L’ Église vient de célébrer l’ anniversaire du Concile de Nicée qui joua un rôle dans la formulation du Credo.
Puis il fut complété lors du Concile de Constantinople en 381. C’ est pourquoi il est appelé « Symbole de Nicée-Constantinople ».
Pourquoi les « credo » portent-ils le nom de symbole ?
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Le symbole des Apôtres et le symbole de Nicée
Le symbole de Apôtres et celui de Nicée Constantinople sont appelés Symbole de la foi car :
- Ils résument celle professée par tous les Chrétiens.
Ils sont également appelés Credo (profession de foi) car leur première parole est :
- « Je crois », autrement dit « J’ adhère à ce que nous croyons ».
En conséquence, ils résument la foi que professent les chrétiens.
En outre, ils portent également le nom de Symbole de la foi car :
- Ils tirent leur nom du mot grec « Symbolon » qui signifie « rassemblement, recueil, résumé » (CEC n. 188).
Croire en – Croire à
Par le baptême nous devenons membres du Corps du Christ dont Il est le tête.
Aussi est-ce la raison pour laquelle notre rapport à l’ Église est fondé sur la foi (« Je crois en » = Je mets ma confiance en).
En conséquence, croire en l’ Église revient à dire : Je crois dans le Christ qui est l’ incarnation de Dieu, le Verbe fait chair.
Toutefois il y a une différence entre croire en et croire à, puisque :
- Croire en a une signification forte car c’ est dire : j’ai foi en. Cela relève donc d’ un niveau de confiance élevé.
Tandis que :
- Croire à signifie croire en quelque chose alors que d’ autres personnes n’ adhèrent pas ou partiellement à ce que nous formulons.
Approfondir certains mots du Symbole de Nicée Constantinople
Ce Credo est toujours récité au moment de l’ Avent, du Temps de Noël, du Carême et du Temps de Pâques.
Toutefois, comprenons-nous bien le sens de certaines de ses phrases pourtant très importantes ?
Que nous disent-elles exactement et que signifient-elles ?
Le père Tout Puissant
La puissance de Dieu est celle de l’ amour. Elle nous dit qu’ il se penche avec tendresse sur les faibles et les humbles.
Puis elle nous parle de sa miséricorde pour toute l’ Humanité.
Enfin celle-ci éclata au matin de Pâques :
« Quelle puissance incomparable il déploie pour nous, les croyants : c’ est l’ énergie, la force, la vigueur, qu’ il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’ a ressuscité d’entre les morts … » (Ephésiens 1; 19-20).
Créateur du Ciel et de la Terre
Loin de déprécier le monde matériel, le récit de la création dans Genèse 1 répète 11 fois le mot « Bon ».
Et nous savons que même après la chute, Dieu ne rejeta pas le monde qu’ Il avait créé.
Au contraire, Il mit en œuvre un grand plan de sauvetage incluant l’ensemble de la création.
C’ est d’ailleurs ce que nous dit ce passage de la lettre aux Romains.
« En effet, la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’ a livrée à ce pouvoir.
Pourtant, elle a gardé l’espérance d’ être, elle aussi, libérée de l’ esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. » (Rm 8, 19-21)
De l’ Univers Visible et Invisible
Que nous dit exactement cette phrase ?
Le monde visible est celui que nous voyons et que nous pouvons comprendre par les sciences tandis que l’ invisible est :
- Celui qui nous échappe, celui dont nous ne devons par chercher à nous faire des représentations.
C’ est pourquoi cette dimension mystérieuse nous invite à comprendre :
- Que la création du monde est inachevée. Qu’ il y a encore des choses en développement, en genèse. Mais nous ne savons pas quand elles adviendront.
Malgré tout, l’ invisibilité n’ est pas quelque chose de totalement incompréhensible.
En réalité, nous devons prendre conscience que ce que nous pouvons en saisir ne nous dit cependant pas tout. Une part reste mystérieuse.
Dès lors, nous devons admettre que la foi :
- Nous guide au-delà du connu même si notre humanité à un besoin normal de voir, de comprendre les choses.
Cependant, la foi biblique nous rappelle qu’ il y a aussi une autre dimension qui :
- Va plus loin et plus profondément que notre manière de voir les choses.
Aussi est-il important de l’ intégrer puisque le monde invisible peut cependant être perçu en devinant des signes de la présence de personnes disparues.
Comment pouvons-nous percevoir dès maintenant ce monde invisible ?
Finalement, chaque fois que nous percevons que notre expérience humaine est imprégnée d’ une autre dimension :
Nous sentons déjà ce monde invisible puisque :
- La foi nous parle de résurrection (du latin resurgere qui signifie se relever – se rétablir)
Elle nous dit que la vie authentique est plus profonde, qu’ elle va plus loin et dépasse ce que nous voyons de la vie biologique, que les disparus que nous ne voyons plus de nos yeux de chair sont cependant encore présents dans ce monde invisible que nous appelons ciel.
C’ est quoi exactement le Ciel ?
Celui-ci n’est pas un lieu [« l’espace »], mais une manière d’ être qui nous dit non pas l’ éloignement de Dieu mais sa majesté…
Aussi est-il une « manière d’ être » et non pas un espace physique.
L’ être humain a néanmoins besoin d’ employer des mots pour essayer de se figurer et de verbaliser ce qui est indescriptible [CEC 2795] :
Jésus Christ, le Fils unique de Dieu
Cette phrase nous parle de la relation très particulière qui unit Jésus à son père et qu’ il est pleinement Dieu car :
- à l’image de l’ amour humain qui se joue entre deux personnes avant de s’ ouvrir à d’ autres, l’ amour du Père et du Fils se joue dans un face à face.
Il s’accomplit dans une parfaite réciprocité avant de s’ouvrir aux autres hommes.
Né du Père avant tous les siècles.
Semblable à un artisan qui crée une œuvre, on peut considérer que Dieu, avant de créer l’ Humain avait déjà une idée de ce qu’ Il voulait créer, c’ est à dire :
- Le Christ dont le nom n’ est pas un nom propre mais une fonction (celle de sauveur de l’ humanité).
En conséquence, nous pouvons dire que Dieu désirait depuis toujours donner vie à l’ Humanité dans le sens :
- D’ une vie en plénitude (c’ est-à-dire une Vie intérieure, une Vie dans l’ Esprit).
Or pour naître à cette vie, il faut naître de l’ Esprit qui nous permet d’ accueillir en nous la présence et l’ amour de Dieu.
Un Messie de la vie donnée
Abbaye Notre Dame de Clermont (Seine-Maritime) –
Photo Jean-Lucien G.
Pour cela il aurait besoin d’ un Christ (mot venant du grec Christos, qui signifie « l’ oint » ou « l’élu ». Il est l ‘équivalent grec du mot hébreu Mashiach, ou « Messie ». (Nous considérons Jésus comme le « Messie » définitif, envoyé par Dieu, et Dieu lui-même.)
Pour les chrétiens, Jésus est le seul vrai Messie car il a « parfaitement » accompli la mission divine.
Toutefois, à l’ inverse des attentes, ce messie n’ est pas un roi à la tête d’ une armée triomphante.
En réalité il est un « messie de la vie donnée jusqu’ au bout » dont la royauté resplendit pleinement au moment de la Passion.
Il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière,vrai Dieu, né du vrai Dieu
Jésus est pour les chrétiens la lumière qui brille dans la nuit, parce que :
- Sa mort et sa résurrection attestent que la vie est plus forte que la mort.
Et si, lors de la Présentation au temple, Syméon l’ homme juste et pieux, « poussé par l’Esprit » prend l’ Enfant dans ses bras pour rendre grâce et reconnaît en Lui la « Lumière pour éclairer les nations » , c’ est :
- Pour annoncer que désormais tous les hommes seront guidés par la lumière du Christ.
Engendré non pas créé, consubstantiel au Père ; et par lui tout a été fait
Il s’ agit d’ affirmer plus clairement que le Père et le Fils sont de même substance : c’est-à-dire qu’ ils possèdent l’ un et l’autre la plénitude de la divinité.
Pour résumer, disons que « engendré, non pas créé » veut dire que le Christ existait avant de naître homme.
Que signifie consubstantiel ?
Ce mot nous dit que :
- Le Christ est totalement Dieu, de même que le Père est totalement Dieu.
Par exemple, je peux dire que je suis « de même nature » que mon voisin.
Cependant, ne je suis pas pour autant la même substance car chacun de nous n’ est qu’ une partie de l’ humanité, et non la totalité.
Or le Fils est totalement Dieu, de même que le Père est totalement Dieu. Ils ne peuvent être séparés l’ un de l’ autre.
Je crois en l’ Église Une, Sainte et Apostolique
Notre Dame du Sacré Cœur – Issoudun (Jean-Lucien G.)
Cette affirmation n’ est pas toujours facile puisque de l’ Église-institution humaine offre au monde un visage parfois déplorable.
Toutefois, comme le dit François Varillon :
« L’ Église est le chemin que Dieu prend pour nous rejoindre. Il ne veut pas diviniser les individus isolément les uns des autres. Il désire que toute l’ humanité le soit. (C’est à dire que la vie actuelle, Dieu ne s’ en contente pas pour nous puisqu’ il veut que nous devenions amour comme Lui).
Dieu se donne, l’ Église est la visibilité de ce don de Dieu dans l’ histoire, elle est la portion d’ humanité qui accueille visiblement le don de Dieu ».
C’ est pourquoi elle est :
Une :
C’ est-à-dire unie dans une même foi, un même Esprit, un même Seigneur Jésus Christ, dans la façon de suivre la Tradition des Apôtres et des Pères.
Malgré les multiples façons de dire, de célébrer ou vivre cette foi, elle repose sur un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême.
Aussi est-ce une unité communautaire, à travers le temps et l’ espace, une union de pensée, de mentalité et de comportement, de cohérence avec l’ Évangile.
Sainte :
Elle l’ est parce qu’ elle est née de l’ Esprit Saint à la Pentecôte et que sa vision de vie, de la mort, du monde est :
- Celle dont Dieu voit Lui-même son monde et tous les humains.
Elle se voit à la lumière qui irradie de ses membres, les « saints », et de ses sacrements, les « saints dons » .
De plus, cette sainteté doit se manifester entre ses membres.
On doit voir en eux des personnes qu’ habitent la foi, l’amour, et le désir de vivre la vie avec pureté.
La sainteté consiste notamment à être différent, à part, séparé, distinct du monde.
Alors comment comprendre cette distinction du monde ?
L’ Église ne cherche que le salut de l’ humanité, mais elle se soucie aussi des affaires temporelles;
En outre, chaque chrétien doit participer à la mission de l’ Église selon sa condition et sa vocation. Les laïcs sont appelés à sanctifier le monde de l’ intérieur.
Catholique :
La « catholicité » (à ne pas confondre avec le « catholicisme », attribut de l’Église Romaine) c’est la totalité de la vérité et de la vie.
Aussi reconnaissons nous que dans l’ Église, le Christ est présent par son enseignement, son culte, dans ses sacrements ainsi que dans ce qu’ expriment ses membres.
Enfin rappelons que ce mot veut dire qu’ elle est :
- Universelle, ouverte à tout ce qui est humain. Le contraire de l’ Église est la secte, fermée sur elle-même, impitoyable pour les autres.
En outre elle est véritablement l’ Église du Christ quand elle accueille les petits, les méprisés, les « brebis perdues ».
Apostolique :
C’ est-à-dire fidèle à l’ enseignement des saints apôtres. Elle vit dans leur succession ininterrompue depuis le Christ.
De plus, elle l’ est dans le sens de « missionnaire ».
Aussi est-ce toute l’ Église qui doit l’ être, non seulement les évêques et les prêtres, mais également les fidèles conscients du témoignage qu’ ils doivent rendre dans le monde.
Pour conclure
Nous voyons bien que l’ appropriation du Credo est exigeant car tous les baptisés (les membres de de l’ Église), ont la charge d’ assurer sa crédibilité.
Alors, si nous mettons vraiment notre foi en Elle, nous devons, par notre témoignage, démontrer qu’ Elle est effectivement Une, Sainte, Catholique et Apostolique.
En conséquence, méditons et faisons nôtre cette prière :
Nous Te rendons grâce, Seigneur Jésus, pour ton Église que Tu établis dans l’ unité d’ une seule foi et d’ un seul baptême, à la gloire d’un seul Dieu et Père.
Nous Te demandons pardon pour nos manques d’amour envers nos frères dans la foi, pour nos divisions qui déchirent ton Corps.
Nous Te prions : donne-nous un seul cœur, une seule âme pour que le monde croie à ton Évangile.
Nous Te rendons grâce, Seigneur Jésus, pour ton Église sainte, pour la pureté de sa foi, la fermeté de son espérance, la tendresse de son amour envers les pauvres.
Nous Te demandons pardon pour la laideur des péchés qui ternissent la beauté de son visage, pour les rides qui défigurent sa jeunesse.
Nous Te prions : continue de révéler ta Sainteté en elle, afin qu’elle soit une terre d’espérance pour les pécheurs en quête de ton Pardon.
Nous Te rendons grâce, Seigneur Jésus, pour ton Église catholique, que Tu établis maison de prière pour tous les peuples.
Nous Te demandons pardon pour le péché d’avoir élevé des barrières entre tes enfants.
Nous Te prions : rends-la accueillante à toutes les nations, donne-lui un cœur de mère pour tous les hommes afin que la diversité des races et des cultures soit un chant de louange à ta Gloire.
Nous Te rendons grâce, Seigneur Jésus, pour ton Église apostolique, enracinée dans la foi des apôtres, édifiée sur le fondement des prophètes.
Nous Te demandons pardon pour le péché de confondre ce qui n’est que tradition des hommes avec l’héritage des apôtres.
Nous Te prions : donne-lui de puiser sans cesse aux sources de la foi le courage de la fidélité et l’audace dans la nouveauté.
Amen. »
Père Lucien Deiss (1921-2007)
Georgette
Sources : Église Catholique de France – Sagesse Orthodoxe – Catéchèse ressources.
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