Que, par moi, la proclamation de l’Evangile s’accomplisse et que toutes les nations l’entendent (2 Tm 4, 17)

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Dans les versets de la seconde lecture de ce 30ème dimanche du temps ordinaire, Paul s’adresse à Timothée. Sachant que l’heure de son martyre approche, il lui transmet ses dernières recommandations ; elles lui permettront d’assurer le délicat passage des générations (v 6-8). Après son arrestation à Jérusalem, il avait été fortifié dans sa mission par ces paroles du Christ « Courage ! Le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem, il faut que tu le rendes aussi à Rome »(Ac 23-11). A présent, devant l’autorité suprême de l’empire romain, il est prêt . Durant sa vie mouvementée, il n’a cessé de rendre témoignage devants petits et grands « Fort du secours que j’ai reçu de Dieu, j’ai tenu bon… pour rendre témoignage devant petits et grands.»(Ac 26, 22) et a appris de Ben Sira que : « La source de la sagesse, c’est la parole de Dieu … Ses chemins sont les commandements éternels »(Si 1, 5) et que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; que ce qu’Il regarde, c’est le cœur. Sa prédication maintenant pleinement accomplie il est confiant, il a la certitude que, malgré sa mort, toutes les nations entendront le message de l’Evangile.

 

Grâce à ses voyages, le christianisme avait remporté un rapide succès dans la partie orientale de l’Empire Romain et, à la fin du 2ème siècle, les communautés chrétiennes se comptaient par dizaines autour de la mer Egée. Sa diffusion avait été favorisée par les cités de l’Est méditerranéen. Tournées vers le commerce, elles permettaient le brassage des populations, favorisant ainsi son extension. Peu à peu, l’Evangile s’est répandu au-delà des frontières de l’Empire, sur les rives du Tigre, de l’Euphrate et en Arménie. Malgré les persécutions, de plus en plus de Romains se sont convertis. Au début du IVème siècle, l’empereur Constantin autorise la pratique religieuse chrétienne (Edit de Milan en 313) et en 392, l’empereur Théodose en fait la religion officielle de l’Empire ce qui va contribuer à l’expansion de l’Eglise dans le monde. *

 

       

 

                     

 

Au cours des siècles, comme le soulignait le Cardinal Godfried Danneels, Elle a dû affronter tous les défis des temps et des lieux. Elle est le Corps du Christ prolongé à travers les siècles dans une succession d’agonies et de résurrections.

 

Actuellement, les médias se font surtout l’écho de ses échecs, de la crise qu’Elle traverse. « La pelouse est jaune, dit-on. Mais on ne voit pas les touffes d’herbe fraîche qui régénèrent partout le jardin de l’Eglise ». En effet, ils parlent trop peu des défis relevés et réussis du 20ème siècle tels que : le renouveau biblique et liturgique… Partout, des laïcs sont actifs dans les paroisses et la pastorale n’est plus l’unique affaire du prêtre. Des groupes de réflexion, de partage biblique et de prières se réunissent régulièrement. La France compte de nombreux « recommençants » ; ceux qui avaient fait leurs adieux à l’Eglise et à la foi, mais qui aujourd’hui se rendent compte combien étaient précieuses les richesses de l’Evangile. Chaque année, à Pâques, adolescents et adultes reçoivent le baptême. Ils étaient 220 cette année dans notre diocèse (86 adolescents et 134 adultes). Grâce à une masse de professionnels et de bénévoles, Elle se dévoue au tiers et au quart monde, aux marginalisés et aux exclus, soutient les plus faibles.

 

Certes, Elle est confrontée à des problèmes internes : ceux liés à la diminution du nombre des prêtres (particulièrement en Europe), au scandale des abus sexuels, aux tensions en son sein…  A l’extérieur, Elle doit faire face à une société où le « moi » est devenu central, où le plus grand nombre prend de Dieu ce qu’ils désirent au lieu de se mettre à Son service et où une culture exacerbée de la rationalité, de l’efficacité, de la rentabilité et le besoin de vérification se développe. Elle doit également affrontrer le dilemme du progrès scientifique qui, mal maitrisé risque d’aboutir à une déshumanisation de l’Homme. Le duel entre la foi et l’intelligence, la raison et la démarche du croyant est plus que jamais actuel.

 

Mais il est bon de rappeler qu’Elle est ouverte au dialogue, qu’Elle accueille et écoute tous ceux qui, pour diverses raisons s’en sentent   exclus (divorcés-remariés, homosexuel(les) …) et qu’Elle répond aux défis de la nouvelle évangélisation en innovant constamment. **

 

Madeleine Delbrêl avait écrit : « Nous en avons vraiment assez de tous ces crieurs de mauvaises nouvelles, de tristes nouvelles. Ils font tellement de bruit que votre Parole à Vous ne retentit plus». Forte de son expérience, elle aimait à rappeler : « Il y a des lieux où souffle l’Esprit mais il y a un Esprit qui souffle en tous lieux ». Avec cette assurance, demandons à l’Esprit Saint de nous donner la force d’être, dans nos communautés et dans nos lieux de vie des témoins évangélisateurs. Elle avait écrit dans une de ses prières : « Les Paroles, ô mon Dieu, ne sont pas faites pour rester inertes dans nos livres, mais pour nous posséder et courir le monde en nous ». Un extrait de celle écrite pour sa béatification résume sa vie et nous envoie en mission : « Toi qui lui donnas l’amour de l’Eglise, mystère de ton corps aujourd’hui, inspire aux chrétiens le désir de sainteté, dans la rue même où ils habitent et la confiance que la grâce ne leur manquera pas en faisant de leur vie un témoignage de Toi ».***

 

Georgette

 

Sources : * Bible-notes – ** La Croix (l’Eglise et les défis du 3eme millénaire) *** Madeleine Delbrêl : missionnaires sans bateaux.

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