Un grand prêtre éprouvé en toute choses (Hb 4, 15)

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Ce passage de la lettre aux Hébreux, lue en ce 29 eme dimanche du temps ordinaire, nous rappelle ceci : «  … nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché… ». En effet, le Christ connu lui aussi la tentation mais il n’y a pas succombé.

Dans son éditorial du 08 Octobre, Dominique Greiner, rédacteur en chef de Croire-La Croix, soulignait combien les mots nous manquent pour qualifier l’impact du rapport de la Ciase. Il nous invitait à vivre cette épreuve en méditant sur le sens de la «descente aux enfers » du Christ que nous confessons dans le Credo.

Le Christ Bénissant de Bellini

Nous pouvons approfondir cette affirmation de notre foi en contemplant et en écoutant le commentaire du tableau « Le Christ Bénissant », du peintre vénitien Giovanni Bellini (1430-1516). En iconographie, le Christ, se présentant de face, se montre comme ayant accompli sa mission de « Sauveur ».

Conservé au musée du Louvre, ce tableau nous présente, non pas un Christ rayonnant et triomphant mais au contraire un jeune homme fragile. Son visage pâle, au regard lumineux mais infiniment las, au bord des larmes, souligné de larges cernes nous parle de la tragédie, véritable « descente aux enfers », qu’il vient de vivre. Avant de triompher de la mort, il nous a précédé « aux enfers » qui, dans l’antiquité, désigne le royaume des morts.

Derrière le Christ, le paysage nous rappelle que le Fils de Dieu est venu habiter parmi nous. Le chemin qui se dessine derrière lui évoque, quant à lui, la phrase de St Jean « … Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14, 6).

C’est aussi ce que nous dit le livre des écritures, livre de Vie, que tient Jésus tient dans sa main gauche qui porte encore les stigmates de la crucifixion. Quant à celle de droite, aux doigts encore recroquevillés par la souffrance, elle bénit le monde.

« La descente aux enfers de l’ Église »

Puisque nous  sommes membres de lÉglise,  nous devons donc prendre en compte la terrible réalité du nombre des abus sexuels commis en son sein. Toutefois, malgré la consternation et le sentiment de révolte qui nous envahissent, nous devons, comme nous le rappelle Domique Greiner, accepter et prendre en compte cette « descente aux enfers ».

Puis il ajoute que nous ne serons pas délivrés de cette épreuve tant que nous n’aurons pas pris la pleine mesure des manquements de l’Église, de la responsabilité de chacun mais aussi  tant que nous n’en aurons pas tiré toutes les conséquences. La vérité nous dit-il est souvent crucifiante. Toutefois, elle est un passage obligé pour sortir des ténèbres.

En 2010,  à Fatima, le pape Benoît XVI, avait tristement constaté que « La plus grande persécution de l’Église ne vient pas d’ennemis extérieurs mais du péché au sein de l’Église même ».

L’amour doit avoir le dernier mot

Nous savons combien il est difficile de répondre aux questions concernant le mystère du mal, de la souffrance et de la mort. Toutefois, en contemplant ce Christ Bénissant dont la lassitude du regard nous dit les épreuves qu’il vient de traverser mais dont la main cependant bénit le monde, nous comprenons que sa compassion pour l’Homme l’a conduit jusqu’à cette croix. Or celle-ci débouche sur la résurrection.

Dans sa vidéo du mois d’octobre, le pape François demande à tous les chrétiens d’être, dans leur vie quotidienne, des missionnaires témoignant de leur foi dans la rédemption qui ouvre vers un  a-venir.

Va et répare ma maison qui tombe en ruines

En février 2020, en partant en pèlerinage à Assise, nous étions invités à mettre nos pas dans ceux de St François qui entendit cet appel « Va et répare ma maison, qui, tu le vois, tombe en ruine ». Cet appel par le Christ contient en germe toute sa vie.

Aujourd’hui, bien qu’ébranlé(e)s dans notre confiance dans l’ Église, nous ne devons cependant pas baisser les bras. Comme St François, nous sommes appelés, avec l’aide de l’Esprit Saint, à la reconstruire afin qu’elle devienne réellement comme le dit le pape François, une « maison sûre ». 

Restez ici et veillez avec moi

En contemplant  ce Christ si fragile de Bellini, rappelons nous qu’à Gethsémani, au moment où il commença à ressentir tristesse et angoisse, Jésus  demanda à Pierre ainsi qu’à Jacques et Jean de veiller avec lui  : « Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi » (Mt 26, 38).

Il nous faut relire la lettre aux Hébreux de ce dimanche et prier pour toutes les victimes et pour tous les prêtres qui, eux aussi, souffrent.

Reprenons à notre compte, cet extrait  de la prière de Saint Thomas More (1478-1535) intitulée Accorde-moi, Seigneur Bon, une foi pleine, une ferme espérance et une charité fervente: «  Fais de nous tous chaque jour des membres vivants, doux Sauveur Christ, de Ton saint Corps mystique, ton Eglise Catholique ».

 Georgette

Source : Newsletter La Croix – Croire Spiritualité du 12-10-2021

Illustration : Wikimédia Commons – Le Christ bénissant de Giovanni Bellini – Huile sur panneau de bois (entre 1465 et 1470) – Musée du Louvre – Peintures italiennes – Salle 5 : Grande Galerie. Denon 1er étage. – Travail personnel – Domaine public.

 

 

 

 

 

 

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