La sagesse dans les relations hommes-femmes

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Deux phrases, du 28 eme dimanche du temps ordinaire, nous invitent, avec l’esprit de Sagesse, à réfléchir sur la manière d’établir de  bonnes relations entre hommes et femmes : « J’ai prié, et le discernement m’a été donné. J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi » (Sg 7, 7)  et  « que nos coeurs pénètrent la sagesse » (Ps 89, 12).

Qu’est-ce que le livre de la Sagesse ?

Dans l’antiquité grecque, la sagesse (Sophia) qualifie le comportement d’un individu alliant la conscience de soi et des autres, la tempérance, la prudence, la sincérité, le discernement et la justice. Elle s’appuie sur un savoir raisonné.

L’ auteur du livre de la Sagesse, quant à lui, nous invite :  à discerner ce qui est bien ou ce qui est mal puisque la sagesse divine s’appuie sur la Parole de Dieu qui est au dessus de la raison humaine.

Pour vivre selon la sagesse de Dieu, il faut refuser la conformité au siècle présent et se laisser transformer par cette parole. C’est ce à quoi nous invite St Paul lorsqu’il dit : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu … » (Rm 12, 2). Le sens de la destinée humaine est au coeur de ce livre.

Qui a écrit le livre de la Sagesse ?

Son rédacteur se présente comme étant le roi Salomon. Mais en réalité, c’ est un Juif attaché à l’histoire de son peuple et à sa foi. Ayant probablement vécu au sein de la communauté juive d’Alexandrie, il écrit en grec et rédige cet ouvrage probablement vers – 50. En effet, il  connait la traduction de la Septante et l’utilise pour des citations bibliques.

Ce livre, le plus récent de l’Ancien Testament ouvre vers le Nouveau Testament.

Apprendre à vivre avec Sagesse la relation entre hommes et femmes

La semaine dernière, le poétique second récit de la Genèse nous invitait à réfléchir sur le sens des rapports entre l’homme et la femme.

Adam signifie « l’être qui vient du sol, de la terre ». Bien que la femme ne soit pas tirée comme lui de la terre, ce nom les désigne tous les deux. La bible hébraïque précise que Elohim prend, non pas une côte mais un des côtés d’Adam. Autrement dit, Dieu sépare l’Humain, jusqu’à lors indifférencié, en deux. La femme sera comme son vis-à-vis.

Cette précision permet de comprendre la différence entre le féminin et le masculin. En effet, de là vient la diversification entre masculinité et féminité. Or le français, avec ses deux mots de racine et de sonorités diverses, appuie sur la différence alors que l’hébreu, avec ‘Ish et ‘Ishsha, souligne surtout leur unité.

Je serai qui je serai

Dans son livre « Etre père avec Saint Joseph », l’écrivain et philosophe chrétien Fabrice Hadjad reprend le verset 18 : « … Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra » (Gn 2, 18) pour préciser que : « Loin de trouver une moitié à Adam, il lui façonne un manque ».

Il insiste aussi sur le terme  ‘ézer, employé dans le récit. En effet, dans la livre de la Torah, il  ne réapparaît que pour nommer le Seigneur en tant que « secours ». La femme est donc bien une aide, un appui pour l’homme.

Le couple, figure exemplaire de toute relation

Le récit de la Genèse précise que Adam,  découvrant son vis à vis, dit alors :  « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! » (Gn 2, 23). Or en hébreu le mot basar « chair » désigne l’être tout entier avec ses fragilités et ses vulnérabilités.

Il s’agit donc de laisser à l’autre la possibilité de devenir « chair unique ». Ainsi, l’homme et la femme, se soutenant mutuellement, peuvent alors se réaliser dans la complémentarité.

Fabrice Hadjad précise aussi qu’en, en Exode, Dieu se nomme : « Je suis qui je suis ».(Ex 3, 14). Or le verbe est à l’imperfectif. Il serait donc plus adapté de le traduire par « Je serai qui je serai ».

Dans le projet de Dieu dit-il, la femme est celle qui rouvre sans cesse un avenir. Elle se manifeste donc, elle aussi, comme « Je serai qui je serai ». Et il ajoute : « l’ouverture à l’autre se situe en dedans d’elle même. Elle est donc plus transcendante, dans son secours, que l’homme ne le sera jamais pour soi ».

Le projet d’unité mis à mal

Malheureusement, cet idéal d’unité fut mis à mal au cours des siècles et les femmes durent lutter pour obtenir le droit au travail, le droit de vote, celui de la liberté de mouvements, le droit à l’éducation…

Retrouver la Sagesse de Dieu dans nos exigences

En Occident, nous pouvons constater l’évolution du statut de la Femme, même s’il reste encore beaucoup à faire pour combattre le sexisme.Toutefois, certaines revendications me semblent aujourd’hui excessives.

Parmi elles figure la féminisation des noms de métiers.  En effet, Madame le Ministre n’a rien de choquant car ce terme désigne la fonction exercée. Il en est de même pour professeur(e). Ce titre indique qu’une personne enseigne un art, une discipline. Il en est de même pour docteur(e) car cette appellation désigne celui ou celle qui a obtenu un doctorat, le plus haut grade universitaire.

Une fonction est indépendante de la personne qui l’occupe. Elle n’est pas cette fonction, elle est celle qui en assume la charge.

Il est bon de nous rappeler qu’en philosophie, le concept de « personne » qualifie les caractéristiques d’un Humain qui, sans distinction de race ou de sexe, possède la capacité de jouer un rôle dans la société et d’orienter sa vie en fonction de ses dons.

Pour conclure

Le don de Sagesse nous donne la grâce d’ajuster nos comportements dans les situations concrètes de nos vies personnelles ou communautaires. Pour ouvrir nos coeurs à l’essentiel, il  serait bon de relire et méditer le récit de la genèse.

Rappelons-nous et méditons cette phrase d’une chanson de Jean Ferrat  : « vos siècles d’infini servage pèsent encore lourd sur la terre ». Alors, au nom de nos soeurs qui, dans le monde, vivent encore sous le poids des traditions et subissent la violence des conflits ethniques, des guerres et du terrorisme, sachons mener les bons combats : ceux qui concernent le droit à l’éducation des petites filles, la santé et l’intégrité corporelle des femmes.

Puis nous pouvons relire ce passage d’un poème d’Aragon où il dit : «  L’avenir de l’homme est la femme, elle est la couleur de son âme ». Nous pouvons aussi réfléchir sur cette réflexion d’un jeune homme :  « Aujourd’hui, je crois qu’il reste un équilibre à trouver pour les filles entre être soumise et se calquer sur le modèle masculin ».

Georgette

Sources : Sur la Sagesse – Chrétiens Aujourd’hui – Sur le récit de la Genèse Marie-Noëlle Thabut et Fabrice Hadjadj (Être père avec Saint-Joseph – Petit guide de l’aventurier des temps postmodernes) et La Croix : Adam, Ish et Ishsha – Commentaire du Père Marcel Domergue, jésuite (du 4-09-2009, modifié le 8-09-2021).

Illustration : Pikist – Photo libre de droit

 

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