Homélie de la messe d’action de grâce du 22 juin

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« Pondus meum, amor meus ». La pesanteur qui m’entraîne, c’est mon amour. C’est un des grands maîtres mots de saint Augustin. Il se trouve dans les Confessions (13, 9, 10). De même que la pesanteur entraîne nos corps vers la terre,de même notre amour entraîne nos cœurs et tout notre être vers l’objet de leurs désirs. Un proverbe togolais le dit de manière très concrète : « Là où le cœur est, les pieds n’hésitent pas à y aller ». C’est l’amour qui nous fait bouger.

Mais où se trouve l’objet de notre amour ? « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ». Quel est ce trésor qui attire nos cœurs ? J’aimerais avec vous partager le trésor qui habite mon cœur, il tient en trois mots : le Christ, la fraternité, et la mission.

Le Christ d’abord. Depuis mon enfance, la figure du Christ m’a toujours fasciné. Quand j’étais petit, c’étaient les miracles qui retenaient mon attention : la multiplication des pains, les nombreuses guérisons, la résurrection de Lazare. Plus tard, ce sont les appels à le suivre lancés dans l’évangile, sa Passion et sa résurrection. Aujourd’hui, c’est la puissance de vie contenue dans sa Parole qui me bouscule sans cesse. Chaque fois que je lis les évangiles, lors des célébrations ou dans le silence de ma chambre, chaque fois que je le contemple, chaque matin lors de mon oraison, je me sens aimanté par Lui. Pour lui j’ai tout lâché, à l’image de la Bien-aimée du Cantique des Cantiques : « j’ai trouvé Celui que mon cœur aime, je l’ai saisi et je ne le lâcherai pas ».

La fraternité ensuite. Pas de relation au Christ qui ne soit qu’individuelle. Toute relation au Christ est au contraire fondamentalement communautaire. On s’unit au Christ total, tête et corps. En s’unissant au Christ, on entre dans un corps, on entre dans des relations étroites avec chacun des membres, on entre dans une famille, on entre dans une vraie fraternité. Une fraternité étonnante, car elle nous lie non pas avec nos semblables, avec ceux qui nous ressemblent, avec ceux qui nous disent ce que nous voulons entendre, mais elle nous lie à tous, à ceux qui sont parfois très différents de nous par la culture, par l’histoire, par les options personnelles, elle nous lie même à ceux qui peuvent être opposés à nous. La fraternité n’est donc pas naturelle, elle est à construire par l’écoute, par la culture de l’estime, par la bienveillance, par la tendresse. Et nous savons que nous n’avons jamais finir de la construire cette fraternité.

La mission enfin. Uni au Christ, comment ne pas aller à la rencontre de tous sur les chemins de nos vies ? Vers l’étranger qui recherche une famille, vers l’homme laissé pour mort au bord de la route, vers les aveugles en quête de lumière, vers les affamés de paix et de justice, vers les assoiffés de sens, vers tout ce qui construise déjà une humanité plus humaine. On ne peut pas être du Christ et rester cloîtrer dans les murs de son église et de sa paroisse, comme aime à le rappeler le pape François, on ne peut qu’être « en sortie ».

C’est ce trésor pour lequel j’ai donné ma vie, c’est ce trésor que le Seigneur nous laisse en héritage à nous les baptisés, c’est ce trésor que nous souhaitons mettre en œuvre à travers toutes les initiatives pastorales de l’année à venir dont nous vous parlerons prochainement et toutes celles de cette année passée : association Mp3 pour rejoindre les jeunes à partir de leurs passions et les accompagner dans leur relation vivante avec le Christ, atelier d’aide à la recherche d’emploi pour être proche de ceux qui vivent cette difficulté, espace Charles Péguy pour bâtir des ponts avec les personnes qui passent et vivent ici et échanger avec eux sur les grandes questions de la vie à travers spectacles, conférences, et concerts, pèlerinages pour faire grandir nos liens entre communautés si différentes et si riches, temps de prières et messes pour développer notre lien au Christ.

Demandons au Seigneur de raviver notre amour !

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