J’ai soif !

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Sur la croix, Jésus prononce cette parole : j’ai soif. Elle est banale, ordinaire. Quoi de plus normal pour un homme qui, attaché à une croix depuis plusieurs heures au soleil, se déshydrate. L’eau n’est elle pas indispensable à la vie ? Des mots normaux mais riches d’enseignements !

 

 

Cette soif nous parle de Sa totale humanité. Bien que Divin, il fut également 100% humain. Parfois difficile de comprendre vraiment cette affirmation ! Quand il était sur cette terre, le Christ a démontré sa totale humanité. Il est venu au monde dans une étable, couché dans un berceau de fortune. Comme tout enfant, il a grandi en sagesse et en taille : « L’enfant,lui, grandissait et se fortifiait… » (Lc 2, 40). Adulte, il a fait l’expérience de l’amitié, de la colère, du découragement, de la fatigue, de la faim, de la joie, de la peur, de la tentation ; il a même pleuré devant la dépouille de son ami Lazare : « Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé …et se mit à pleurer » (Jn 11, 33 et 35). Ses larmes ont également coulé devant Jérusalem : « Lorsque Jésus fut près de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle » (Lc 19, 41).

 

 

Au jardin des oliviers peu avant son arrestation, son esprit se trouble, il est angoissé, il a peur et il prie avec insistance : « Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang » (Lc 22, 44).

 

 

Ce « j’ai soif », est une preuve de la réalité de son humanité. Nous aussi nous faisons l’expérience de la soif, au sens propre comme au sens figuré. Soif d’amour, de fraternité, de justice, de paix, de donner sens à nos vies … Le Christ a partagé tout cela avec nous !

 

 

Cette parole nous fait découvrir l’étendue de ses souffrances. Celle de se sentir abandonné, éprouvé dans son corps, mais aussi celle ressentie face aux injures, à sa nudité sur la croix et aux regards moqueurs alors qu’il y est suspendu, agonisant. Mais elles nous révèlent le dessein de Dieu. Méditons ce passage de la lettre aux Hébreux : « En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc …pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours ». (Hb 4, 15-16). Sa demande nous rappelle que, si nous souffrons dans nos corps, si nous souffrons d’un manque d’amour, d’injustice, du regard des autres, du rejet ….nous pouvons cependant être certains que le Christ a pitié de nous ; ayant partagé notre humanité, il compatit en toutes choses.

 

Mais ce « j’ai soif » exprime un autre désir. Jésus se sent abandonné par son Père. Ces mots  révèlent son besoin de le sentir  à ses côtés. Il fait sienne les paroles du Psalmiste : « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant… »(Ps 41(42) 2-3). Il vient de vivre sa passion dans une solitude extrême. Maintenant, sans force, Il souhaite s’abandonner entre les mains de Dieu ; Il éprouve la nécessité de partager avec Lui cette ultime épreuve. Sa demande traduit ce que nous ressentons quand, nous aussi, nous avons besoin de Son secours, de Ses paroles qui apportent réconfort et soutien. La vie loin de Dieu est aride, désespérante, ingrate et notre cœur se dessèche.

 

 

Si le Christ  a eu soif sur la croix, c’est pour que nous puissions nous abreuver à l’eau qui désaltère à tout jamais. N’a-t-il pas dit à la Samaritaine en parlant de l’eau du puits : «  Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boit de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif, elle deviendra en lui sourcejaillissante pour la vie éternelle » (Jn 4, 13-14). Quelle est donc cette eau ? C’est celle qui sort de son côté percé par la lance : « un des soldats, avec sa lance lui perça le côté, aussitôt il en sortit du sang et de l’eau » (Jn 19, 34). Où pouvons-nous trouver cette eau qui vient combler nos aspirations les plus profondes et donne sens à nos vies ? Dans l’Ancien Testament, dans les paroles dites par le Christ et dans l’Eucharistie.

 

 

Demandons-nous si nous prenons le temps de venir les écouter, de les lire, de les approfondir ? Demandons-nous si nous avons le désir de nous y désaltérer, de « les  boire à grosses gorgées » afin de ne pas laisser nos cœurs se dessécher ? Demandons-nous si nous avons le désir de nous nourrir du pain Eucharistique et de Sa parole ?

 

 

Jésus seul peut étancher la soif de nos désirs. S’il est mort pour nous, c’est pour que nous n’ayons plus jamais soif. Méditons la conclusion du psaume 41 : «  la masse de tes flots et de tes vagues a passé sur moi. Au long du jour, le Seigneur m’envoie son amour ; et la nuit son chant est avec moi, prière au Dieu de ma vie…Pourquoi te désoler ô mon âme, et gémir sur moi ? Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce : il est mon sauveur et mon Dieu ! » (Psaume 41 (42) 8-9 et 12).

 

 

Puissions-nous ainsi être unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité et comprendre la grandeur de la nôtre.

Georgette

Source : Nicolas Farelly – Rédacteur en chef des cahiers de l’école pastorale.

 

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