« Je suis qui je suis » (Ex 3. 1-8. 10 ; 13-16)

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Image du buisson ardent de Nathalie Lockhart

La première lecture de ce 3eme dimanche de carême est un récit fondateur pour le peuple d’Israël. Il nous rappelle que Moïse, qui a vécu dans les palais Egyptiens, est devenu un errant, un nomade toujours à la recherche d’un pâturage pour faire paître son troupeau. Ses pas le conduisent au pied du Mont Horeb. C’est là qu’il vit une théophanie. Dieu se manifeste à lui pour une rencontre personnelle. Il va y révéler sa présence et sainteté : «… le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! » (v 2 à 4), lui dire qui Il est : « Je suis le Dieu de tonPère(v 5) et révéler sa présence compatissante : « j’ai vu la misère de mon peuple… J’ai entendu ses cris…Je connais ses souffrances » (v 7-9), lui annoncer ce qu’il attend de lui : «  … va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël… »(v 10) et enfin lui enseigner qui Il est, ce qu’Il est : « Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : « Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS » (v 14).

 

C’est à l’aide de l’œuvre du peintre Indien Paul Koli (datant de 1984) que nous allons méditer ce texte. S’inspirant de motifs bouddhiques, elle a été peinte sur une étoffe selon la méthode du batik (méthode ancestrale d’impression d’un dessin sur un tissu). Elle retrace l’expérience de Moïse au buisson ardent qui ici est entouré d’une nuée (elle représente la présence invisible mais pourtant réelle de Dieu). Elle accompagnera le peuple Hébreu pendant sa longue traversée du désert). Le feu, qui maintient la distance entre l’Homme et Dieu (personne ne peut prétendre être son égal) reste une image parlante de divinité et est l’un des symboles de l’Esprit Saint. Au centre du brasier, dans la zone orangée se dessine un visage, on y distingue deux yeux. Ils symbolisent le regard de Dieu posé sur son peuple, sur l’humanité et rappelle que nous ne sommes pas abandonnés même au moment des difficultés : « J’ai vu la misèrede mon peuple » (Ex 3, 7). Mais Dieu ne fait pas que voir, Il agit. En haut, au milieu de la nuée, deux mains ouvertes apparaissent dans un geste d’offrande et d’accueil. Sur les paumes se dessinent deux tâches orangées. Pour que Moïse puisse l’entendre, Dieu lui demande d’avancer, de quitter ses sandales. Cette invitation à se déchausser nous indique Son désir; c’est en quelque sorte une demande, une invitation : Ne crains pas d’entrer chez moi. Accepter d’obéir à cette demande est le geste par lequel Moïse accepte d’entrer dans la proximité de Dieu (quand on vit dans une maison avec quelqu’un on retire ses chaussures). En bas du buisson, sous le visage esquissé, il y a donc l’empreinte de ses pieds. Comme les mains, ils portent une marque. Ces quatre tâches évoquent déjà les stigmates de la Croix. Les flammes jaunes qui s’élèvent ne sont pas sans nous rappeler la lumière (celle qui brille dans les ténèbres, celle qui alterne avec la nuée dans le désert, celle dont nous parle St Jean dans son prologue : « La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée…Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde »(Jn 1, 5.9) celle qui nous est remise au baptême. La réponse de Dieu à Moïse : « Je suis qui je suis », signifie « Je suisdepuis toujours, J’existe depuis toujours et pour toujours – Je suis toi, je suis l’esclave – Je suis partout et en tout… » Dieu sort de lui-même pour aller à notre rencontre.*

 

Par ce dessin, Paul Koli veut nous rappeller que Moïse est le médiateur choisi par Dieu pour libérer le peuple Hébreu opprimé en Egypte et le conduire vers la terre promise à Abraham. Mais ce n’est qu’une étape ; la définitive sera celle réalisée par le Christ : « Il n’y a qu’un seul Dieu ;il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus » (1 Tm 2, 5).A Moïse, Dieu a donné la loi qui devait diriger la vie du peuple élu. Quant au Christ, il n’est pas venu l’abolir mais accomplir le dessein de Dieu qui permettra à tout homme d’être sauvé : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17). Le nom de Moïse signifie « tiré des eaux », on peut donc y voir une allusion à l’Eglise qui peut dire à chaque baptisé : « Je t’ai tiré des eaux ; autrement dit : « je t’ai guéri, régénéré, je t’appelle à une re-naissance ». Moïse au moment de la Transfiguration du Christ (évangile lu la semaine dernière) est présent pour Lui rendre témoignage de la nouvelle Alliance : « …deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Elie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem » (Lc 9, 30-31) **

 

Pour conclure, souvenons-nous : à chaque Eucharistie, Dieu nous propose une rencontre personnelle. Au début de la célébration, nous sommes toujours salués par ces mots : « Le Seigneur soit avec vous ». Quelles sont alors nos interrogations, que voulons-nous Lui dire et surtout sommes nous capables de voir en Lui notre seul salut ? **

Georgette

Sources :

*   Liturgie CAP Mérignac

**   Nominis

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