La source de l’ œcuménisme spirituel

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– Wikimédia Commons : Premier Concile de Nicée –
église de Stavropoleos – Bucarest  ( Roumanie) – Domaine Public

En 325 avait lieu à Nicée le premier concile œcuménique et le 20 mai dernier, cette importante commémoration fut célébrée à Istanbul.

Afin de mesurer la portée de son actualité, notre groupement paroissial propose à partir du mois de novembre :

Un parcours de 5 séances sur le credo (voir les dates et les thèmes ci-dessous)

Puisqu’ il fut un fait marquant pour l’ Église, le RIEVO (Rencontre inter-églises du Val d’Oise) organisait, en juin dernier :

  • Une conférence sur  l’ essentiel des affirmations du symbole de Nicée que nous partageons avec les confessions chrétiennes majoritaires, à savoir :
  • Le Catholicisme, l’ Orthodoxie, et la plupart des Églises issues du protestantisme.

La dimension de ce concile

Le père Louis-Marie Chauvet (Théologien) était venu en expliquer toute sa force, puisque comme il le précisait  :

  • La confession christologique du Concile de Nicée apparaît :
  • Comme la source de l’ œcuménisme spirituel.

Enfin, puisqu’ il est l’  un  des fondements des liens entre les chrétiens, il vise à restaurer l’ unité entre toutes les confessions chrétiennes :

  • En encourageant le dialogue et la collaboration entre ces différentes confessions chrétiennes.

Autrement dit :

  • Il œuvre à promouvoir l’ unité chrétienne

C’ est pourquoi, le Concile Vatican II le définit comme :

  • « L’ âme de tout l’ œcuménisme » (UR, n. 8).

En conséquence, nous vous proposons de (re)découvrir l’ introduction de l’ intervention du père Louis Marie Chauvet.

Le concile de Nicée : Le premier de 21 conciles œcuméniques de l’ Église

Icône : Concile de Nicée – 10 hommes tiennent une partie du texte
du Credo rédigé en Grec. Wikimédia Commons – Domaine Public

L’ empereur Constantin qui souhaite unifier l’empire romain condamne l’ arianisme (Arius, prêtre d’Alexandrie (250-336) et ses disciples.)

En effet, ils professaient que, dans la Trinité :

  • Jésus était subordonné au Père et non de la même essence. Il n’ était pas égal au Père

C’ est pourquoi, au cours de ce Concile, le dogme de la Consubstantialité est défini. Ce mot signifie :

  • Que Jésus est pleinement Dieu, à l’égal du Père.

Ouverture de la conférence

Finalement, il est clair que l’ importance du concile de Nicée pour nous aujourd’hui est liée essentiellement à la question de la consubstantialité du Fils par rapport au Père… L’ enjeu est vraiment immense. Je m’explique …

Jésus le Fils est pleinement Dieu à l’égal du Père. Dès lors, le 4eme concile œcuménique, celui de Chalcédoine en 451 (après Nicée en 325,Constantinople en 381, qui insistera sur la divinité du Saint Esprit, et Ephèse en 431 qui dira de Marie qu’elle est « Mère de Dieu ») pourra dire de Lui qu’ il est à la fois :

  • « pleinement Dieu » (consubstantiel au père selon la divinité) et « pleinement homme » (consubstantiel à nous selon l’ humanité) et précisera, ce qui est de toute première importance, qu’ il n’ y a, entre sa divinité et son humanité : « ni confusion » (ce qui signifie qu’ il  n’ est pas un mélange des deux, comme le rouge et le jaune donnent de l’ orange ou comme s’ il était un infra-dieu ou un sur-homme) ni à l’ inverse séparation (traduction : il ne joue pas tantôt à Dieu, par exemple quand il fait un miracle, tantôt à l’ homme, par exemple quand il pleure son ami Lazare).

Le fait que l’ Église ait pu tenir dans la foi sur une ligne de crête aussi étroite me semble être le meilleur coup de l’Esprit Saint ! À priori, cela semblait impossible.  Il y eu, du fait, tant et tant de déviations (hérésies) à ce sujet, celle d’ Arius notamment …

Ainsi, c’ est dans l’ épaisseur et même l ’opacité (la croix !) de l’ humanité de Jésus que la foi nous invite à reconnaître le visage de Dieu, lui-même.

Pour le dire autrement, c’ est dans un extrême d’ humanité que Dieu révèle son extrême divinité …

Or, l’ extrême de l’ humanité, c’ est l’ amour : « Il n’ y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’ on aime ».

En Jésus, Dieu s’ est révélé comme étant amour POUR nous : amour à en perdre la vie !

Mais,(2eme conséquence majeure), si Dieu peut ainsi être amour POUR nous jusqu’ à en perdre la vie, c’ est parce qu’ il est amour EN lui-même.

C’ est cela que signifie la Trinité … On devine évidemment la difficulté à ce sujet : si le fils, ainsi que le Saint Esprit sont, eux aussi, pleinement Dieu, ne professe-t-on pas un « Tri – Théisme » ?.

L’ Église, dans son Credo, ne cessera d’ y insister :

  • « Je crois en un seul Dieu … ». Une seule « essence » ou « nature » divine.

Mais dira-t-on en « trois personnes » = polythéisme !

Non, les Chrétiens sont véritablement des monothéistes, aussi radicalement que leurs aînés les juifs ou que les musulmans.

Mais leur monothéisme n’ est pas monolithique.

C’ est un monothéisme ouvert, parce que monothéisme de relations, et de relations d’ amour, EN Dieu lui-même…

Sur ce point encore, quel défi de tenir sur une si étroite ligne de crête ! Mais l’ enjeu est immense :

Je ne peux témoigner de ce Dieu Unique s’ il est bien relation et relation d’ amour :

  • que dans l’ ouverture à l’ autre, dans la bienveillance et le respect de lui ou d’ elle, bref dans l’amour …

Dès que je « bétonne » en me crispant sur mes « certitudes », je me mets en contradiction avec celui dont je prétends être le témoin !

Quel programme, quel beau programme nous est ainsi donné…

Beau programme parce qu’ il fait grandir aussi bien en humanité qu’ en spiritualité.

Dès lors, comment ne pas être fier, humblement fier (nous n’avons de leçon à faire à personne ! ) d’ être Chrétien ?

N’ est-ce pas une formidable grâce ?

Pour conclure :

Icône Orthodoxe du premier concile de Nicée –
Wikimédia Commons – Domaine Public

Le Concile de Nicée reste un jalon essentiel dans l’ histoire du christianisme, tant pour ses implications théologiques que :

  • Pour son rôle dans la structuration institutionnelle de l’ Église

Puisque le Credo nous invite à redécouvrir notre foi et à la faire grandir, faisons nôtre cette prière du pape François :

Notre Dieu, Trinité d’ amour, par la force communautaire de ton intimité divine fais couler en nous le fleuve de l’ amour fraternel.

Donne-nous cet amour qui se reflétait dans les gestes de Jésus, dans sa famille de Nazareth, et dans la première communauté chrétienne.

Accorde aux Chrétiens que nous sommes de vivre l’ Évangile et de pouvoir découvrir le Christ en tout être humain, pour Le voir crucifié dans les angoisses des abandonnés et des oubliés de ce monde et  ressuscité en tout frère qui se relève.

Viens, Esprit Saint, montre-nous ta beauté reflétée en tous les peuples de la terre, pour découvrir :

  • Qu’ ils sont tous importants, que tous sont nécessaires, qu’ ils sont des visages différents de la même humanité que tu aimes.

Amen !

Georgette

Sources : Introduction de la conférence de Louis-Marie Chauvet – Nouvelle revue Théologique (Le concile de Nicée et ses enjeux actuels).

Image mise en avant : Icône syriaque du XVe siècle représentant l’empereur Constantin et les 318 pères ( Domaine Public)