L’ascension du Christ de Salvador Dali (1904-1989)

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L’ascension a lieu quarante jours après Pâques. Ce nombre se retrouve à plusieurs reprises dans la Bible : Le déluge dure quarante jours, Moïse se retire dans la montagne pendant quarante jours, Jésus se retire dans le désert pendant quarante jours et après sa résurrection ce sera celui de la durée de son séjour avec ses disciples avant de retourner dans la demeure du son Père. Symboliquement il représente le remplacement d’une période par une autre ou bien la durée d’une génération. Pour le déluge, il marque le temps du passage à une humanité nouvelle ; le séjour de quarante ans des Israélites dans le désert marque celui nécessaire pour que la génération infidèle soit remplacée par une autre et celui du Jeûne de Jésus dans un lieu désertique le passage de la vie privée à la vie publique.

 

Le peintre surréaliste Salvador connu pour ses extravagances a proclamé son retour au catholicisme dans les années cinquante. Il réalise alors une série de tableaux comme le célèbre et très beau Christ de St Jean de la Croix du Musée de Glasgow qui se penche vers le monde.

 

 

Le tableau l’Ascension du Christ est une huile sur toile peinte en 1958. Il fait parti de la collection privée de Perez Simon (Mexico). Cette œuvre serait issue d’un rêve que le peintre aurait eu en 1950, où l’image du Christ unifiant l’univers par sa mort et sa résurrection jaillit de la vision du noyau d’un atome.

Dans l’iconographie, les peintres représentent l’Ascension à la verticale. Ici, elle est vue différemment. Le corps musclé du Christ est placé au centre d’un cercle transparent survolé par la colombe de l’Esprit Saint (symbole de son retour vers le Père). Son visage est invisible selon l’un des principes du Dali (qui sans doute se référait au principe de l’Eglise primitive qui en interdisait la représentation). En dessous, le cercle du noyau est constitué d’une multitude de petites boules le faisant ressembler à une fleur de tournesol. Cette lumineuse fleur jaune est hautement symbolique puisqu’elle s’oriente d’elle-même vers l’Est afin de suivre le soleil ; sa tige se courbe en fonction de la position de l’astre comme pour en capter chaque rayon jusqu’à la tombée de la nuit. Les doigts recroquevillés du crucifié enserrent la totalité de l’univers rassemblée par sa mort et sa résurrection.

 

 

Au sommet du tableau, la Vierge, sous les traits de son épouse Gala, pleure encore la Passion de son fils.

 

 

Une ligne d’horizon très basse laisse apparaître un paysage maritime, probablement celui du Port de Ligat où vivait Dali.

Ce tableau témoigne de l’ébranlement que fut pour Dali l’explosion atomique d’Hiroshima le 6 Août 1945 et de sa vénération pour Marie. Sa composition crée un jeu de profondeur. La couleur jaune sur fond sombre éclaire le tableau et le rend chaleureux. Telle une lumière dans la nuit, Dali a voulu ici s’attacher à « prouver l’unité de l’univers en montrant la spiritualité de toute substance ».

Ses tableaux d’inspiration mystique sont révélateurs de sa quête spirituelle. Il avait écrit : « Le Ciel, voilà ce que mon âme éprise d’absolu a cherché tout au long d’une vie qui a pu paraître à certains confuse et, pour tout dire parfumée au soufre du démon. Le Ciel ! Malheur à celui qui ne comprendra pas cela. […] Le Ciel ne se trouve ni en haut, ni en bas, ni à droite, ni à gauche, le Ciel est exactement au centre de la poitrine de l’homme qui a la Foi. […] A cette heure je n’ai pas encore la Foi et je crains de mourir sans Ciel ».

 

Georgette

Sources : La Croix (Mai 2010) – Collège Gustave Doré (fiche Arts, mythes et religions)

 

 

 

 

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