Samedi saint, le jour du grand silence.

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Les premiers chrétiens faisaient de ce jour, un jour de jeûne absolu, non pénitentiel.

Cependant, il était festif car il exprimait le désir d’ être comblé par la résurrection du Christ.

C ‘est pourquoi il ne s’ agit pas de combler ce manque par des choses à faire, à préparer :

  • mais d’ accepter ce vide, cette absence qui nous permettent de mesurer l’ importance de « ce retour à la vie.»

C’ est pourquoi nous devons  :

  •  méditer les actes et les paroles du Christ car ils nous redisent en quoi et en qui nous avons mis notre espérance.

Aussi, au moment même où notre monde vit dans l’ angoisse, en ce jour de l’ absence, relisons et approfondissons  :

  •  ces  extraits d’ une méditation du pape Benoît XVI devant le Saint Suaire de la cathédrale de Turin.

« Le mystère du Samedi Saint »

Aujourd’ hui, un grand silence enveloppe la terre. Un grand silence et un grand calme parce que le Roi dort…

Dieu s’ est endormi dans la chair, et il réveille ceux qui étaient dans les enfers » (Homélie pour le Samedi Saint, PG 43, 439).

Voilà qui éclaire ce que nous professons dans le Credo. Jésus Christ, crucifié sous Ponce Pilate :

« Est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers. Le troisième jour est ressuscité des morts »…

Dieu est mort !

Après avoir traversé le siècle dernier, l’ humanité est devenue particulièrement sensible au mystère du Samedi Saint.

Dieu caché fait partie de la spiritualité de l’ homme contemporain, de façon existentielle, presque inconsciente, comme un vide dans le cœur qui s’ élargit toujours plus.

Vers la fin du XIX siècle, Nietzsche écrivait: « Dieu est mort ! Et c’ est nous qui l’ avons tué! ».

Cette célèbre expression est, si nous regardons bien, prise presque à la lettre par la tradition chrétienne :

Après les deux guerres mondiales, les lager (les camps), les goulag, Hiroshima et Nagasaki,

  • notre époque est devenue, dans une mesure toujours plus grande, un Samedi Saint.

L’ obscurité de ce jour … nous interpelle, nous croyants puisque : 

  • Nous aussi nous avons affaire avec cette obscurité.

Mais la mort du Fils de Dieu, de Jésus de Nazareth a cependant :

  • un aspect opposé, totalement positif, source de réconfort et d’ espérance
  • car le Saint Suaire se présente comme un document « photographique », doté d’ un « positif » et d’ un « négatif ».

Et c’ est précisément le cas puisque :

  • Le mystère le plus obscur de la foi est, dans le même temps, le signe le plus lumineux d’ une espérance qui ne connaît pas de limite. Aussi le Samedi Saint est-il une « terre qui n’ appartient à personne », entre la mort et la résurrection.

Mais dans cette  « terre qui n’ appartient à personne » :

  • est entré l’ Un, l’ Unique. Il la traversa avec les signes de sa Passion.

 Jésus Christ « est descendu aux enfers », que signifie cette expression ?

Elle signifie que Dieu en prenant notre condition humaine, est entré dans la solitude extrême et absolue de l’ homme :

  • là où n’ arrive aucun rayon d’ amour, où règne l’ abandon total sans aucune parole de réconfort : « les enfers ».

Jésus Christ, demeurant dans la mort, a franchi la porte de cette ultime solitude pour nous guider à la franchir avec Lui…

Comme lui, nous pouvons ressentir une terrible sensation d’ abandon…

Ce qui nous fait le plus peur dans la mort, est précisément cela :

  • comme des enfants, nous avons peur de rester seuls dans l’obscurité et seule la présence d’ une personne qui nous aime peut nous rassurer.

C’ est  ce qui arriva le jour du Samedi Saint. Mais l’ impensable eut lieu :

  •  c’ est-à-dire que l’ Amour pénétra « dans les enfers ».

Il nous dit que, dans l’obscurité extrême de la solitude humaine la plus absolue, nous pouvons cependant :

  • écouter une voix qui nous appelle, trouver une main qui nous prend et nous conduit au dehors. Alors, il me semble qu’ en regardant ce saint linceul avec les yeux de la foi, nous pouvons percevoir quelque chose de cette lumière puisque le Saint-Suaire immergé dans cette obscurité profonde est dans le même temps lumineux.

Et je pense que si des milliers et des milliers de personnes viennent le vénérer, sans compter celles qui le contemplent à travers les images c’ est :

  • parce qu’ en lui, elles ne voient pas seulement l’ obscurité mais également la lumière.
  • Elles n’ y voient pas l’ échec de la vie et de l’ amour mais la victoire, celle de la vie sur la mort, de l’ amour sur la haine.
  • Elles y voient bien la mort de Jésus, mais elles y entrevoient sa Résurrection.

Désormais, même au sein de la mort bat à présent la vie, car l’ amour y habite. Tel est le pouvoir du Saint-Suaire …»

Georgette

Source : Méditation du pape Benoît XVI devant le Saint-Suaire (dimanche 02 mai 2010). Visite pastorale à Turin –

Illustrations : Photos Jean-Lucien G. – Le Christ dans les limbes de Fra Angelico ( Fresque de 1441 – Musée de San Marco à Florence – Domaine Public).

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