Homélie : Messe armistice 1918  et fête de St Martin

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Vendredi, le père Vianney présidait la messe commémorative du 11 Novembre à Enghien en présence de membres de la municipalité, de la chorale des Voix du Lac et d’anciens combattants.

Nous vous invitons à écouter et lire son homélie

Quelques jours avant la Toussaint, mon pas foulait le sol des cimetières d’Enghien, s’ arrêtant auprès des familles pour prier et bénir les tombes de leurs défunts.

Voyant toutes ces tombes, il m’est revenu à l’esprit le 1er article de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen que la Nation aime tant évoquer :

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » .

Permettez-moi de la paraphraser quelque peu. A la fin de leurs vies les hommes meurent et demeurent égaux dans leurs tombes, face à Dieu.

Que nos vies soient une succession de réussite ou une accumulation de souffrances, le Fils de l’homme nous demandera des comptes : « Qu’ as-tu fait de ton frère ? »

Un monde en crise

Alors que nous traversons crises sur crises, que nous escaladons l’ échelle des incertitudes, apparaît dans la bouche de nos enfants le mot de guerre [cette fois utilisé à bon escient].

Au moment même où  la crise sanitaire a isolé et déconstruit les relations sociales, que la peur du lendemain se fait sentir chez nombre de nos contemporains, que l’ inflation explose autant que les compteurs fous de nos thermomètres ; nous traçons la route, sans prendre conscience du poids de nos actions, sans même s’ arrêter quelques instants pour relire l’ histoire.

Nous préférons écrire les pages de l’ avenir pour qu’ à tout prix quelques noms restent gravés dans l’histoire.

Pourtant, concrètement, nous construisons des murs, nous isolons les personnes les unes des autres, nous créons des barrières et des fractures sociales.

Nous structurons des divisions et des inégalités entre les personnes et les peuples.

Nous maquillons les efforts pour le climat et la planète derrière quelques éoliennes et nous nous réjouissons d’ appeler cela le progrès, l’avenir, la transition…

Dans la constitution, nous avons entendu être « libres et égaux », mais Jésus-Christ va plus loin dans l’ Évangile.

D’ ailleurs, celui-ci est d’ ailleurs plus antérieur et universel que nos constitutions et nos lois et plus actuel car plus vrai. Jésus nous parle d’ aimer notre prochain.

Donc, ce qui n’est pas fait à notre frère, c’ est à Dieu que ce n’est pas fait.

L’ ambition générale, est-elle de résoudre ces crises ou d’en créer de nouvelles, d’ atténuer les conflits ou d’ entretenir la terreur, d’ aimer la vie et de la respecter ou de choisir de tuer en écrivant quelques lignes appelées « loi ».

Qu’ as-tu fait de ton frère ? 

Dans une lettre d’ août 1916, un soldat écrivait : « Je faisais partie d’un groupe de camarades, et pourtant chacun ne priait que pour soi ».

Des champs de bataille de Verdun à nos jours, des réseaux sociaux aux poignées de main, en passant par la vie de nos cités,  se croisent les Hommes.

Qui est notre frère, où est notre sœur ?

Notre société favorise l’ individualisme, le confort personnel, le bien-être comme on dit.

Ainsi chacun vaque à ses occupations mais surtout que le meilleur gagne au détriment de l’autre, au détriment de la planète.

Le modèle choisi par Jésus et ses disciples n’ est pas celui de l’ individualisme, de la compétition ou de la guerre.

En effet, l’ exemple qu’ il nous laissa est celui du service et de l’ attention au plus faible. Nous sommes appelés à perpétuer cela.

Envoyés dans le monde

Certes les catholiques ne sont pas les meilleurs, l’ actualité récente de l’ Église le montre.

Mais nous portons la certitude qu’ au nom de Jésus nous sommes envoyés annoncer la bonne nouvelle, guérir, délivrer, libérer, proclamer les bienfaits de Dieu accordés par le Seigneur.

St Martin, comme tant d’autres, sut appliquer dans sa vie les commandements du Seigneur : le premier, l’ aimer de tout son cœur et le second, aimer son prochain comme soi-même.

C’ était un étranger puisqu’ il naquit dans l’ actuelle Hongrie, et après avoir donné la moitié de son manteau, il se rendit compte que c’ était le Christ qui le lui avait demandé.

Il n’ était pas chrétien et hésitait à recevoir le saint baptême. Mais, suite à cet appel du Seigneur, il s’ y décida enfin.

Puis il quitta l’armée romaine et devint moine. Plus tard, tiré de son monastère, il deviendra l’évêque de Tours et continuera d’ annoncer l’ Évangile !

Notre prochain n’ est pas loin. Les pauvres hélas ne manquent pas. Les affligés, les petits, les persécutés, les désœuvrés, les condamnés, les affamés sont nombreux.

Aussi nous faut-il être les St Martin de notre temps. Particulièrement ceux qui sont en charge de prendre des décisions, afin que jamais ils n’ oublient  qu’ils servent leurs frères et non leur réélection, qu’ ils sont les coopérateurs du bien commun et les ambassadeurs d’un monde plus fraternel et plus sobre.

Conclusion 

Quand viendra notre dernier souffle, nous serons égaux et en vérité devant Dieu et rien ne pourra plus changer, et Lui nous demandera des comptes !

Qu’ avons nous fait de notre monde, de notre frère, de la planète, du réchauffement climatique, de la paix qu’il nous  laissa, de la fraternité vécue en vérité dans le Christ et entre les Hommes.

Plus encore, il nous interrogera sur la famille, sur le respect de la vie, de son commencement à sa fin naturelle.

Il nous jugera aussi sur notre implication et notre attitude dans le bien commun.

Nous sommes-nous servi dans le « grisbi » ou avons-nous donné la moitié de notre manteau aux pauvres.

Car tout ce que nous avons fait de bon,  c’ est à Dieu que nous l’ avons fait.

Et tout ce que nous n’avons pas fait au plus petit de nos frères c’est à Dieu que nous ne l’avons pas fait.

La paix est fragile, nous le constatons. Mais changeons nos attitudes, nos pratiques, orientons nos cœurs vers le bien et  pour cela vivons pleinement de Dieu.

Qu’ il en soit ainsi au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.

Amen.

Père Viannay +

A l’issue de la messe, après le dépôt d’une gerbe devant les plaques commémoratives de  l’ église, la délégation se rendait devant le monument aux morts du cimetière nord.

  

 

Illustrations : Photos Jean-Pierre P.

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