Dimanche nous fêterons la solennité du Corps et du Sang du Christ qui commémore l’ institution du sacrement de l’ Eucharistie.
En réalité, elle est un appel :
- à approfondir le sens de ce sacrement,
Mais aussi :
- la place qu’ il tient dans notre vie,
C’ est pour cela que nous vous invitons :
- à re(découvrir) le Sermon 272 de Saint Augustin sur l’ Eucharistie.
La signification de ce sacrement
Cette homélie s’ adresse aux nouveaux baptisés.
C’ est pourquoi, après leur avoir dit que ce qu’ ils ont déjà vu sur l’autel :
- Est le corps même et le sang de Jésus-Christ,
Il indique :
- Tout le sens de ce sacrement.
Travailler à devenir nous-mêmes le Corps du Christ
Puis, il explique que, pour devenir nous-mêmes le corps de Jésus-Christ, il faut :
- Faire en nous le travail qui se produit sur le blé et sur le raisin pour en faire le corps et le sang du Sauveur
En effet leur dit-il :
« Ce que vous voyez maintenant sur l’ autel, vous l’ avez déjà vu la nuit dernière.
Mais qu’ est-ce ? Qu’ est-ce que cela signifie? Quel grand et mystérieux enseignement y est contenu? On ne vous l’ a pas dit encore.
Que voyez-vous donc ? Du pain et un calice; vos yeux mêmes en sont garants;
Mais, puisque votre foi demande à s’instruire, ce pain est le corps du Christ, ce calice est son sang. »
La foi désire comprendre
Ensuite, il ajoute que malgré la foi, nous cherchons toutefois à comprendre le sens réel de ce sacrement.
- « Voilà la vérité en deux mots, et c’ est peut être assez pour la foi.
Cependant, la foi désire comprendre, car un prophète a dit :
- « Vous ne comprendrez point, si vous ne croyez ». (Isaïe, VII, 9, sel. LXX.)
Vous pourriez me dire en effet: Tu nous as ordonné de croire, fais-nous comprendre maintenant.
Chacun de vous ne sent-il pas s’ élever dans son esprit une réflexion et ne se dit-il pas :
- Nous savons où Jésus-Christ Notre-Seigneur a pris un corps ; c’ est dans le sein de la Vierge Marie.
Enfant, il a pris le sein maternel, on l’ a nourri, il a grandi, il est parvenu jusqu’ à la jeunesse;
Puis il a été persécuté par les Juifs, attaché au gibet, mis à mort sur un gibet, descendu de ce gibet; il est ressuscité ensuite le troisième jour.
Et le jour qu’ il a voulu il est monté au ciel ; c’est là qu’ il a porté son corps ; c’ est de là qu’ il viendra juger les vivants et les morts; c’ est là qu’ il est maintenant assis à la droite du Père :
Comment donc ce pain est-il son corps ? Comment ce calice, ou plutôt ce que contient ce calice, est-il son sang ? »
Les sacrements, une grâce spirituelle
D’ autre part, il les invite à découvrir la grâce spirituelle des sacrements.
- « Si l’ on dit, mes frères, que ce sont ici des sacrements, c’ est qu’ ils expriment autre chose que ce que l’ on voit en eux.
Que voit l’ œil ? Une apparence corporelle. Que saisit l’ esprit ? Une grâce spirituelle.»
Nous sommes le corps du Christ
En outre, il leur précise ce qu’ est le corps du Christ :
« Veux-tu savoir ce qu’ est le corps du Christ ? écoute l’Apôtre, voici ce qu’ il écrit aux fidèles :
- « Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps.». ( 1 Co 12, 27).
Mais si vous êtes le corps et les membres du Christ, n’ est-ce pas votre emblème qui est placé sur la table sacrée, votre emblème que vous recevez, à votre emblème que vous répondez Amen, réponse qui témoigne de votre adhésion ?
- On te dit : Voici le corps du Christ.
- Amen, réponds-tu.
Pour rendre vraie ta réponse, sois membre de ce corps.»
Pourquoi sous l’ apparence du pain ?
De surcroît, il prend le pain comme exemple pour expliquer comment nous devenons, grâce à l’ Eucharistie, un seul corps :
- « Ne disons rien de nous-mêmes ; écoutons encore l’ Apôtre, voici comment il s’ exprimait en parlant de ce sacrement :
Quoiqu’ en grand, nombre, nous sommes un seul pain, un seul corps ( Ib. X, 17. ) ».
Comprenez et soyez heureux.»
Un pain n’ est pas formé d’ un seul grain
Aussi rappelle-t-il, à propos du pain, sa constitution :
- « O unité ! ô vérité ! ô piété ! ô charité ! « Un seul pain ».
- Quel est ce pain? « Un seul corps ».
Rappelez-vous qu’ un même pain ne se forme pas d’ un seul grain, mais de plusieurs.
Au moment des exorcismes, vous étiez en quelque sorte sous la meule ;
Au moment du baptême, vous deveniez comme une pâte ;
Et on vous a fait cuire en quelque sorte quand vous avez reçu le feu de l’Esprit-Saint.
Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes. Voilà ce qu’enseigne l’Apôtre sur ce pain sacré.
Mais, sans même en parler, c’ est dire suffisamment ce que nous apprend ce calice. Pour former cette apparence sensible de pain, on unit avec l’ eau :
- La farine de plusieurs grains, symbole de ce que dit l’ Écriture des premiers fidèles, lesquels :
« N’ avaient qu’ une âme et qu’ un cœur envers Dieu (1. Act. 4, 32.) » ;
- Ainsi en est-il du vin. Rappelez-vous, mes frères, comment il se fait.
Voilà bien des graines suspendues à la grappe ; bientôt elles ne formeront qu’ une même liqueur.»
Recevoir un mystère de paix et d’ Unité
En dernier lieu, il appelle les nouveaux baptisé(e)s à :
- Participer au mystère de la paix et de l’ unité.
« Tel est donc le modèle que nous a donné le Christ Notre-Seigneur ;
C’ est ainsi qu’ il a voulu nous unir à sa personne et que sur sa table il a consacré le mystère de la paix et de l’ unité que nous devons former.
Recevoir ce mystère d’ unité sans tenir au lien de la paix, ce n’ est pas recevoir un mystère qui profite, c’ est recevoir un sacrement qui condamne.
Tournons-nous vers le Seigneur notre Dieu, le Père tout-puissant ; rendons-lui avec un cœur pur et dans la mesure de notre faiblesse, d’immenses et sincères actions de grâces ;
Supplions de toute notre âme son incomparable bonté de vouloir bien agréer et exaucer nos prières ; qu’ il daigne aussi, dans sa force :
- Éloigner de nos actions et de nos pensées l’ influence ennemie,
- Multiplier en nous la foi, diriger notre esprit, nous accorder des pensées spirituelles et nous conduire à sa propre félicité; au nom de Jésus-Christ, son Fils. Ainsi soit-il. »
Pour conclure
Enfin pour terminer, nous pouvons méditer ce beau passage du livre d’ Anne Lécu :
« … Plus que tout, l’ homme ou la femme qui vit le l’ Eucharistie, c’ est celui qui se tient sur la fracture du monde, car il la porte en lui.
Il s’ y tient pour les autres, avec l’ Église qui n’ a pas d’autre place que celle-là…
Celles et ceux qui vivent de l’ eucharistie sont à genoux devant leurs frères, le plus souvent à leur insu …
Ils ignorent que ce geste si simple :
- « Ceci est mon corps, livré pour vous »
participe au salut du monde.
Ils ignorent qu’ ils sont alors la présence du Christ en ce monde … » (« Ceci est mon corps » p. 146, 147)
Georgette
Illustrations : Photos Jean-Lucien G. et Jean-Pierre P.