Homélie du 3ème dimanche de l’Avent le 16/12 à Enghien

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Aujourd’hui, c’est le dimanche de la joie. Toutes les lectures nous parlent de la joie. « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Réjouis-toi, fille de Jérusalem ! » (Sophonie 3, 14). « Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire ; soyez dans la joie. » (Ph 4, 4). « Jean annonçait la Bonne Nouvelle » (Lc 3, 18). La joie !

Où est la joie ? Où chercher la joie ?Comment accueillir cette joie ?

Au Mali, j’ai découvert cette belle histoirede l’islam soufi, que j’aime raconter.

« Un habitant de Bamako avait gaspillé son héritage et se trouvait dans le dénuement. Après qu’il eut adressé à Dieu d’ardentes prières, il rêva qu’il entendait une voix lui disant qu’il existait dans la ville du Caire un trésor caché à un certain endroit. Arrivé au Caire sans argent, il résolut de mendier, mais il eut honte de le faire avant que la nuit fût tombée. Comme il errait dans les rues, il fut saisi par une patrouille qui le prit pour un voleur et le roua de coups avant qu’il ait pu s’expliquer. Il y parvint enfin, et raconta son rêve avec un tel accent de sincérité qu’il convainquit le lieutenant de police. Celui-ci s’écria : « Je vois bien que tu n’es pas un voleur, que tu es un brave homme ; mais comment as-tu pu être assez stupide pour faire un aussi long voyage en te basant sur un songe ? Moi, j’ai rêvé bien souvent d’un trésor caché à Bamako, dans telle et telle rue, dans la maison d’un tel, et je ne me suis pas mis en route pour cela. » Or la maison qu’il mentionnait était celle du voyageur. Ce dernier, rendant grâces à Dieu que la cause de sa fortune fût sa propre erreur, retourna à Bamako où il trouva le trésor enfoui dans sa maison. »

Souvent, nous rêvons, nous croyons que si nous étions dans un autre pays, dans une autre communauté, si nous étions dans une autre famille, si nous avions un autre visage, si nous étions plus grands ou plus beaux, plus riches, mieux payés, nous serions heureux. Non ! Ne vous laissez pas séduire par des joies au bout du monde ou des joies à la mode. La joie, elle est toute simple et toute proche. Elle est là, chez nous. Elle est là, en nous, dans notre cœur. « Le Seigneur ton Dieu est en toi, … il aura en toi sa joie » (So 3).

Comment accueillir cette joie ?En ouvrant nos yeux. Contemplons ce que le Seigneur nous donne (la vie, …), et regardons la beauté de la création, la beauté de l’homme et de la femme, avec les yeux mêmes de Dieu. « Et Dieu vit que cela était bon », « et Dieu vit que cela était très bon ». Quelle joie de voir un visage illuminé par un sourire ! Quelle joie de voir un enfant grandir et devenir un adulte ! Apprenons à nous réjouir de ce qui nous entoure. C’est là que se trouve notre joie. « Je vous donne une joie qui ne passera pas » (Jn 16, 22).

Comment accueillir la joie ?En vivant tout ce que nous faisons, avec cœur. Si en faisant la cuisine, vous êtes en train de dire, « quelle corvée ! Quand est-ce que je finirai cette cuisine ? » Vous ne serez jamais heureux. Mais si vous la faites avec cœur, en pensant avec amour à ceux qui vont se régaler de vos plats, à ce moment vous aurez la joie. Vivons la joie dans ce que nous faisons, dans ce que nous sommes. Vous êtes à la maison ou au travail, vous êtes dans la rue, vous attendez le train, vivez la joie.

Le secret de la vie est de trouver la joie dans ce qu’on a, dans ce qu’on est, avec ceux avec qui on vit, avec votre mari, votre épouse et vos enfants tels qu’ils sont, tels qu’ils sont. Vous allez me dire : « quand mon mari changera, vous allez voir je serai dans la joie », mais il ne changera pas ; « quand ma femme changera, vous allez voir je serai dans la joie », elle ne changera pas. « Mon père, vous exagérez ! » Non, n’attendez pas, elle changera peut-être, il changera peut-être, ils changeront peut-être, et aidez-les à changer, mais n’attendez pas qu’ils changent pour les aimer et vivre la joie. C’est maintenant, c’est ici, avec cette douleur, avec ce mauvais temps, avec cet échec, comme je suis, que je suis appelé à vivre la joie. Cette joie de Noël que nous allons fêter, c’est quoi ? Noël, c’est un petit enfant qui arrive dans le froid, pas de couverture, pas de place pour eux dans les auberges, et pourtant ils avaient la joie.

Comment accueillir la joie ? La joie finalement c’est aussi savoir se donner. Pensez aux questions de tous ceux qui venaient auprès de Jean pour se faire baptiser : « que devons-nous faire ? » Jean leur montre que la joie d’une vie se trouve dans le partage, dans le don, dans le don de soi. « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’a pas ; celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ». « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé ». « Ne faites ni violence ni à tort à personne ; et contentez-vous de votre solde ».

Notre vie sera heureuse dans la mesure où elle sera tournée vers les autres. On ne cherche pas le bonheur pour soi, on ne cherche pas la joie pour soi, on donne la joie. Et la joie vient quand on la donne. Tu trouveras ton bonheur, tu trouveras ta joie dans la mesure où tu oublieras ta joie, où tu vivras pour l’autre. Et l’autre alors te renverra cet amour que tu cherches, cette joie que tu poursuis sans parvenir à la trouver.

Au début de l’évangile, il y a la joie de Noël, et à la fin de l’évangile, il y a la joie de Pâques. Et entre les deux, au cœur de l’évangile, nous avons la joie des béatitudes : « heureux les doux », « heureux les artisans de paix », « heureux les miséricordieux ». Au cœur de la bonne nouvelle, il y a la joie. Accueillons cette joie, essayons de la vivre, partageons-la autour de nous, qu’elle nous inonde le cœur et demeure en nous.

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