Homélie du 25 mars 2020 – Annonciation du Seigneur

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Accueil du Père Edouard George

Au nom du Père et du Fils et du saint Esprit. Amen.
Le Seigneur soit avec vous. Et avec votre esprit.
L’Église fête aujourd’hui l’Annonciation du Seigneur. C’est une fête où nous célébrons Jésus Christ aux jours de sa conception, neuf mois avant sa naissance, neuf mois avant Noël. Voilà que Marie reçoit la visite de l’ange Gabriel et elle va devenir celle qui va enfanter le Sauveur du monde.
Alors nous avons un peu décoré la chapelle aujourd’hui. Vous avez vu peut-être beaucoup de décorations parce que nous avons voulu célébrer cette messe pour les jeunes de MP3, avec les jeunes de MP3. Et je voulais vous le dire au nom de mes frères prêtres : « Vous nous manquez ! Vous nous manquez beaucoup ! » Et c’est pourquoi avec vous nous allons prier parce que nous sommes unis par les liens de la prière.
Que Marie nous mène tous à Jésus !

Le Seigneur soit avec vous. Et avec votre esprit !

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (1, 26-38)

En ce temps-là,
l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu
dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
à une jeune fille vierge,
accordée en mariage à un homme de la maison de David,
appelé Joseph ;
et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit :
« Je te salue, Comblée-de-grâce,
le Seigneur est avec toi. »
À cette parole, elle fut toute bouleversée,
et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit alors :
« Sois sans crainte, Marie,
car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ;
tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand,
il sera appelé Fils du Très-Haut ;
le Seigneur Dieu
lui donnera le trône de David son père ;
il régnera pour toujours sur la maison de Jacob,
et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange :
« Comment cela va-t-il se faire,
puisque je ne connais pas d’homme ? »
L’ange lui répondit :
« L’Esprit Saint viendra sur toi,
et la puissance du Très-Haut
te prendra sous son ombre ;
c’est pourquoi celui qui va naître sera saint,
il sera appelé Fils de Dieu.
Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente,
a conçu, elle aussi, un fils
et en est à son sixième mois,
alors qu’on l’appelait la femme stérile.
Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors :
« Voici la servante du Seigneur ;
que tout m’advienne selon ta parole. »
Alors l’ange la quitta.

– Acclamons la Parole de Dieu.

 

Homélie du Père Edouard George

Les événements récents que nous sommes en train de traverser nous invitent à relire ce récit de l’annonciation d’une manière nouvelle et à nous poser trois questions.

D’abord la première question : quel motif l’ange Gabriel a-t-il mis sur son attestation de déplacement dérogatoire quand il est allé trouver la vierge Marie ?
Alors est-ce qu’il a mis : déplacements entre le domicile et le lieu d’exercice de l’activité professionnelle lorsqu’ils sont indispensables à l’exercice d’activités ne pouvant être organisées sous forme de télétravail ? Oui, sans doute, mais si nous lisons un peu plus loin : déplacement pour effectuer des achats de première nécessité dans des établissements autorisés. Je ne crois pas.
Déplacement pour motifs de santé. Alors là peut-être la santé du monde, le salut du monde est en jeu. Donc il peut hésiter entre ces deux motifs.
Déplacement pour motif familial impérieux. Alors là aussi évidemment le fils de Dieu, c’est le fils de Dieu qui vient sur terre. L’aîné d’une multitude d’enfants, de frères et de sœurs. Donc motif familial impérieux.
Déplacement bref à proximité du domicile liés à l’activité physique individuelle des personnes, etc. Je crois que ça ne concerne pas les anges. Ils n’ont pas beaucoup, je pense, de loisirs et d’activités physiques individuelles.
Donc finalement premier ou troisième. Peut-être quatrième ? Alors je vous laisse choisir parce qu’en fait sous cette question anodine il y a évidemment une question qui peut nous occuper toute la vie : pourquoi l’ange Gabriel est venu trouver Marie ? Pourquoi le fils de Dieu s’est fait homme ? C’est une question que l’on peut méditer pendant très longtemps parce que dans cette question il y a finalement le sens de cet amour de Dieu, de cette miséricorde de Dieu qui veut rejoindre l’humanité.

Deuxième question : est-ce que l’ange Gabriel a bien respecté les gestes barrière ?
C’est vrai, quand il est arrivé auprès de Marie, il fallait qu’il respecte ses gestes barrières comme chacun d’entre nous. Alors oui, oui l’ange Gabriel a bien respecté les gestes barrière. Les témoignages des peintres est unanime si vous regardez cette image de Fra Angelico, vous voyez : la distance entre Marie et Gabriel est bien supérieure à un mètre.
Et puis il n’y a aucun témoignage dans l’histoire du fait que l’ange ait éternué, parce qu’un ange ça n’éternue pas.
Alors ces gestes barrières encore une fois qui nous occupent, qui occupent notre quotidien, ils sont importants aussi pour Dieu parce que quand il envoie l’ange Gabriel auprès de Marie, eh bien Dieu n’est pas envahissant. Bien sûr il se fait proche de l’humanité, mais il respecte sa créature, il respecte profondément la liberté de Marie.
Et donc c’est comme ça qu’on peut comprendre cette distance entre l’ange et Marie : le respect de la liberté de Marie. Marie n’est pas envahie par Dieu. Elle n’est pas complètement fusionnée avec Dieu, au contraire, elle reste une créature totalement libre. Libre de son OUI.
Et on regarde dans le récit de l’annonciation qui nous occupe aujourd’hui comment Marie reste profondément humaine est libre. D’abord elle est troublée, elle est totalement bouleversée, elle est remuée au fond d’elle-même. Ce qui est la marque d’une créature libre. Ensuite, elle s’interroge et se demande ce que signifie la salutation de l’ange. Enfin, elle interroge l’ange lui-même, lui demande : « Mais comment tout cela va-t-il se faire ? comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »
On voit donc une personnalité tout à fait humaine, tout à fait entière, qui montre comment Dieu respecte et suscite cette liberté de Marie.
Alors nous aussi évidemment nous avons droit d’être bouleversés et déconcertés par tout ce qui se produit. C’est aussi un peu comme Marie qui est placée dans une situation totalement inattendue, quand tous ces plans sont bouleversés, quand tout est sens dessus-dessous. Eh bien, c’est la même chose pour nous.
Nous nous demandons comme Marie, nous sommes bouleversés et nous nous interrogeons : « Qu’est-ce que cela signifie ? qu’est-ce que le Seigneur attend de moi ? qu’est-ce qu’il veut faire ? » Et nous ne devons pas avoir peur, comme Marie, de ne pas savoir. De ne pas savoir comment nous y prendre, de ne pas savoir comment réagir, d’être touchés d’avoir, des émotions fortes… C’est normal !
Comme Marie, parce que nous sommes nous aussi des créatures libres et que le Seigneur respecte d’une certaine manière cette distance entre lui et nous. Il nous laisse un espace pour vivre, habiter ces questions, vivre ces questions qui nous rendent plus vrai et plus humains, plus libre aussi.

Troisième question capitale également : et si l’ange avait été arrêté par la police ? s’il n’avait pas réussi à porter ce OUI de Marie jusqu’à Dieu ? Eh bien évidemment, il y aurait eu un problème.
Dieu avait besoin d’entendre le OUI de Marie. Dieu a besoin d’entendre notre OUI à nous aussi.
Bien sûr nous pouvons être bouleversés, nous pouvons nous questionner par cette situation inédite, mais nous pouvons aussi pressentir comme Marie qui porte en elle — par son OUI — le Sauveur du monde. Nous pouvons pressentir que quelque chose de nouveau est en train de naître et que Dieu ne va pas le préparer sans nous.

Et je m’adresse en particulier aux jeunes : un monde nouveau est en train de naître et de germer, comme le Sauveur qui par le OUI de Marie va naître dans son sein. Un monde nouveau est en train de naître, mais Dieu le prépare avec nous et ne le prépare pas sans nous. Dieu a besoin d’entendre notre OUI à cette situation vivante, situation inédite, situation sans doute bouleversante et douloureuse, exigeante parce que nous ne savons pas bien toute la promesse de vie quelle recèle. Nous ne connaissons pas encore la fécondité de notre OUI mais le seigneur l’attend. Un OUI exigeant qui va coûter, comme celui de Marie, mais un OUI plein de promesses.
Un bel avenir est en train de se préparer, voilà ce que nous dit aussi le Seigneur ces jours-ci. Seigneur, qu’attends-tu de nous ? qu’attends-tu de nous et que veux-tu nous dire, comme tu as parlé par la voix de l’ange à Marie ? comment pouvons-nous servir aujourd’hui ton projet d’amour ? Donne-nous cette confiance, cette audace, ce risque de la foi que Marie, ta servante, a si bien montré.
Donne-nous de dire OUI comme Marie.

Ce soir, vous le savez peut-être, les évêques de France nous invitent à vivre un intense moment de communion à 19h30. À 19h30 ce soir, jour de l’annonciation, des églises de toute la France vont sonner leurs cloches. Nous le ferons aussi dans les églises, les trois églises qui ont des cloches dans notre groupement paroissial : Saint-Joseph d’Enghien, Saint-Gratien de Saint-Gratien et puis Saint-Ferdinand d’Argenteuil. Et à ce moment-là vous êtes invités — nous sommes tous invités — à prier le chapelet : donc à faire au moins une dizaine de chapelet aux intentions du monde pour demander au Seigneur de de soutenir dans cette lutte contre la pandémie. Et puis aussi, si vous le souhaitez et c’est un beau geste, mettre une bougie à votre fenêtre qui témoignera de notre espérance et de notre communion. Voilà toutes ces bougies qui dirons notre espérance et notre foi à 19h30 ce soir.

Moi je vais vous donner la bénédiction en pensant particulièrement aux jeunes, en bénissant les jeunes, en bénissant aussi vos familles, vos parents et vos enseignants.

Le Seigneur soit avec vous. Et avec votre esprit !
Et que Dieu tout puissant vous bénisse. Le Père, le Fils et le Saint Esprit.
Amen.

Notre Dame de Pontoise, priez pour nous !

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