Le sang de l’alliance

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Les lectures de ce dimanche du Saint Sacrement font référence au sang de l’alliance. Une occasion pour nous d’approfondir le sens de cette expression.

Dans l’Antiquité, la propitiation (acte d’offrir à un dieu ou à une divinité un sacrifice par le sang afin d’obtenir « leurs bonnes grâces » ou le pardon des fautes) pouvait être faite par une offrande humaine (souvent des enfants) ou animale. Mais dans la Bible, le sacrifice humain n’est plus toléré. C’est ce que nous révèle l’histoire d’Abraham et d’Isaac : [L’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! ». L’ange lui dit « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu …Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson.Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils»] (Gn 22 12,13). Seul est donc consenti l’offrande animale offerte en holocauste (sacrifice où la victime, un animal tel que veau, agneau …, est entièrement brûlé, détruit). Ce texte nous fait découvrir que, ce qui compte pour Dieu, la seule offrande que nous pouvons lui faire, c’est notre aspiration à la transcendance, notre profond désir de lui obéir et de le servir. Il faut également comprendre qu’à cette époque, pour le peuple Juif, l’âme est liée au sang et que ce qui est traduit par âme vient de l’Hébreu « Nephesh » qui signifie à la fois : ce qui respire, le souffle, l’être intérieur mais aussi celui qui est vivant par le sang. Avec Abraham, Dieu met en place le salut de l’humanité !

Dans la 1ere lecture, il faut souligner que Moïse commence par rapporter au peuple les paroles du Seigneur : « Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles du Seigneur et toutes ses ordonnances. Tout le peuple répondit d’une seule voix : « Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique »(Ex 24, 3).Vient ensuite les prescriptions rituelles de propitiation qui seront reprises en Exode 30, 10 : « Aaron accomplira le rite d’expiation sur les cornes de l’autel, une fois par an. Il le fera avec le sang du sacrifice pour la faute, … lors de la fête du Grand Pardon, de génération en génération. Ce sera une chose très sainte pour le Seigneur ».  De ce rite purificateur ancien, avec autel sacrificiel aspergé avec du sang, pierres dressées…, Moïse a voulu en donner un sens nouveau : ce n’est pas le sacrifice en lui-même qui compte pour Dieu ; le plus important c’est l’Alliance, le respect de la Loi et la fidélité à Sa parole.Ce texte offre des similitudes avec le récit de la cène (les douze pierres représentent les douze tribus d’Israël mais sont aussi la préfiguration des douze apôtres. Il nous prépare à la nouveauté de ce qui va suivre dans l’évangile de Marc.

Le Christ, fidèle à la Loi Juive partage le repas rituel de Pessah (la Pâque ; il comprend le partage du pain sans levain et de la coupe de vin qui est bue par les convives après la prière traditionnelle [« …Ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous et il leur dit : « Ceci est mon sang,le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis, je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu »] (Mc 14, 23-25). Lorsque, après avoir chanté les psaumes traditionnels de cette fête, Jésus et ses disciples partent pour le Mont des Oliviers, nous pouvons imaginer leur stupéfaction, leur totale incompréhension : pourquoi a-t-il comparé le partage de la coupe de vin à une coupe pleine de son sang ?Quand on sait que les prescriptions à ce sujet étaient très strictes, (interdiction de manger une viande non vidée de son sang, de le toucher…), nous pouvons imaginer leur perplexité ! Or, si nous poursuivons la lecture de cet évangile, nous comprenons que la coupe dont il s’agit est celle du sacrifice du Christ qui offre sa vie pour la purification définitive du péché originel. Lorsqu’un animal était offert en sacrifice, le sang qui coulait de ses blessures le conduisait à la mort. Il en sera de même pour Jésus ! Or comme le dit St Paul : « Le salaire du péché c’est la mort ! mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle… »(Rm 6, 23). Par cette parole, ce que Jésus annonce, c’est l’accomplissement de la volonté de Dieu qui désire que tout homme vienne à Lui et consente à être sauvé : « …il n’y a qu’un Seul Dieu ; il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme le Christ Jésusqui s’est donné lui-même en rançon » (1 Ti 2, 5-6). Par sa mort librement consentie, il offrira à l’humanité la vie éternelle, celle qui consiste à connaître Dieu en vérité : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu … ». (Jn 17, 3)  

Cette nouvelle alliance promise à la multitude (c’est-à-dire au monde) se résume par un unique « contrat » exigeant : « … Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là » (Mc 12, 30-31). Pour le vivre véritablement et vivre cette communion fraternelle, nous avons besoin de nous nourrir spirituellement aux deux tables :celle de la parole (nous devons écouter attentivement, « boire » les paroles du Christ)  et celle de l’Eucharistie (nous devons ne faire plus qu’un avec Lui). Peu importe si nous ne comprenons pas tout ! En cette fête de Son Corps et de Son Sang, il est important de nous laisser saisir par la beauté de la liturgie (la musique, les chants, les textes), et de laisser l’Esprit Saint nous conduire pour découvrir que par l’Eucharistie, c’est « le sang », donc la vie du Christ, qui coule en nos veines et nous rend  pleinement vivant !

Georgette

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