Les très riches heures du duc de Berry – Les vendanges

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Le mois d’Août s’achève. Bientôt commencera la saison des vendanges. Cette semaine, à l’aide d’une des enluminures du livre d’heures du Duc de Berry,  nous méditerons sur le sens de l’offrande du pain et du vin au cours de l’offertoire.

Les vendanges

La réalisation de cette miniature se fit en deux étapes. L’une réalisée entre 1438 et 1442 représente le château de Saumur. L’autre, oeuvre de Jean Colombe d’après une esquisse de son prédécesseur, décrit une scène de vendange;

Le second plan

En haut, nous distinguons la Vierge et une balance, les deux signes du zodiaque du mois de Septembre.

En dessous, nous découvrons le château de Saumur avec ses cheminées et ses girouettes aux fleurs de lys dorées. Entre les vignes et la douve se trouve une lice (espace clos pour les tournois entouré d’une palissade). Afin de célébrer la présence de Dieu dans la création, les tours, s’élançant vers le ciel, s’ornent de parures représentant la nature. Sur la gauche, un cheval franchit le pont-levis et une femme s’apprête à entrer dans le château.

Le premier plan.

Puisque l’ Anjou était déjà à l’époque une région viticole, Jean Colombe a peint une scène de vendange.

Le travail est fastidieux. Une femme, apparemment enceinte, se repose quelques instants tandis qu’un homme déguste une grappe de raisins. Cinq autres personnages, quant à eux, cueillent les grappes de raisins qu’ils déposent dans des paniers. Ceux-ci quand ils seront pleins seront déversés dans les hottes fixées sur le dos des mulets puis dans les cuves se trouvant dans une charrette tirée par deux bœufs.

Cette scène nous rappelle la prière du prêtre au cours de la préparation des dons : « Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes, nous te le présentons, il deviendra le vin du Royaume éternel ».

Le sens de l’offrande du pain et du vin

A chaque eucharistie, le Christ nous convie à partager son corps et son sang. Après la prière universelle, vient la préparation de la table eucharistique. Nous présentons à Dieu le pain et le vin afin que « le Christ achève sa création en la purifiant de ce qui n’est pas lui, de ce qui n’est pas don, de ce qui n’est pas vivant » *

Cette semaine, la prière de présentation des dons nous invite à partager nos vies : « Que l’offrande eucharistique, Seigneur, nous apporte toujours la grâce du salut ; que ta puissance accomplisse ce que nous célébrons dans cette liturgie … ».

Conformément aux usages de la Pâque juive, Jésus, au cours de son dernier repas pris le pain et le vin pour la prière d’action de grâce. Or la  richesse symbolique de ces deux offrandes est grande. Toutes deux répondent au but de la célébration de l’ Eucharistie (du latin « Eucharistia » ou « action de grâces »). Elles nous aident à découvrir la  profondeur de sa signification.

Le pain

Son origine remonterait à la nuit des temps. Héritier d’une histoire vieille de plus de 5000 ans, il fût longtemps considéré comme la nourriture essentielle de l’homme.

Cet aliment complet donne à l’homme l’énergie physique dont il a besoin. C’est pourquoi, toutes les civilisations le considéraient comme un symbole de vie. En outre, il est le « fruit » d’un dur labeur. Il est du côté de l’effort, de la fatigue et du travail comme nous le précise le récit de la Genèse : « C’est à la sueur de ton visage qui tu gagneras ton pain » (Gn 3, 9).

En outre, nourriture essentielle, il nous rappelle aussi que la parole de Dieu nourrit l’ âme pour la vie éternelle « Je suis le pain de la vie. Le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas, moi, je suis le pain vivant… » (Jn 6, 48 et 50-51).

Le vin

Comme le pain, il  vient de la terre. La vigne est fragile, il faut donc lui prodiguer beaucoup de soins pour que les grappes de  raisin mûrissent. Les intempéries peuvent la détruire.

Tout comme le pain, il « porte » le poids du travail humain. Toutefois, il est aussi du côté de la fête, de la joie d’être ensemble, du partage et comme nous l’indique les noces de Cana, il évoque la surabondance de la miséricorde divine « il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui ».

Le pain et le vin, ce sont nos vies que nous offrons à Dieu

Ces deux espèces représentent nos efforts, nos joies, nos peines, nos peurs. Au cours de l’ offertoire, ce que nous offrons à Dieu, c’est tout ce que nous construisons mais aussi tout ce que nous détruisons. Cette offrande; c’est toute la complexité de notre humanité, capable du bien mais aussi du mal.

     Le rappel du don de la vie offert par Jésus sur la croix

Le symbolisme de ces dons est encore renforcé par le fait que les grains de blé, pour devenir du pain, doivent être battus, moulus et que, pour obtenir du vin, il faut écraser les grappes pour en faire sortir le jus. C’est donc pour toutes ces raisons qu’ils nous rappellent le sacrifice du Christ qui, sur la croix, dans la souffrance, a offert sa vie pour la rédemption du monde.

Du pain et du vin pour offrir nos faiblesses et pour ne former qu’un seul corps.

L’ hostie présentée à Dieu est formée de nombreux grains pétris ensemble et le vin est tiré de nombreuses grappes. Il en est de même pour les fidèles qui participent à l’eucharistie, ils s’unissent dans une étroite communion de cœur et d’esprit pour former le « corps du Christ ».*

Ainsi le prêtre, qui préside l’eucharistie, présente le peuple qui lui est confié. Ce sont nos vies qui, en cet instant, sont portées par l’Esprit et s’associent à celle du Christ. Dans le pain et le vin offert, la supplication des uns devient celle des autres, les peines et les joies des uns deviennent également celles des autres. Tout peut être offert à Dieu, même nos péchés. C’est toute la douleur du monde qui monte alors vers Lui. *

Georgette

Sources : free.fr/cours/arts/conferences – Wikipédia – * « Ceci est mon corps » – Anne Lécu.

Illustration : Wikimédia Commons – Musée Condé à Chantilly – Domaine Public.

 

 

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