Une semaine Sainte qui interroge l’ Église

Publié le

Comme dans beaucoup de paroisses, la Semaine Sainte qui, nous le savons, est toujours l’ occasion pour ceux qui pratiquent peu de venir assister aux offices,

  • Fut encore plus suivie que d’ habitude.

En outre, en France, le nombre de baptêmes est en augmentation avec cette année :

  • Plus de 10 000 adultes et 7 400 adolescents (La Croix du 19 Avril) .

Dans notre groupement paroissial, ils furent nombreux. D’ autre part, d’ autres candidats au baptême feront bientôt leur entrée en catéchuménat et les demandes de rencontre avec un prêtre sont importantes.

Toutefois, bien que ce soit une occasion de rendre grâce, ces faits très heureux nous invitent cependant à réfléchir, à nous poser quelques questions.

Quelle est la cause de ce retour à la foi ?

Pour ces nouveaux baptisé(e)s les raisons invoquées sont nombreuses :

  • Donner du sens à sa vie,
  • Avoir eu une expérience spirituelle forte,
  • Des ami(e)s ont parlé de leur foi,
  • Ainsi qu’ une volonté de partager leur foi dans la société, devant tous !

Mais aussi, selon une enquête exclusive :

  • 16 % des catéchumènes déclarent que : l’ incendie de Notre-Dame constitua un événement marquant dans leur parcours de foi, soit deux fois plus que la crise sanitaire qui, elle aussi, fut un déclic.

« Cette flèche enflammée a été un peu comme un phare, Comme si nous étions dans l’ obscurité et qu’ il avait fallu ce drame pour réveiller les personnes. » confie l ’un d’ eux.

 Notre Dame, un lieu de conversion

Notre Dame touche souvent les cœurs.

Ce fut le cas de Paul Claudel qui, un jour de Noël 1886 dans la Cathédrale, sentit en lui un saisissant appel.

Voici le récit fait en 1913, de sa conversion :

« J’ étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l’ entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c’ est alors que se produisit l’ événement qui domine toute ma vie.

En un instant mon cœur fut touché et je crus.

Je crus, d’ une telle force d’ adhésion, d’ un tel soulèvement de tout mon être, d’ une conviction si puissante, d’ une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que depuis tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d’ une vie agitée, n’ ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher … ».

Au moment de l’ incendie, un pompier raconte lui aussi l’expérience spirituelle qu’ il fit sous les voûtes de Notre Dame  :

« À un moment donné, je me suis trouvé face à l’autel et à la fameuse croix dorée qui la surplombe …  Je me suis figé durant quinze à vingt secondes, stupéfait :

  • Cette croix resplendissait, elle brillait d’ une clarté intense qui éclairait la cathédrale, alors qu’ il n’y avait aucune lumière, c’ était la nuit.

Je me suis dit : « On ne risque rien, on est protégés. »

Oui, le Seigneur était vraiment là, Il veillait sur moi.

J’ ai eu la certitude de sa présence. J’ étais en total cœur à cœur avec cette croix. Je suis ressorti de la cathédrale converti ».

Il ne fut pas le seul à ressentir une expérience forte en son sein. C’ est ce dont témoigne un tailleur de pierre travaillant à la restauration de l’ édifice:

« Mon émotion en travaillant dans ce lieu était d’ autant plus grande que, lorsque je suis arrivé sur le chantier, je n’ étais baptisé que depuis 6 mois.

 En effet, j’ avais en reçu le baptême lors de la Messe de Pâques 2023 ! Dès que j’ ai commencé à travailler à Notre-Dame, j’ai été bouleversé.

J’ai notamment été très impressionné par l’ énorme statue du Christ, bénissant la ville de ses mains blessées par les stigmates, qui surplombe le pignon sud et sous laquelle je travaillais.

J’ avais vraiment l’ impression de contribuer à bâtir un édifice pour Dieu, au pied de Dieu ».

L’ Esprit Saint est à l’œuvre

Le nombre de catéchumènes adultes dans l’ Église catholique explose littéralement dans notre pays.

Et, nous l’avons vu, les causes en sont multiples.

C’ est ainsi que l’ essayiste Jean de Saint-Cheron, en fait dans la chronique À vif du journal la croix du 14 Avril, cette analyse :

« Tout cela est mêlé sans doute.

Mais, surtout, traversé et transcendé par la force de Dieu qui nous précède et nous surprend toujours.

Car, et c’ est peut-être là le chef-d’ œuvre de l’ Esprit Saint, on s’ aperçoit que :

  • Les plans pastoraux, les réformes plus ou moins récentes pour se conformer aux exigences contemporaines,mais aussi les tentatives de rendre l’ Église « attirante », etc.,

N’ ont cependant pas de part notable dans le grand enthousiasme des catéchumènes. »

Aussi pouvons-nous dire que :

  • Ce phénomène est surtout traversé et transcendé par la force de Dieu qui nous précède et nous surprend toujours.

Les catéchumènes et les néophytes, un défi pour l’ Église

Cette recrudescence nous invite donc à plusieurs réflexions.

Il semble que l’ expérience clé que font ces adolescents, ces femmes et ces hommes, est celle de se sentir aimés, appelés à la vie.

En effet,  une rencontre forte et personnelle est souvent évoquée. En conséquence, Dieu est avant tout pour eux Celui qui fait vivre.

Mais, à partir de cette expérience forte :

  • N’ auront-ils pas la tentation de vivre un tête à tête solitaire et réconfortant avec Dieu  ?
  • Auront-ils vraiment le désir de faire l’ expérience de la communion ecclésiale ?
  • Découvriront-ils la dimension éthique et sociale de la foi chrétienne ?

D’ autre part, nos communautés paroissiales oseront-elles se poser cette question :

  • Qu’ ont-ils à nous faire découvrir, à partager avec nous ?
  • Comment allons nous les aider à déployer leur charisme, les dons qui sont les leurs  ?

Enfin, puisque une étude révèle qu’ une part des néophytes ne persévèrent pas dans les années qui suivent leur baptême, plutôt que de réfléchir sur les bons messages ou les bonnes manières de faire, il faut désormais :

  • À  travers le désir  et les aspirations de ceux qu’ Il envoie à l’ Église, être tout particulièrement à l’ écoute de l’ Esprit Saint.

Car nous le savons :

  • « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va » (Jn 3,8).

Pour conclure

En découvrant les photos de cette semaine Sainte, réjouissons-nous !

Mais surtout n’oublions pas de prier l’ Esprit Saint afin que :

  • Nous sachions accueillir, dans leur diversité, tous ceux qui franchissent les portes de nos églises.

Enfin, au risque de changer certaines de nos habitudes, soyons attentifs  « à Son souffle ».

Il nous permettra de répondre à ces nombreux défis pour que  :

  • Cette lumière qui s’ est révélée à eux ne s’ éteigne pas mais aussi pour que nos communautés soient capables de la transmettre.

C’ est pourquoi, alors que nous sommes encore dans le temps de Pâques, nous pouvons relire ces quelques phrases et les méditer :

On ne peut pas être missionnaire sans avoir fait en soi cet accueil franc, large, cordial à la parole de Dieu, à l’Évangile.

Cette parole, sa tendance vivante, elle est de se faire chair, de se faire chair en nous.

Et quand nous sommes ainsi habités par elle, nous devenons aptes à être missionnaires…

Une fois que nous avons connu la parole de Dieu, nous n’ avons pas le droit de ne pas la recevoir ;

Une fois que nous l’ avons reçue, nous n’ avons pas le droit de ne pas la laisser s’ incarner en nous,

Une fois qu’elle s’ est incarnée en nous, nous n’ avons pas le droit de la garder pour nous :

Nous appartenons dès lors à ceux qui l’attendent ».

Extrait de nous autres gens des rues de Madeleine Delbrêl  (1904-1964).

Georgette

Dimanche des rameaux à Saint Joseph

 

 

À  Saint Ferdinand

Et à Saint Gratien

 

 

Chemin de Croix à Enghien

 

 

Veillée Pascale à Saint Joseph

 

 

Et à Saint Gratien

 

Dimanche de Pâques à Saint Gratien

 

 

Lundi de Pâques Baptême des adolescents à Enghien

 

 

Sources : La Croix du 14 et du 19 Avril 2024

Illustrations : Photos Jean-Pierre P – Jean-Lucien G –  Bernardine A.

Plus de lecture...