Homélie de Mgr Stanislas Lalanne

Publié le

5e dimanche de carême – 30 mars 2020

 

Homélie de Mgr Stanislas Lalanne

Accédez à la lecture de l’Évangile de Jésus Christ selon saint Jean chapitre 11 versets 1 à 45…

Chers amis, chers frères et sœurs en Christ, en ce dernier dimanche de carême, c’est un ami de Jésus qui nous est présenté. Un ami très cher.

Nous connaissons son nom : Lazare ! En hébreu, ce nom peut signifier : « sans espoir » !

Certains d’entre nous ou autour de nous doivent bien se retrouver dans cette figure de Lazare, au cœur de cette grave crise mondiale que nous traversons :
• des personnes malades,
• certaines plus gravement atteintes luttant contre la maladie, à l’hôpital ou en EHPAD,
• des personnes en fin de vie,
• des familles, des proches, inquiets, voire angoissés et sans espoir.

Quand le Seigneur arrive à Béthanie, Lazare est mort, même si Jésus suggère qu’il est seulement endormi. Mais, en fait, il est déjà enterré ! Non seulement il est enterré mais il est lié. Des bandelettes entourent tout son corps.

Il est sans vie dans un tombeau avec une pierre devant, la mort et l’odeur de pourriture à l’intérieur. Non plus un homme mais un cadavre. Le nom de Lazare (« Sans espoir) décrit aussi l’état d’esprit de ses sœurs, Marthe et Marie !

Vous avez entendu la suite de ce récit : Jésus délivre Lazare qui reprend vie, à l’étonnement de tous.

Avec la « résurrection », ou plutôt la réanimation, de Lazare, la catéchèse qui conduit au baptême trouve son épanouissement et son achèvement. Je pense à tous les catéchumènes de notre diocèse, 139 jeunes et 143 adultes, à qui je redis toute mon affection et ma proximité.

Il y a quinze jours, dans son dialogue avec la Samaritaine, Jésus annonçait l’eau vive :
• qui jaillira en source de vie éternelle du cœur des croyants
• comme elle jaillira du cœur transpercé du Christ sur la croix.

Dimanche dernier, dans la guérison de l’aveugle-né, Jésus se désignait lui-même comme la lumière du monde, celui qui apporte l’espérance dans la nuit de l’humanité, celui qui éclaire le chemin des hommes.

Par la résurrection de Lazare, il se manifeste comme le maître de la vie et de la mort : « Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi ne mourra pas. » Des paroles tellement importantes à entendre en ces temps éprouvants !

C’est la figure de ce Sauveur, source d’eau vive, lumière du monde, vie et résurrection qui est proposée aux catéchumènes, à vous qui cheminez vers le baptême que vous recevrez, j’espère, au cours de la vigile de Pentecôte, dans vos paroisses.

C’est la figure de ce Sauveur, source d’eau vive, lumière du monde, vie et résurrection, qui nous est proposée pour revenir aux sources de la vie reçue à notre baptême. Il y a des moments où il est tellement important de se le redire les uns aux autres, de se réconforter les uns les autres !

Dieu, notre Dieu, n’est pas le Dieu des morts. Il est le Dieu des vivants. Dieu, notre Dieu, ne veut pas la mort de l’homme, pas plus qu’il n’a voulu l’extermination de son peuple.

Souvenez-vous :
• il a fait échapper son peuple à l’extermination de l’Égypte en lui faisant traverser la Mer Rouge,
• il a fait échapper son peuple à la mort de soif dans le désert et à la faim en lui donnant l’eau du rocher et la manne,
• il a fait échapper son peuple à la mort par les serpents en dressant le serpent d’airain.

Oui, Dieu ne cesse d’ouvrir les tombeaux. Il arrache l’homme au pouvoir de la mort pour l’aspirer dans le règne de la vie.

Il ne veut pas que l’homme soit anéanti, par la violence, par le mépris, par le mal, par la souffrance, par l’épreuve, par le péché. Il ne veut pas que la liberté humaine soit dominée par l’esprit du mal. Il ne veut pas que nous revenions à l’esclavage après avoir connu la liberté.

Ce qu’il veut, c’est nous faire sortir du tombeau. Non pas pour quelques mois ou quelques années, comme ce fut le cas pour Lazare, mais pour toujours.

• Comme il appelle Lazare à sortir du tombeau,
• comme il le fait apparaître encore empêtré des bandelettes qui entourent son corps,
il appelle l’humanité, toute l’humanité, à sortir de l’ombre de la mort pour resplendir de la lumière de la vie.

• Comme Lazare, nous n’avons pas encore récupéré toutes nos capacités ;
• comme Lazare, nous sommes encore empêtrés dans les liens anciens qui nous tournent vers la mort ;
• comme Lazare, nos membres sont encore attachés par des bandelettes et notre visage recouvert ;
• mais comme pour Lazare, Jésus dit : « Déliez-le, libérez-le de ses liens, rendez-lui la vie. »

Le Christ veut que nous soyons déliés de tout ce qui nous rattache encore à la mort. C’est pourquoi il a donné à son Église le pouvoir et la mission de délier l’homme du péché.

Comme Jésus le demande à Marthe, il demande à chacune, à chacun de nous, à vous qui m’écoutez, à moi qui vous parle :
• Crois-tu ?
• Crois-tu que je peux te faire vivre ?
• Crois-tu que la puissance de mon amour est plus forte que les liens du mal et de la mort ?
• Crois-tu que la délivrance jaillie du cœur du Christ est plus vaste que la culpabilité ou la faute ?
• Crois-tu que Dieu est plus grand que ton cœur ?
• Crois-tu qu’il peut te relever ?
• Crois-tu qu’il peut t’appeler et te dire : « Sors » ?
• Crois-tu que tu peux sortir ?

Cette question de la foi est évidemment la question centrale du baptême. C’est la question centrale des disciples du Christ.

Nous y serons invités à Pâques, même si nous ne pourrons malheureusement pas nous retrouver pour célébrer ensemble. Nous renouvellerons la profession de foi de notre baptême au Dieu Trinité, à ce Dieu qui est Père, Fils et Esprit.

Ce renouvellement de la profession de foi, nous sommes invités à la préparer par notre contemplation du Christ, la Résurrection et la Vie.

Renouvellement de notre profession de foi en la capacité du Christ à nous délier de tout ce qui nous retient au tombeau. Renouvellement de notre profession de foi dans la puissance du Christ qui nous libère.

Telle est la question de confiance que la terrible épreuve traversée nous oblige encore plus intensément à nous poser :
• Qu’allons-nous devenir ?
• Allons-nous devenir des morts ?
• Ou bien la foi nous introduit-elle pour toujours dans la Vie ? « Celui qui croit en moi ne connaîtra pas la mort, même s’il meurt », affirme Jésus.

En ces derniers jours qui nous séparent de Pâques, de la fête de la Résurrection, prions le Seigneur : qu’il ravive en nous la conviction que Dieu, notre Dieu, ne veut pas la mort du pécheur mais sa conversion et sa vie.

Que cette certitude ouvre nos cœurs pour accueillir la miséricorde et le pardon de Dieu, pour accueillir la Vie. Que cette certitude nous conforte les uns et les autres. Amen.

Amen.

29 mars 2020
Source : www.catholique95.fr

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean chapitre 11 versets 1 à 45

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En ce temps-là, il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade.

Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »

Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. »

Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil. Alors il leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »

À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –, beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère.

Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. »

Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »

Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer.

Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »

Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre.

Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. »

Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! »
Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. »

Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

— Acclamons la Parole de Dieu.
— Louange à Toi Seigneur Jésus !

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