Saint Pierre Claver « L’esclave des esclaves » (+ 1654)

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Dans le cadre du festival « un monde, des cultures » sur la Colombie à Saint-Gratien, notre groupement paroissial a proposé deux projections d’un petit film de Marie Viloin « L’esclave des esclaves », l’une à St Paul et l’autre salle St Philippe au presbytère de St Gratien. Suivi d’un débat, il nous présentait la vie de St Pierre Claver à travers le regard de Pierre-Claver Hien, historien burkinabé qui débarque sur le port de Carthagène des Indes en Colombie. Ce voyage est pour lui l’occasion de revivre les souffrances de ses frères africains, mais il est surtout un cheminement intérieur puisqu’en Afrique, le prénom donné engage un projet de vie. Il s’interroge donc sur, Pedro Claver, colon mais religieux jésuite, qui a voué sa vie au salut des esclaves noirs. Parcourant les différents lieux de mémoire avec deux afro-colombiens, une Noire et un Blanc, il s’efforce de comprendre cet Espagnol qui a voué sa vie aux esclaves sans pour autant dénoncer le système rendu licite par l’Eglise même. Par la réconciliation d’un Noir avec un Blanc, de l’Africain avec ses frères américains de couleur, la fin apporte un message d’espérance.

Le débat qui a suivi nous a permis de comprendre à quel point nos frères Antillais étaient encore profondément marqués par l’esclavagisme. Certains ont découverts tardivement leur histoire familiale et se reconnaître descendants d’esclaves demeure un traumatisme. Une question a été posée sur le sens à donner au nom que s’est donné Pierre Claver le jour de son engagement  solennel : « esclave des noirs pour toujours ». La réponse se trouve probablement dans un profond désir de ressembler au Christ qui, le jeudi saint, avait pris la position du serviteur chargé de laver les pieds des convives. Ce geste incombait habituellement au serviteur ou à l’esclave (rappelons que l’esclavage existait déjà dans la Haute Antiquité). Il a même poussé cette ressemblance jusqu’à accepter le mépris et la violence d’Emmanuel, l’esclave qui l’aidait et le servait, trouvant sans doute cette force dans la méditation du chant du serviteur souffrant : « Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient… » (Is 50, 5).

Le 10 Septembre 2017, pendant son voyage en Colombie, le Pape François a déclaré : « Austère et rempli de charité jusqu’à l’héroïsme, après avoir soulagé la solitude de centaines de milliers de personnes, il n’est pas mort entouré d’honneur, on l’a oublié et il a passé les quatre dernières années de sa vie, malade et dans sa cellule et dans un état épouvantable d’abandon.C’est ainsi que le monde paie ; Dieu l’a payé autrement … »  Puis il a continué : « Il a témoigné admirablement de la responsabilité et de l’intérêt que chacun d’entre nous doit avoir pour ses frères…. Cependant aujourd’hui, en Colombie et dans le monde, des millions de personnes sont vendues comme esclaves, ou bien mendient un peu d’humanité, un moment de tendresse, prennent la mer ou la route, parce qu’elles ont tout perdu, à commencer par leur dignité et leurs propres droits. Notre Dame de Chiquinquirá et Pierre Claver nous invitent à travailler pour la dignité de tous nos frères, spécialement pour les pauvres et pour les personnes marginalisées par la société, pour ceux qui subissent la violence et la traite. Tous, ils ont leur dignité et sont une image vivante de Dieu. »

Vous êtes invités à découvrir ou revoir ce film en cliquant sur ce lien :
https://gloria.tv/video/VMKurmdsSuvX6d1KYusqNiW19

Georgette

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