Un article, concernant le déclin des populations d’oiseaux en Europe, vient de paraître récemment dans la revue américaine Pnas (Proceeding of the National Académy of Sciences).
C’ est pour nous l’ occasion de nous intéresser aux raisons de cette baisse importante mais aussi de nous interroger sur ce que nous apprennent les oiseaux dans la Bible.
Quelles sont les raisons de ce déclin ?
Vincent Devictor, chercheur au CNRS, coauteur de cette étude, y donne quelques résultats après avoir suivi l’évolution de 170 espèces dans 28 pays.
Le nombre d’oiseaux a décliné de 25 %, soit 800 millions de moins, 20 millions de moins par an
Aujourd’ hui, les agriculteurs se retrouvent enfermés dans un modèle de production industriel délétère qui ne permet pas le maintien de la vie sauvage.
En effet, la polyculture-élevage favorisait la biodiversité. Or, elle est en voie de disparition.
En conséquence, il y a moins d’arbres, de bosquets et de haies pour les oiseaux.
Les effets néfastes d’une agriculture intensive
L’usage de pesticides et d’engrais est, nous le savons, néfaste pour les agriculteurs.
Le 30 Juin 2021, un rapport de l’ Inserm rendait ses conclusions sur les effets de pesticides sur la santé.
A la précédente version, de 2013 (maladie de Parkinson, différentes formes de cancers) s’ ajoutent :
- les troubles cognitifs, la BPCO (une pneumopathie chronique), la bronchite chronique, les leucémies, cancers du système nerveux central ainsi que des troubles anxio-dépressifs, la maladie d’Alzheimer, l’asthme, les pathologies thyroïdiennes …
De surcroît, la toxicité de ces produits est également nuisible pour les oiseaux puisqu’ ils réduisent :
- l’abondance des insectes, intoxiquent les oiseaux granivores et polluent les nappes d’eau souterraines et de surface.
Sur la période, 57 % des oiseaux vivant dans les milieux agricoles ont disparu. Le bruant ortolan a même décliné de 93 % !
De surcroît, les oiseaux agricoles ne sont pas les seuls touchés.
En effet, certaines espèces forestières se nourrissant d’ insectes comme le gobe-mouches gris ont vu leur population décroître.
Comment lutter contre le déclin de la population des oiseaux ?
Cette lutte passe par une limitation importante des produits phytosanitaires (notamment les insecticides).
En conséquence, la profession agricole fait des efforts avec la rotation des cultures ainsi que le changement de pratiques agronomiques.
D’ailleurs, la consommation de ces produits a chuté de 20 % en 2022. De plus, elle est aussi en train de restaurer les haies et bosquets.
Une prise de conscience collective
Les activités agricoles ne sont pas uniquement la cause de la disparition des oiseaux. Toutes les activités humaines, quelles soient urbaines ou industrielles y contribuent aussi.
C’est d’ailleurs le cas de la pollution lumineuse puisqu’elle augmente dans le monde entier.
Plus de 80% de la population mondiale vit sous un « ciel éclairé », un chiffre plus proche de 99% en Europe et en Amérique du Nord.
Or celle-ci est une menace pour de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs.
De fait, en modifiant les rythmes naturels de la lumière et de l’obscurité, elle entraîne la mort de millions d’entre eux.
Or, tous les oiseaux jouent un rôle majeur au sein de la biodiversité puisqu’ils consomment des insectes nuisibles à l’agriculture.
De plus, ils disséminent des graines pour la reforestation et la pollinisation des plantes.
Les oiseaux dans la Bible : que nous apprennent-ils ?
La bible nous parle des oiseaux. C’est le cas des psaumes : « Les oiseaux séjournent près d’elle : dans le feuillage on entend leurs cris » (Ps 103, 12)
« … les cèdres qu’il a plantés au Liban, c’ est là que vient nicher le passereau, et la cigogne a sa maison dans les cyprès » (Ps 103, 17).
Certains sont considérés comme purs : C’est le cas des pigeons et colombes ainsi que les perdrix et cailles.
D’autres quant à eux sont impurs parce qu’ils se nourrissent de cadavres (aigle, vautour …).
Symbolisme de l’Aigle
Bien qu’ il appartienne aux oiseaux impurs, la bible le cite en exemple pour ses principales caractéristiques : rapidité et force de ses ailes.
« Le lot du Seigneur, ce fut son peuple…Tel un aigle qui éveille sa nichée et plane au-dessus de ses petits,
il déploie son envergure, il le prend, il le porte sur ses ailes » (Dt 32, 9 et 11).
« Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, comment je vous ai portés comme sur les ailes d’un aigle et vous ai amenés jusqu’à moi » (Ex 19, 4).
« Ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils déploient comme des ailes d’aigles,
ils courent sans se lasser, ils marchent sans se fatiguer » (Is 40, 31)
Ces exemples nous apprennent que la force et l’envergure des ailes de l’Aigle sont une figure des soins de Dieu en faveur des siens.
En outre, dans les représentations du Christ en gloire de l’ apocalypse, un des quatre vivants est un aigle. On a coutume d’y voir l’évangéliste Jean.
Par l’image de l’aigle portant ces petits, la bible nous invite à nous « laisser porter » par la parole de Dieu mais également à la « porter » autour de nous.
Le cas du corbeau
Selon la loi, le corbeau appartenait, lui aussi, aux espèces impures :
« Voici parmi les oiseaux, ceux qui seront immondes pour vous et qu’on ne mangera pas… :
l’aigle, le gypaète, l’orfraie,le busard, les différentes espèces de milans, toutes les espèces de corbeau » (Lv 11, 13-15).
Or, malgré son impureté, Dieu n’oublie pas de nourrir ses petits :
« Qui prépare au corbeau sa provende, quand ses petits crient vers Dieu et titubent faute de nourriture ? » (Job 38, 41).
De plus, dans le récit du déluge, Noé dans son arche accueille aussi bien les animaux purs que ceux qui ne le sont pas. C’est le cas du corbeau.
En effet, lorsque après quarante jours de pluie Noé ouvre la fenêtre de l’ arche, c’ est lui qui en sort.
Or, il ne trouve pas terre où se poser. Toutefois il fait des allers et retours jusqu’à ce que les eaux se soient retirées, laissant la terre à sec (Gn 8, 7).
Dans ce passage est mis en évidence sa persévérance.
La bible nous apprend aussi que les corbeaux nourris par Dieu sont conviés, à leur tour, à nourrir le prophète Élie :
« Les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande, matin et soir, et le prophète buvait au torrent » (1 R 17, 6).
La leçon de saint Luc
Quant à saint Luc, il les cite en exemple :
« Observez les corbeaux : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’ont ni réserves ni greniers, et Dieu les nourrit.
Vous valez tellement plus que les oiseaux ! » (Lc 12, 24).
Par cet exemple il nous est dit que le Christ nous promet une nourriture abondante.
Toutefois, nous ne pouvons vraiment en vivre que si nous remettons tous nos projets, tout notre avenir sous sa protection.
Dès lors, nous Lui manifestons notre confiance en abandonnant notre liberté en ses mains.
Que nous apprennent la colombe et la tourterelle
Toutes deux appartiennent à la catégorie des oiseaux purs dont les livres saints nous parlent.
Elles étaient offertes ainsi que les jeunes pigeons en sacrifice de purification.
Toutes deux, ainsi que les jeunes pigeons, étaient offertes en sacrifice de purification.
C’est ainsi que dès avant la loi, Abraham offrit à Dieu en holocauste une vache, une chèvre et un bélier ainsi qu’une tourterelle et une colombe.
Lorsqu’ il coupa en deux les autres victimes, il laissa entiers les deux oiseaux (une colombe et une tourterelle :
« Abram prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l’autre ; mais il ne partagea pas les oiseaux » (Gn 15, 10).
Quant à Moïse, il ordonna qu’ une femme qui, après ses couches, se présentait devant la Tente de la Rencontre, offre si elle n’avait pas de quoi présenter deux agneaux (un pour le péché et un autre pour l’holocauste) deux tourterelles ou deux petits de colombe)
C’est d’ailleurs ce qu’offrit la Sainte Vierge au jour de sa purification (Lc 2, 24).
Que représente la colombe dans la Bible
Dans le livre de la Genèse, la colombe est le symbole de l’espoir, de l’harmonie, de la paix retrouvée ainsi que de la fidélité.
En effet, pour évaluer le retrait des eaux sur la terre, Noé envoie par trois fois une colombe.
La première fois elle revient vers lui car les eaux recouvrent toujours la terre.
Puis, la seconde fois, elle revient avec dans son bec un rameau d’olivier tout frais (Gn 8, 11).
Enfin, la troisième fois, elle ne revient plus car l’arche n’ était qu’un « nid » de transition.
En outre, elle est le symbole de pureté, d’innocence et de prudence :
« Soyez prudents comme les serpents et candides comme les colombes » ( Mt 10, 16).
Lors du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain, les quatre évangélistes racontent qu’une fois celui-ci baptisé :
« il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe … » (Mc 1, 10)
La colombe symbolise ici un renouveau, incarné par la figure de Jésus-Christ.
C’est ainsi que prête à tout, elle survole les eaux sans se reposer, porte le rameau de la paix. Elle brûle dans le feu expiatoire et figure l’Esprit Saint
Dans le Nouveau Testament, la colombe et les qualités qui lui sont associées servent à représenter l’Esprit Saint.
C’est pourquoi dans le christianisme, en tant que forme manifestée de l’Esprit Saint, la colombe représente un messager de l’amour divin.
Le symbole de l’ amour unissant le Père et le Fils
Sa présence, lors du baptême du Christ symbolise l’ amour qui unit le Père à son Fils.
A l’ Ascension, Jésus promet à ses disciples de leur envoyer l’ Esprit Saint afin qu’ils continuent à transmettre ses enseignements.
Grâce à l’ Esprit Saint ils pourront diffuser l’ amour divin.
Pour conclure
La Bible est la Parole de Dieu. Elle fut écrite par des hommes conscients et guidés par le Saint-Esprit afin de transmettre à l’humanité ce que Dieu désirait pour elle.
Afin de nous l’expliquer, ils utilisèrent des métaphores, des symboles.
C’ est ainsi que les oiseaux « artisans légers de l’alliance entre la terre et le ciel », nous enseignent :
Le silence, la patience, la solitude, le sens de l’émerveillement et nous confrontent à la fragilité de nos existences *
Les mises en garde de cette étude scientifique ainsi que la symbolique de certaines espèces mentionnées dans la Bible nous invitent à la réflexion.
Georgette
Sources : * La Croix – Jean-Claude Raspiengeas, le 14/05/2023 –
** La Croix – Lucie Remer et Aude Carasco, le 16/05/2023.
Le jour du Seigneur : Pourquoi l’ Esprit Saint est-il représenté par une colombe –
Anne Lécu : Et vous les arbres et les animaux bénissez le Seigneur.
Illustrations : Détail du tableau l’Air de Jan Brueghel l’Ancien (1568–1625) – Musée des beaux-arts de Lyon –
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