Oh ! mon Eglise !

Publié le

 

Le chrétien se sentira mal à l’aise dans l’Eglise, s’il l’endosse comme un prêt-à-porter. Tant qu’il ne cherche pas à se mettre à la mesure de l’Eglise, il s’y trouvera ou flottant ou à l’étroit. Or la vraie mesure de l’Eglise est celle de Dieu fait fomme, son mystère n’est que le prolongement du mystère de l’Incarnation …

 

Le chrétien n’est pas un transhumant qui s’éloigne de l’Eglise à l’automne pour la retrouver au printemps ; il est l’homme des quatre saisons qui s’interpénètrent dans le temps et dans l’espace, l’homme qui garde le sens de l’histoire et de la géographie de l’Eglise : aucun lieu, aucune époque n’épuise la vie de l’Eglise.

 

Certes, le corps de l’Eglise est plein de cicatrices et de prothèses. Certes les oreilles de l’Eglise sont pleines du chant du coq qu’entendit le pauvre Pierre. Certes, le carnet de l’Eglise est plein de rendez-vous manqués.

 

Pauvre et sainte Eglise, clouée au pilori de l’opinion publique ! Elle n’a jamais reçu autant de lettres ouvertes ou anonymes. On n’a jamais autant disserté sur elle, alors que bien des générations chrétiennes ont simplement vécu en elle, sans raffinement d’analyses, sans supputation de sondages.

 

L’Eglise s’efforce d’inscrire la trace de l’Evangile dans les pérégrinations des hommes d’aujourd’hui. Plus elle épouse son temps, plus elle doit faire émerger sa figure originale…

 

L’Eglise sera jugée sur le courage avec lequel elle remplit son rôle de sentinelle de l’Evangile… Une Eglise qui n’a plus rien à dire de ce que l’homme peut apprendre de lui-même devient vite insignifiante.

 

La seule chance de l’Eglise est d’être vraiment Eglise, uniquement Eglise, cet espace de liberté spirituelle où tout homme est capable de goûter l’absolu de Dieu, cette « réserve du cœur » dans laquelle tout homme se sait reconnu, non étiqueté, pardonné, aimé follement.

 

Cardinal Roger Etchegaray (1922 – + 2019)

 

 

 

Plus de lecture...