César de Bus, Marie Rivier, les deux saints d’un renouveau catéchétique

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Demain, dix bienheureux seront canonisés. Parmi eux figurent trois français : le célèbre Charles de Foucault mais aussi  César de Bus et Marie Rivier.

Nous vous invitons à découvrir la vie et l’œuvre de ces deux autres grandes figures de l’ Église de France.

Moins connus que Bien que Charles de Foucault, tous deux influencèrent la pastorale catéchétique de leur époque.

César de Bus (1544-1607), fondateur de la Société des Prêtres de la Doctrine chrétienne.

Il naît en 1544 à Cavaillon, dans un monde chrétien « en crise », déclara Paul VI au cours de sa messe de béatification.

Issu d’une famille de la noblesse romaine, il poursuit ses études avec un précepteur, puis dans sa ville d’origine et enfin chez chez les Jésuites en Avignon.

A 20 ans, il s’engage dans l’armée royale. Invité pour son frère Alexandre, chef de la garde du roi de France Charles IX, il mène à Paris une vie insouciante et légère.

« Cet  être doué, brillant en société et poète est beaucoup plus sensible à la jouissance de tout qu’aux exigences de l’Évangile » précisera Paul VI.

Toutefois, César du Bus demeure insatisfait de la vie qu’il mène à la cour. Il retourne s’installer en Avignon en 1570.

Une conversion radicale

Au cours de l’année 1573, deux drames bouleversent sa vie (la mort de son père et de son frère, à quelques mois d’intervalle).

Il revient alors à Cavaillon. C’est là que trois personnes changeront le cours de son existence et le réorienteront vers Dieu.

Il s’agit de Antoinette Réveillade, de Louis Guyot, sacristain de la cathédrale de Cavaillon, au rayonnement tout à fait remarquable.

Le  Jésuite Pierre Péquet, quant à lui, par sa spiritualité, sa prudence, son discernement et sa fermeté sera pour César d’un grand secours.

Antoinette Réveillade, femme simple, vivait dans la proximité de Dieu et s’efforçait d’aider ses proches à en comprendre la volonté.

Afin de lui donner une occasion de réfléchir et de prier, elle suppliait César de Bus de lui faire la lecture des vies de saints.

Des conseils pour apprendre à se tourner vers Dieu

C’est ainsi que, sous leur influence, César va peu à peu rompre avec la frivolité et beaucoup méditer sur le sens de la destinée humaine.

En conséquence, sa vie de prière devient plus intense. Dorénavant, il  s’ implique dans les œuvres de miséricorde puis se prépare au sacerdoce.

Son œuvre

Ordonné prêtre en 1582, il devient chanoine de la cathédrale Saint Véran. Il commence alors une mission de catéchiste auprès des pauvres.

Avec son cousin Jean-Baptiste Romillon, il sillonne les campagnes et les bourgs afin de catéchiser ses paroissiens.

Or la tâche est immense. Il se retire alors à l’ ermitage Saint Jacques.

C’est là qu’ il réfléchit sur le catéchisme issu du Concile de Trente (1562).

Celui-ci devait palier à l’ignorance, ou au  manque d’intérêt pour l’instruction religieuse des fidèles, du clergé.

La congrégation des Pères de la Doctrine Chrétienne

L’ intuition de César de Bus est de créer une société de prêtres.

Ceux-ci se feront catéchistes, en particulier pour les gens sans instruction et les habitants des campagnes.

Le 29 septembre 1592, il fonde donc à l’ Isle-sur-Sorgue, la Congrégation des Pères de la Doctrine Chrétienne.

Elle regroupe des prêtres qui vivent en communauté afin de partager fatigues et joies.

Tous se destinent à faire du catéchisme dans un langage simple, direct, imagé et compréhensible par tous.

Pour y parvenir, César de Bus utilise des chansons, des poèmes et des représentations de scènes de l’Évangile qu’il peint lui-même.

Toutefois, il ne sépare pas cet enseignement innovant de la vie de prière, sacramentelle et de l’engagement dans une vie chrétienne.

Sa congrégation permettra la multiplication des missions populaires dans les campagnes.

C’ est ainsi qu’ elle participera au renouveau du christianisme dans le sud de la France.

Devenu aveugle, dans un dénuement complet, il consacrera ses dernières forces à prêcher et à confesser.

Pour moi, ce sera doublement Pâques

Il meurt le 15 avril 1607, avec sur ses lèvres ces mots : « Demain c’est Pâques, pour moi, ce sera doublement Pâques ».

Aujourd’hui, son corps repose dans l’église Santa Maria in Monticelli, à Rome.

C’ est là que se situe la maison généralice de la congrégation des Prêtres de la Doctrine chrétienne.

Ceux-ci sont présents en Italie, en Inde, au Brésil et au Burundi.

 

Marie Rivier (1768-1838), fondatrice de la congrégation de la Présentation de Marie

Elle naît le 19 décembre 1768 à Montpezat-sous-Bauzon (Ardèche) dans une famille profondément chrétienne.

Suite à une chute vers l’âge de 2 ans, elle perd l’usage de ses jambes.  Sa mère la porte alors devant la statue de Notre-Dame-de-Pitié.

Pendant 4 années, Marie demandera sa guérison devant la statue.

Le 8 septembre 1774, jour de la nativité de la Sainte Vierge, son  vœu est exaucé. Elle retrouve enfin l’usage de ses jambes.

Mais le  31 juillet 1777, elle tombe dans un escalier et se fracture une jambe.

Toutefois Marie ne se décourage pas et elle continue à prier.

Le 15 août, jour de l’Assomption, sa guérison est totale.

Le désir de se consacrer à Dieu

Puisqu’elle est guérie, Marie désire se consacrer totalement à Dieu.

Elle décide de le faire à travers l’instruction humaine et chrétienne des enfants.

En 1786, elle ouvre donc une école. L’ instruction y sera personnalisée selon les besoins des élèves.

Elle se dévoue également aux soins des malades et des pauvres.

Puis le désir de dédier totalement sa vie au Seigneur mûrit en elle.

Elle demande alors à entrer dans la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame de Pradelles.

Mais, à cause de sa santé fragile et de sa petite taille, elle essuie un refus.

La fondation de la congrégation de la Présentation de Marie

La misère religieuse est si grande que Marie en souffre.

Pour y remédier, elle désire ardemment : « Faire connaître et aimer Jésus Christ partout ».

Le 21 Novembre 1796, en pleine terreur, alors que plus personne n’ ose se déclarer chrétien, Marie et quatre compagnes s’ installent dans le petit bourg de Thueyts en Ardèche.

Cinq ans plus tard, en 1801, avec l’approbation de l’évêque de Vienne, la Congrégation des Sœurs de la Présentation de Marie voit le jour.

Une mission qui s’ enracine dans la contemplation de Notre Dame de Pitié

Afin de parvenir à offrir, au plus grand nombre, une formation religieuse et humaine, les membres de la communauté apprendront à vivre une vie intérieure profonde.

Elles devront aussi  s’épanouir dans les mystères de la Présentation de Marie et de Jésus au Temple : mystère de la présence de Dieu et mystère d’offrande.

Leur mission consistera à ouvrir des écoles, à s’ occuper des pauvres et des orphelines et à faire le catéchisme aux enfants et aux adultes.

Un rapide succès

Un autre couvent s’ ouvrira à Bourg- Saint-Andéol et, en quelques années, 46 autres maisons verront le jour.

Cependant, Marie désire ardemment faire aussi connaître le Christ bien au-delà des vallées de l’Ardèche.

Elle entrevoit pour sa communauté un rayonnement dans le monde entier « Mes filles, un jour, traverseront les mers ».

S’ Unir, S’ Ouvrir, Évangéliser.

Au moment de sa mort, le 03 février 1838, 141 maisons sont ouvertes.

Aujourd’hui, sa congrégation est présente sur les cinq continents, dans 18 pays.

Les sœurs s’ y occupent d’établissements scolaires ou spécialisés, de foyers et d’ EHPAD …

Elles ont pour « devise  » : S’ Unir, S’ Ouvrir, Évangéliser.

Elles ont également avec une forte conviction :  espérer en chaque jeune mais aussi en une promesse d’alliance par laquelle les adultes acceptent de partager avec eux la charge de l’avenir de l’Homme.

Le Pape Pie IX surnomma Marie Rivier  la « Femme Apôtre ». Il proclamera l’héroïcité de ses vertus en 1853.

Puis Jean-Paul II la déclarera Bienheureuse le 23 mai 1982.

Pour conclure

Au moment où nous nous trouvons confronté à une crise de civilisation dont les courants de pensée éloignent de Dieu, la vie de César de Bus et de Marie Rivier sont des exemples.

Tous deux nous apprennent que l’instruction humaine et religieuse doivent être l’une de nos principales préoccupations.

Le pape François, dans sa vidéo de décembre 2021, rappelait que :

« La créativité du catéchiste est une participation à l’acte créateur de Dieu qui éveille l’homme intérieur et le tourne vers le Père, son Fils et les frères et sœurs humains ».

Par ce message, il nous redit l’importance qu’ il y a, d’une part à faire connaître le message du Christ, et d’ autre part à en vivre en paroles et en actes.

Méditons cet extrait de l’homélie de Paul VI, lors de la canonisation de César de Bus

« Il nous semble qu’ un effort supplémentaire doit être entrepris avec courage pour donner au peuple chrétien, qui l’ attend plus qu’on ne le croit, une base catéchétique solide, exacte,  facile à retenir. Nous comprenons bien que l’ adhésion de la foi soit difficile aujourd’hui, particulièrement chez les jeunes, en proie à tant d’incertitudes. A tout le moins, ont-ils droit de connaître avec précision le message de la Révélation qui n’ est pas le fruit de la recherche, et d’être les témoins d’une Église qui en vit ».

Georgette

Sources : Gérard de Bus : Vatican News – Conférence des évêques de France, Catéchèse catholique, Abbaye St Joseph de Clairval  à Flavigny – Marie Rivier : Nominis et Présentation de Marie.org.

Illustrations: César de Bus – Wikimédia Commons – Œuvre dans le domaine public (+de 70 ans après la mort de l’auteur) et Marie Rivier : Wikimédia Commons – Vitrail de la maison mère des Sœurs de la Présentation de Marie à Bourg St Andéol ( en 1900). Œuvre d’art du domaine public.

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