Homélie 6ème dimanche de Pâques

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« C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27).

Le signe de la présence de Dieu, c’est la paix. Le signe de l’Esprit Saint en nous, c’est la paix. Le signe de la vérité, c’est la paix. Mais de quelle paix parlons-nous ? Il y a paix et paix.

Une paix qui passe, une paix qui s’évanouit, une paix qui disparait, ce n’est pas la paix de Jésus. C’est la paix du monde.

  • La paix du monde est conditionnée et conditionnelle. Elle est liée à la richesse, à la santé, à tel ou tel succès, à telle ou telle relation. Tant que je suis en bonne santé, c’est facile d’avoir la paix. Mais lorsque j’ai un problème de santé, lorsque j’ai un mal de tête, un mal d’estomac, lorsque j’ai un petit accident ou un gros accident, alors je perds la paix. Ce n’était pas la paix de Jésus. C’est une paix conditionnée par la santé.
  • Attention, c’est normal d’être touché par une affaire comme ça, comme par un ennui de santé ou un accident. Mais en même temps si ça dure, si je suis complètement écrasé, ébranlé, catastrophé pour des jours, pour des mois, c’est que ma paix n’est pas la vraie paix de Jésus.
  • Vous allez me dire: « mais vous nous demandez quelque chose d’impossible, est-ce qu’on peut garder la paix, quand les choses ne vont pas bien ? » Je dis : « c’est cela précisément la paix de Jésus, une paix inconditionnelle, qui n’est pas lié à ce que j’ai, à ce que je suis, de savoir qu’on m’aime ou qu’on m’aime pas, que j’ai réussi ou que j’ai pas réussi ». Peut-on avoir cette paix ? Jésus nous dit : « oui ». C’est « cette paix que je vous laisse, que je vous donne ».

 

Pour vous aider à comprendre, je voudrais distinguer deux niveaux en nousle niveau superficiel, extérieur, et le niveau intérieur, profond.

  • Il est tout à fait normal, qu’au niveau superficiel et extérieur nous soyons affectés par tout ce qui nous arrive. C’est normal, nous ne sommes pas des blocs de pierre, nous sommes des êtres de chair et de sang, de cœur et de sensibilité. Être affecté par tout ce qui arrive à nous et aux autres est tout à fait normal et sain.
  • Mais le fond du fond de notre cœur, de notre âme, de notre être, ne doit pas être atteint, perturbé par ce qui arrive à la surface. Et cela suppose de prendre de la distance entre la surface et le fond. C’est un art. Que ce qui se passe à la surface, reste à la surface et que je puisse me regarder en disant : « oui tu es troublé, oui tu es agacé, oui tu es écrasé, OUI. Mais tout cela se passe à la surface de moi. Et mon être profond demeure dans une paix inaltérable ».

 

Comment garder cette paix indéracinable, inébranlable ? Deux choses :

La première est de savoir que tout tourne au bien de ceux qui aiment Dieu, que tout tourne au bien de ceux que Dieu aime.

  • Quoiqu’il arrive, si je le confie au Seigneur, le Seigneur en fera un bien, même si c’est un mal. Vous allez me dire : « il est capable ? » – « Oui, parce que c’est le Seigneur, il est capable ». – « Mais c’est un mal ». Oui !
  • Souvenez-vous de Joseph, le dernier fils de Jacob et le préféré de Jacob. Ses autres frères étaient jaloux de lui, et ils ont commis un mal : ils ont vendu leur frère à des marchands égyptiens et ont dit à leur père qu’il était mort tué par des bêtes sauvages. Mais Dieu en a tiré un bien : car lorsque la famine frappait toute la terre, en Egypte grâce à Joseph les greniers étaient pleins, et Joseph a pu ainsi sauver la vie de toute sa famille. A tel point qu’il dira à ses frères qui au départ ne le reconnaissaient pas : « Je suis Joseph, votre frère, c’est moi que vous avez vendu aux Égyptiens. Maintenant, n’en soyez pas tristes, (…) car Dieu m’a envoyé ici en avant de vous pour vous sauver la vie. » (Gn 45, 4-5).
  • Sur la croix, Jésus-Christ fait prend le mal du péché qui le crucifie et il en tire un bien, en lui nous avons la vie éternelle. Dans la création, Dieu tire l’être, l’existence de rien, du néant, et sur la croix, il prend le mal, le péché, ce qui est mauvais, ce qui est par nature mauvais, il l’assume, et il en tire un bien. Dieu renouvelle sans cesse les choses.
  • « Envoi ton esprit et tu renouvelleras la face de la terre ». L’esprit est sans cesse à l’œuvre pour se saisir du mal en nous et autour de nous et en faire un bien. Ça c’est la grande consolation. Tout, tout, absolument tout, s’il est confié au seigneur dans la foi et l’espérance, peut devenir un bien, un bien supérieur à ce que nous aurions rêvé. Tout tourne au bien de ceux qui aiment Dieu, même le péché ajoute saint Augustin. Confiance totale en Celui qui peut tout. Voilà un premier point pour conserver la paix.

 

Un deuxième point qu’on trouve dans l’épître de saint Jean : « si ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur et il sait tout » (1 Jn 3, 20).

  • J’ai péché, et alors mon cœur me condamne, mon cœur me juge. C’est la culpabilité et les remords. Je vis un véritable cauchemar. J’ai mal fait. Oui tu as mal fait. Mais « si ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur », ah, oui, « et il sait tout », ah. Et alors ? Confie-lui tes péchés.
  • La résurrection que nous fêtons depuis quelques semaines c’est cela. La mort a été terrassée, le péché a été supprimé, Satan a été enchainé, et c’est le triomphe de la vie sur la mort, et c’est le triomphe de l’amour sur la haine, et c’est le triomphe de la grâce sur le péché. C’est ça la résurrection, il ne s’agit pas simplement d’une réalité plus ou moins théorique, il s’agit d’une réalité qui concerne notre vie.
  • La résurrection nous dit que tout peut recommencer, tout peut reprendre, tout peut renaitre. A partir de cette conviction, enracinée dans la foi, on peut vivre cette paix inaltérable, cette paix que personne ne peut nous enlever. Et on vit en même temps la joie de la résurrection. Et cela représente une transformation radicale de notre vie. La foi est la meilleure façon de guérir, si on peut parler ainsi, la foi est le chemin de la vie.

 

Demandons au Seigneur d’enraciner en nous cette foi en la résurrection pour qu’elle devienne opérationnelle dans notre vie, et nous maintienne dans une paix et une joie que rien ne pourrait nous ravir.

 

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