Le vénérable Giorgio La Pira : un modèle en politique

Publié le

Le dimanche 16 avril, jour de la Divine Miséricorde, l’émission « Le Jour du Seigneur » consacrait un magazine à Giorgio La Pira (1904-1977).

Si cette figure politique italienne du 20eme siècle est peu connue, elle est cependant, pour notre monde, un modèle exemplaire de ce que doit être l’ engagement en politique.

Qui était Giorgio La Pira ?

Giorgio La Pira

 Il naquit en Sicile. Aîné de six enfants, à 9 ans, son oncle et parrain remarqua son intelligence et sa vivacité d’esprit. Aussi l’emmena t’ il  à Messine afin d’y faire ses études.

C’est à l’ âge de 20 ans, alors qu’ il est sur le point de décrocher son diplôme de comptabilité, qu’ une immense vague d’amour emplit son cœur au moment de la communion.

Une expérience mystique

« Il s’ agira là, plus que d’ une conversion mais d’ une véritable expérience mystique » *

Ce jour là : « Une lumière lui fut donnée qui ne le quitta plus et qui orienta tous ses choix ».*

C’est ainsi qu’ en 1927, il entrera dans le tiers ordre dominicain. Il fera également parti de l’Institut séculier des missionnaires de la Regalita.

Dès lors, il organisa sa vie autour :

  • De la prière, l’ oraison et le rosaire de Notre-Dame.
  • La lutte contre l’ esprit du monde.
  • L’ étude de la doctrine et les œuvres d’ apostolat pour la défense de la foi et de l’ Église.
  • Les œuvres de charité fraternelle.

Cependant, il répétait que : « L’ Oraison ne suffit pas, la vie intérieure ne suffit pas… il faut mettre la main à la charrue ».

Devenu professeur titulaire de droit de l’ université de Florence, il demeurera particulièrement attentionné au soin des plus nécessiteux.

Puis, en 1934, il participera à la création de « la messe des pauvres ». Toutefois celle-ci était ouverte à tous.

Aujourd’ hui encore, elle est célébrée tous les dimanches dans l’ église de l’ abbaye Florentine.

A la fin de la messe, il expliquait aux pauvres les grands événements du monde et déjeunait avec eux.

De plus, il fonda un groupe d’ étudiants catholiques car disait-il :

« La vocation chrétienne est une responsabilité qui oblige à se dépenser sans repos pour les autres ».

Giorgio La Pira, un modèle en politique

Après la Seconde Guerre mondiale, ses amis florentins ainsi que son évêque, l’ encouragèrent à se présenter aux élections législatives.

Il fut élu facilement. Après un court passage au gouvernement où il participe à l’ élaboration de la Constitution italienne, il devint le maire de Florence à deux reprises :

  • de 1951 à 1957 puis de 1961 à 1965.

En outre, il œuvra dans de nombreux débats de la politique internationale. Et tout particulièrement ceux :

  • du Moyen-Orient et de l’ Europe,
  • et pour les processus de décolonisation et la recherche d’ une issue pacifique du conflit vietnamien.

De plus, il fit de nombreux voyages en faveur de la paix et participa activement au dialogue interreligieux.

Engagé dans sa foi catholique, il entretint avec Jean XXIII une importante correspondance.

Tous deux eurent de nombreux entretiens et en 1962, il participera au Concile Vatican II en tant que laïc.

Il fut également un ami du pape Paul VI.

Avec le père Jean Danielou

Le « saint » maire de Florence

Afin de mener à bien ses engagements politiques il puisait sa force dans la foi et la prière.

C’est pourquoi il avait écrit : « Pour comprendre le monde, il faut avoir le journal dans une main et la Bible dans l’autre »

mais aussi : «  Il faut lire le plan de Dieu à la lumière des faits qui se produisent ».

Sa foi fit de lui un homme de paix, de dialogue et de justice sociale.

Ainsi, en 1954, il fit construire le quartier ouvrier d’ Isolotto à l’ouest de Florence. Il désirait que les immeubles y soient à taille humaine et que la vie s’ organise autour :

  • de jardins,
  • des écoles et des commerces,
  • et, au centre une église.

Le désir d’une ville qui place Dieu et l’Homme en son centre

Il affirmait que : « … dans une ville, il doit y avoir une place pour chacun, avec  :

  • un endroit pour prier (une église), un endroit pour aimer (la maison),
  • un endroit pour travailler (le bureau, l’usine),
  • un endroit pour penser (l’ école),
  • un endroit pour être soigné et guérir (l’ hôpital) ».

En outre il s’ opposa fermement à la fermeture de l’usine Pignone. Sa cessation d’ activité risquait de mettre 3 000 salariés au chômage.

Une nuit, il téléphona à son ami le pétrolier Mattéi et lui dit :

« C’est l’ Esprit saint qui te parle et qui te demande de racheter cette usine ».

Aujourd’hui l’ usine Nuovo Pignone est l une des plus grandes entreprises industrielles de Florence.

Aussi peut-on dire que sa vie fut une vivante illustration de sa devise : « Espérer contre toute espérance ».

Le vénérable Giorgio La Pira

Lorsqu’ il meurt en 1977, une foule immense, venue de tous les coins de l’Italie mais aussi du monde, assiste à ses funérailles dans la cathédrale de Florence.

Tous rendent hommage à celui qui  côtoya les dirigeants du monde mais qui cependant dormait dans une simple cellule au monastère des dominicains de San Marco à Florence. Il meurt le 5 novembre 1977.

Le 9 janvier 1986, l’ archidiocèse de Florence introduisit la cause pour sa béatification et canonisation.

L’ enquête diocésaine, terminée le 4 avril 2005 fut envoyée à Rome pour y être étudiée par la Congrégation pour les causes des saints.

Puis en 2007, son corps fut transféré dans la basilique Saint-Marc de Florence.

La basilique Saint Marc

Enfin, le 5 juillet 2018, au terme de l’ enquête canonique, le pape François reconnaissait que Giorgio La Pira avait vécu les vertus chrétiennes à un degré héroïque.

Aussi lui discerna-t-il  le titre de vénérable.

Tombe de Giorgio La Pira

Pour conclure

 Alors que la confiance en nos politiciens s’ amenuise, nous pouvons lire et méditer la profession de foi de Giorgio La Pira :

« Je suis un croyant chrétien et je pars de cette hypothèse de travail :

  • Je crois en la présence de Dieu dans l’histoire,
  • en l’incarnation et en la résurrection du Christ,
  • et je crois dans la force historique de la prière ».

La Cité à laquelle il croyait était : « celle où les hommes ont leur maison et où Dieu a sa maison ».

Il avait comprit la nécessité de la paix entre les peuples et le dépassement des idéologies athées et matérialistes.

Vous pouvez découvrir le texte du discours que le pape François adressa aux membres de la Fondation « Giorgio La Pira » le vendredi 23 novembre 2018, après la proclamation de ses vertus héroïques en cliquant sur le lien ci-dessous :

https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2018/november/documents/papa-francesco_20181123_fondazione-giorgiolapira.html

Georgette

Sources : * Agnès Brot, petite fille d’Edmond Michelet, spécialiste de l’histoire de l’ Église des 19eme et 20eme siècles. Auteur du livre « Un mystique en politique » .

 Aleteia – Chemin d’Amour vers le Père – La Croix

Illustrations  : Wikimédia Commons – Domaine public

Cathédrale de Florence – Wikimédia Commons – Auteur Bruce Stokes on Flickr- Licence Créative Commons – Libre de partage

Basilique Saint Marc et Tombe de Giorgio La Pira : Wikimédia Commons – Auteur Sailko GNU Free Documentation – Libre de partage

Plus de lecture...