Méditation du 17 avril 2020

Publié le

 

Méditation, Livre de Josué 5, 1-9

Geste : Dans la construction de cette nouvelle fraternité, et de ce nouveau monde, à quoi vais-je renoncer pour mieux accueillir les autres, et pour mieux suivre le Seigneur ?

Méditation :

Rappel de l’épisode précédent : Josué et le peuple de Dieu, Qahal, ont traversé le Jourdain. Sur l’autre rive, avec 12 pierres prises dans le lit du fleuve, ils ont construit un autel afin de rendre grâce et de garder la mémoire de cette traversée rendue possible par le Seigneur.

Josué, épisode 4 : la circoncision des Hébreux. Et là, le Seigneur parle à Josué : « Fais-toi des couteaux de silex et circoncis les fils d’Israël » (Jos 5, 2). C’est tout de même étonnant : le peuple vient d’entrer en terre promise, il pourrait donc exulter et célébrer sa victoire sur les eaux du Jourdain. Au lieu de cela, le peuple guidé par Josué procède à la circoncision de tous les hommes, une opération douloureuse, même si elle est aussi un rite essentiel.

Certes, la circoncision est un rite essentiel du peuple de Dieu. Depuis le livre de la Genèse et la circoncision d’Abram, qui devient alors Abraham (Gn 17, 10), elle marque en effet l’entrée dans la communauté religieuse d’Israël. La circoncision est LE signe de l’alliance entre Dieu et son peuple, et comme une nouvelle naissance. Ainsi, avant de partir à la conquête de la terre promise, le peuple est appelé à ne pas mettre sa confiance dans sa force, mais dans le signe de l’alliance. Il ne doit jamais oublier que la victoire ne sera pas le fruit de ses exploits militaires, de ses projets les plus brillants, mais de la présence de Dieu.

Mais, la circoncision est aussi douloureuse. C’est une opération, une ablation réalisée sur le membre de reproduction de l’homme, une blessure qui s’inscrit dans l’intime de la vie de l’homme et de sa rencontre avec son épouse. L’homme, souvent conquérant et dominateur, porte dans sa chair une blessure, qui est la marque d’un renoncement.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Il n’y a pas de vie harmonieuse et respectueuse des autres si l’homme ne met pas un frein à tous ses désirs potentiellement infinis. Ce signe de la circoncision, que l’homme porte dans sa chair, dans son intimité, rappelle à l’homme qu’il n’est pas Dieu et qu’il est invité à humaniser tous ses désirs, jusqu’à sa sexualité.

L’homme est chargé de poursuivre l’œuvre de la création de Dieu. Pour cela, la Bible présente deux modèles. Le premier est celui de la Tour de Babel dans lequel l’homme développe sa toute-puissance technicienne pour construire une tour qui le débarrasse de Dieu. Le second est celui de la circoncision dans lequel l’homme doit apprendre que son humanité trouvera son plein épanouissement non dans la quête infinie de son désir de jouissance, mais en amputant sa toute-puissance pour laisser une place à l’autre, une place à Dieu, dans son histoire. La circoncision débouche en fait sur la possibilité d’une rencontre du prochain, différent de moi. Je ne peux rencontrer l’autre que si je commence par renoncer à le posséder et à le réduire à être l’objet de mon désir.

Dans la construction de cette nouvelle fraternité, et de ce nouveau monde, à quoi vais-je renoncer pour mieux accueillir les autres, et pour mieux suivre le Seigneur ? De quoi vais-je m’alléger ?

Nous vivons une crise qui nous appelle à une réforme, profonde, de notre monde. Elle ne peut se contenter de quelques changements en superficie. Le Seigneur ne veut pas « d’ajustements cosmétiques », comme dira le pape François, mais « la conversion du cœur, qui passe par le renoncement. Sortir de soi-même est la réforme fondamentale ».

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