« Nous verrons Dieu tel qu’il est » (1 Jn 3, 1-2)

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Ce court passage de la 1ère lettre de Jean nous incite à réfléchir sur trois points de notre foi que nous confessons dans le credo. Pourquoi dire :

1) Que Dieu est notre Père –

2) Que nous sommes ses enfants –

3) Que signifie nous verrons Dieu tel qu’il est ?

 

L’usage du mot Père, pour désigner Dieu, ne nous est pas réservé. Dans l’antiquité, nous retrouvons ce titre chez Homère : Zeus était le Père des dieux et des hommes ; chez les Assyro-Babyloniens et les Egyptiens, plusieurs Dieux portaient ce nom … Cette appellation humaine et universelle pour parler du « Divin » est la plus répandue dans le monde. Mais, dans la tradition Judéo-Chrétienne, la « paternité de Dieu » a un tout autre sens. Il est père parce que : à l’origine de la création, c’est lui qui nous a désirés et créés à son image :Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » (Gn 1, 26) ; or elle est un signe de filiation ; Il est éducateur, il a donné à Moïse, par le décalogue, des règles de vie structurantes (Ex 20, 1-18), mais tout en conseillant ses « enfants », il les laisse libres de leurs choix : « Tu le sauras en ton cœur : comme un homme éduque son fils, ainsi Dieu fait ton éducation. »(Dt 8, 5) ; Il les enseigne: « Vois : Dieu est sublime en sa force. Qui enseigne comme lui ? »(Job 36, 22)et c’est un père adoptant : « Mon fils premier-né, c’est Israël ». Par ce titre de fils donné à ce petit pays, il désire : éduquer ses habitants, les former, changer leur mentalité d’esclaves. C’est d’ailleurs ce que Moïse rappelle : « Est-ce là, ce que tu rends au Seigneur … n’est-ce pas Lui, ton père qui t’a créé, Lui qui t’a fait et affermi … (Dt 32, 6). Par ce lien filial, Dieu révèle son désir d’entrer en relation avec l’humain pour l’aider à se construire et le conduire à la liberté. Et c’est l’un des rôles essentiel de la paternité ! Ce titre de Père nous le reconnaissons dans les prières eucharistiques : Père infiniment bon(n° 1), Père très saint (n° 2), Dieu notre Père (pour la réconciliation n° 2) et dans la seule prière reçue du Christ : Notre Père ….

 

De nombreux récits bibliques évoquent notre « filiation » divine : « Le Seigneur ton Dieu t’a porté, comme un homme porte son Fils »(Dt 1, 31)  « … vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père !(Rm 8, 15). L’enfant, dans l’Orient ancien, dépendait de ses parents jusqu’à ce qu’il devienne adulte il n’avait pas de statut social et travaillait pour son père. Mais, contrairement au serviteur, il héritait du père. Cet héritage était une sorte de cadeau puisqu’il ne tenait aucun compte des qualités personnelles du fils, ni de ses mérites. Cet exemple nous donne une belle image du salut de Dieu. Ce n’est pas une récompense mais un don gratuit, c’est ce que nous dit Paul : « …tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu (Gal. 4:7). S’avouer être « fils de Dieu », implique une acceptation : « C’est pourquoi je tombe à genoux devant le Père, de qui toute paternité au ciel et sur terre tient son nom » (Eph. 3, 14-15). Cette filiation, révélée par l’Esprit Saint : « C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Rm 8, 16), nous invite à consentir à ce « titre en nous efforçant d’être semblable au Christ, en mettant en pratique les vertus qu’il a enseignées, telles que : la douceur, l’humilité, la patience … : « Frères, puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes ses fidèles et ses biens aimé, revêtez votre cœur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience… ».(Col. 3, 12).

 

La Bible nous indique qui est Dieu : « Le Seigneur notre Dieu est l’Unique » (Dt 6, 4) ; Son nom est révélé à Moïse : …Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : « Celui qui m’a envoyé vers vous c’est : JE-SUIS» (Ex 3, 14). Tous ces écrits permettent de découvrir, bien imparfaitement, l’essence même de notre créateur : Il est celui qui est présent, accessible, proche de ceux qui crient vers lui : « Dans leur angoisse, ils ont criés vers le Seigneur, et lui les a tirés de la détresse »(Ps 106, 13), qui ont besoin d’être pardonnés : «… libère-moi, prends pitié de moi» (Ps 24,11), d’être dirigés : «…tu me guides et me conduis» (Ps 30, 4). Le Nouveau Testament, quant à lui nous renseigne sur la nature de Jésus. Son nom même : « Dieu sauve »  nous indique quelque chose de sa filiation unique avec celui qu’il appelle : « AbbaPapa » en signe de tendresse, de proximité et de respect. Par sa vie donnée, et en mettant nos pas dans les siens, il nous ouvre un chemin vers le Père et vers l’invisible : «  … tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père… » (Jn 14, 9). Cependant notre compréhension de Dieu reste imparfaite. Toutefois le germe de vie divine, reçu au baptême, nous invite à nous laisser conduire par l’Esprit Saint : « puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit »(Gal 5, 16). Ce cheminement, en sa compagnie, doit nous permettre de progresser, d’affronter les épreuves, de combattre le mal. Jean n’a-t-il pas dit : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle »(Jn 3, 16). Pour celui qui croit, cette vie commence dès aujourd’hui. Néanmoins, ce n’est qu’au terme « de notre passage « terrestre », que nous pourrons enfin contempler le « visage d’amour » du Père et du Fils et vivre pleinement, dans une joie éternelle, la réalité de leur présence.

Georgette

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