Le signe de croix nous donne la vie – Ses origines et son sens

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Dans quatre jours nous fêterons Noël. Les icônes de la Nativité orthodoxes représentent souvent l’Enfant Jésus couché dans une mangeoire qui ressemble à un tombeau. Ses langes, quant à eux, évoquent le linceul et préfigurent la passion à venir.

 

En effet, Celui qui vient de naître est né pour mourir, pour donner sa vie sur une croix. Cet acte est le chemin vers l’Anastasis (Résurrection en grec).

Or, le signe de croix tracé avec le St Chrême,  le jour de notre baptême, nous ouvre, à nous aussi, le chemin de la «résurrection».

Cette signation, geste de sanctification mais aussi signe de Bénédiction, atteste donc de l’amour de Dieu pour l’Humanité.

Pour les Chrétiens, c’est aussi un geste de reconnaissance qui rappelle la passion du Christ.

Du front à la poitrine, à l’épaule gauche à l’épaule droite, le signe de croix ne doit donc pas être pas un geste de piété automatique et surtout pas un réflexe de superstition.

Nous devons le faire avec un profond respect. En effet, il exprime un message symbolique, venu tout droit de la Tradition Biblique. Il donne sens à nos vies.

Origine du signe de croix

Bien des siècles avant Jésus, ce geste rappelle la prophétie d’Ezéchiel « Passe à travers la ville, à travers Jérusalem, et marque d’une croix au front ceux qui gémissent et qui se lamentent sur toutes les abominations qu’on y commet » (Ez 9, 4).

Cette signation était un signe de bénédiction divine en forme de + pour rappeler le Tav. Cette dernière lettre de l’alphabet hébraïque désigne le T de Torah (enseignement divin de Moïse retransmis dans ses cinq livres). Ses instructions révélaient le « chemin » qui mène à Dieu.

Sans doute Jésus traça-t-il, lui aussi, ce geste de bénédiction qui signifiait l’importance vitale de la Torah pour devenir juste devant Dieu. N’oublions pas qu’Il affirma  :  « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17).

La signification des Tefillin (appelés phylactères dans l’évangile grec)

Il est écrit dans le Deutéronome : « Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur…Tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville » (Dt 6, 6 et 8-9).

Les Tefillin sont des petits boîtiers recelant la Parole de Dieu. Puisque le mental conditionne l’activité, ils sont  attachés à des lanières de cuir pour relier le front du croyant à ses bras. Ils montrent l’attachement personnel à la Parole de Dieu qui doit  inspirer toute pensée afin d’agir selon Ses volontés.

Le signe de croix des premiers Chrétiens

Afin de donner le sens de la mort-résurrection du Christ, les premiers disciples de Jésus reprennent donc ce signe. Ils considèrent Jésus comme la Parole vivante de Dieu qui se manifeste totalement dans le don de lui-même au Golgotha. Par ce geste, ils relaient et réactualisent la tradition mère du judaïsme.

Les pères de l’Église et les auteurs spirituels commentèrent cette signation sur les fidèles dans le cadre de la liturgie, de la prière personnelle ou à tout moment de la journée.

En effet, elle renvoie toujours à la Passion du Christ et à la sainte Trinité. Méditons ces citations évoquant l’importance de ce geste :

  • « Au début et à la fin de toutes nos activités, nous nous marquons le front avec le signe de la croix » (Tertullien (160-220)
  • Si tu es tenté, signe-toi le front avec piété ; car c’est là le signe de la Passion… pourvu que tu le fasses avec foi, non pour être vu des hommes, mais en le présentant avec habileté comme un bouclier (La tradition apostolique, chapitre 42, 3eme siècle).
  • … Ne rougissons donc pas de reconnaître publiquement le Crucifié. Que nos doigts gravent hardiment son sceau sur notre front et qu’en toutes circonstances la croix soit tracée… La croix est une puissante sauvegarde …(Catéchèse baptismale de Cyrille de Jérusalem (313-387).

La logique spirituelle du signe de Croix

Il se fait avec la main droite de haut en bas. Il faut voir dans ce mouvement l’irruption du divin.  

Visualisant le trajet de la pensée vers le cœur, il nous invite à la vigilance.

Le signe de croix est une manière de tracer sur nous l’itinéraire dynamique de l’amour bienveillant de Dieu qui veut que nous soyons des vivants !

Il permet le recentrage de l’être, si nécessaire aujourd’hui alors que nous sommes tiraillés en tous sens.

A la manière des Tefillin, cette démarche spirituelle relie le front, le cœur et les bras, c’est-à-dire la pensée, la chair et l’action.

Le signe de croix permet de répondre avec confiance et fidélité aux commandements de l’amour : Aimer Dieu et notre prochain.

Le signe de croix est une prière

Ce signe de croix, tracé pour prier et bénir, est aussi un sacramentel qui nous prépare à recevoir la grâce et nous dispose à coopérer avec elle.

Alors, en ce temps de Noël, comme nous y invite ce chant, réapprenons à tracer dignement sur nous ce beau signe de croix qui nous habille de la lumière du Christ ressuscité.

Georgette

Sources : Le sens biblique du signe de Croix (église Catholique Romaine de Genève – Abbé Alain-René Arbez) –  

Croire-La Croix (Gilles Donada, avec Michel Wackenheim, le 30-04-2021)

Illustration : Photo personnelle Jean-Lucien G.

 

 

 

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