d’espérance. Durant treize années de prison, dans une situation de désespoir apparemment total, l’écoute de Dieu, le fait de pouvoir lui parler, devint pour lui une force croissante d’espérance qui, après sa libération, lui a permis de devenir pour les hommes, dans le monde entier, un témoin de l’espérance – de la grande espérance qui ne passe pas, même dans les nuits de la solitude »].
Le cardinal François Xavier Nguyên Van Thuân (17-04-1928 – + 16-11-2002) a été reconnu vénérable le 4-07-2017. Né le 17 avril 1928 a Hué, au Vietnam, il fut ordonné prêtre le 11 juin 1953. Nommé évêque coadjuteur de Saigon le 24 avril 1975, une semaine avant la chute de la ville, il fut arrêté et mis en prison quelques mois plus tard. Il y passa treize ans, sans procès ni décision de justice, dont neuf en isolement. Il fut libéré le 21 novembre 1988. C’est au cours d’un voyage à Rome en 1991 qu’il apprit que le gouvernement ne l’autorisait plus à rentrer au Vietnam. Il finit sa vie à Rome.

En 1980, de la prison située à 15 km de Hanoï, il a écrit ces lignes qui sont considérées comme son testament spirituel : « Je me trouve dans une nouvelle étape difficile, obscure et sans fin. Ici, je rencontre aussi des passagers de la vie ; je les considère des amis, et tous les événements comme des expériences inestimables, parce que tout est grâce. Dans ma nuit peuplée de silence et de solitude, je pense à vous tous, à chacun, et je vous offre tous à Dieu. Dieu m’a donné les heures les plus belles de ma vie. Jamais prières n’avaient été plus ardentes, ni plus favorables les occasions de s’unir à l’amour de Dieu, pour manifester l’amour où il y a la haine et semer l’espérance dans le désespoir. On peut tout perdre matériellement, mais si Dieu reste on a encore tout. Dieu est Amour. L’amour m’encourage à aimer comme Dieu aime. Je n’ai plus rien. Mais chaque jour, j’offre à tous l’amour de Dieu dans le cœur de Jésus et Marie. Je suis à vos côtés, je vous aime et vous veux beaucoup de bien … Lisez mes pensées les plus intimes à la lumière de la Parole de Dieu et du Concile. Méditez, priez, travaillez, afin que votre cœur déborde d’amour et d’Espérance… ». En mars 2000, à la demande de Jean-Paul II, il fut chargé de prêcher la retraite de carême de la Curie romaine. Ses prédications « fruit » de sa dure et lumineuse expérience ont été rassemblées dans le livre : « Témoin de l’espérance ».

Nous vous invitons à lire et méditer ces passages d’un autre ouvrage : « Sur le chemin de l’espérance ». Il rassemble les écrits qu’il a rédigés, pendant son emprisonnement, sur des petits morceaux de papier : [« Dès cet instant, il est interdit de m’appeler « monseigneur, père… Je suis monsieur Van Thuận. Je ne peux plus porter aucun signe de ma dignité. Sans préavis, il m’est demandé de la part de Dieu, un retour à l’essentiel » – « Chaque matin quand tu t’éveilles, recommence ta vie dans l’enthousiasme et l’optimisme. Quels que soient les obstacles rencontrés, tu chemines avec le Seigneur sur la route d’Emmaüs : tu arriveras au but. » – « Garde le moral, même si tu éprouves de la lassitude ou de la tiédeur. Les nuages noirs s’en iront, le ciel se découvrira. Il suffit d’attendre pour que les nuages se dissipent. »]. Dans « Vivre les vertus », il nous convie à puiser en Jésus, Marie et Joseph la force de poursuivre notre « pèlerinage terrestre » pour garder en nous l’espérance.

Ces écrits nous rappellent également qu’à chaque célébration Eucharistique, nous nous nourrissons à la Table de la Parole et à celle de l’Eucharistie. Quand nous ne pouvons plus nous en approcher et que nous souffrons de ne pouvoir la vivre en communauté, rappelons-nous la recommandation de celui qui nous a laissé ces pacifiants messages d’espoir : « Dans la solitude des déserts, dans l’obscurité des prisons, tourne-toi vers tous ces autels du monde où le Christ s’offre en sacrifice ; offre-toi toi-même en sacrifice et communie par la pensée. Ton cœur débordera de courage et de réconfort ». C’est le moyen de nous unir à tous ceux qui, au nom de leur foi, sont persécutés, privés de leur liberté ou obligés de quitter leur pays. Avec eux, découvrons la communion de désir et demandons à ce qu’elle nous permette de devenir des ministres de l’espérance. C’est le moyen de lutter pour que le monde, découvre, reste ouvert à la Parole de Dieu.

 

Georgette et l’équipe du site internet.
Illustration : Couverture du livre Témoin de l’espérance

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