A chaque Eucharistie se joue le salut du monde (3eme partie – La liturgie de l’ Eucharistie)

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La liturgie de l’ Eucharistie

L’ Eucharistie est l’action de grâce rendue à Dieu pour Jésus Christ.

En effet, c’ est le Christ qui, par sa vie entièrement tournée vers le Père et par son sacrifice sur la croix, a rétabli la « communication » entre Dieu et les Hommes.

N’ oublions pas que les mots communication et communier ont la même racine latine : communicare.

Or cela signifie : « mettre en commun, communiquer », « être en relation avec ».

En conséquence, par la liturgie Eucharistique, nous sommes en communion avec Dieu.

En outre, dans l’ Eucharistie, qui est le don de Dieu par excellence, le Christ, par notre foi, devient visible à notre cœur.

La grande prière d’action de grâce

C’ est l’ ensemble des prières qui, entre l’ offertoire et le « Notre Père », constituent la partie « sacrificielle » de la liturgie eucharistique.

Elles s’ apparentent à celles des grandes prières d’ action de grâces juives.

Aussi, [« cette prière récapitule-t-elle  l’histoire du salut car : « Vieille de plus de vingt siècles elle est aussi notre histoire aujourd’ hui »

Puisque « à chaque moment, à chaque heure où des chrétiens se rassemblent pour célébrer la victoire du ressuscité, l’ échec est vaincu, le mal est vaincu, la mort est vaincue ».*

Elle comprend :

Le Dialogue d’ Introduction 

Afin que cette immense prière nous unissent au Christ, elle s’ ouvre par un dialogue. Le prêtre prononce ces mots :

« Élevons notre cœur ».

Et nous répondons :

« Nous le tournons vers le Seigneur».

Puis il poursuit « Rendons grâce au Seigneur notre Dieu ».

Alors nous assurons que vraiment : « Cela est juste et bon ».

Après ce dialogue, toute l’assemblée s’ associe par la pensée au prêtre qui « entre » seul dans la prière eucharistique.*

La Préface

Elle exprime devant toute la communauté : la joie, la louange et la reconnaissance du peuple de Dieu : « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire … ».

Le Sanctus 

 

Toute l’ assemblée chante : « le Dieu trois fois saint ».

Ce chant reprend la vision du prophète Isaïe :

« Des séraphins se tenaient au-dessus de lui … Ils se criaient l’ un à l’ autre : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’ univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire » (Is. 6, 2-3).

Il rappelle aussi  l’entrée du Christ à Jérusalem : « Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient :

 « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » (Mt 21, 9).

Par le Sanctus, nos voix se mêlent : à celles des anges, à celles des Saints et des martyrs d’hier et d’ aujourd’ hui.*

Elles se mêlent également à tous ceux qui ne peuvent être là : les malades, les prisonniers, ceux qui sont en recherche …*

Une célébration de l’ unité

En conséquence, ce chant qui monte vers Dieu célèbre l’ unité « de l’ univers, du ciel et de la terre », de toute l’ humanité.

L’ épiclèse (invocation) sur les dons

C’ est un appel à l’Esprit Saint afin que les offrandes du pain et du vin mêlé d’eau deviennent le corps et le sang du Christ.

Le récit de l’ Institution de l’Eucharistie et la consécration

Ce récit est au cœur de la prière eucharistique.

En le reprenant à son compte, le prêtre ne fait pas seulement mémoire de la prière de Jésus mais, par les mots et les gestes qui furent les siens, les paroles qu’ Il prononça le Jeudi Saint, adviennent :

Le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang de Jésus-Christ.

Cet instant est le centre et le sommet de la messe et nous y sommes sanctifiés car :

« Ce qui était vrai dans la vie du Christ le devient pour nos vies ». *

 A cet instant « tout bascule » puisque Jésus en instituant l’ Eucharistie prononce cette phrase :

« Vous ferez cela en mémoire de moi ».

Aussi sa demande est-elle déjà :  « un envoi, une force pour demain et pour tout de suite, quand nous retournerons chez nous ». *

En outre : « La présence réelle du Christ nous ouvre les yeux sur la réalité du monde et de nos vies ». *

De plus, elle nous rappelle : « Que nous ne sommes pas là seulement pour nous-mêmes mais bien pour le monde, pour la multitude ». *

Élévation du pain (l’ hostie) et de la coupe de vin ( le calice)

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Ce geste nous rappelle l’ élévation de la Croix, instrument du supplice du Christ.

Alors, en silence : « nous contemplons son offrande, corps offert, corps ouvert, nourriture, sang répandu …

Le pain de peine est devenu pain de vie. Le vin de joie est devenu sang versé » *.

Ainsi, cette élévation devient le signe que : «  le corps humain, notre chair est assumée définitivement dans ses malheurs et ses exultations ». *

 En outre, elle nous dit aussi  que :

« Le Christ nous contemple, s’ offre à nous et nous aime … L’ amour reçu nous transforme en capacité d’amour donné ».*

Le Notre Père

Avec cette prière, c’ est : « le souffle de l’Esprit qui se glisse en nos mots pour les faire monter, avec toutes nos demandes, avec tout ce que nous sommes, vers le Père …

Le Notre Père réalise déjà un peu le vœu du Fils ». *

En outre, nous devons nous souvenir que les trois premières demandes concernent Dieu lui-même.

En effet, nous Lui demandons que par la grâce : Il règne en nous, que Sa  puissance sur terre s’ étende toujours plus et qu’ à la fin des temps le Seigneur habite en tous.

Le rite de la paix

Jésus a dit à ses apôtres : « Je vous laisse la Paix, je vous donne ma Paix ». Alors, nous Lui demandons de nous la donner puisqu’ elle est :

« L’ anti-division… la marque que nous vivons du même amour trinitaire que celui qui unit le Père, le Fils et l’Esprit…

C’ est un don de Dieu qui se donne, se construit et s’ espère ». *

L’ Agneau de Dieu

 Pendant que nous chantons l’ Agneau de Dieu le prêtre rompt l’ hostie, le pain de Vie.

Cet agneau dont il est question est semblable à celui de la Pâque que les Juifs mangeaient pour se souvenir de leur libération de l’esclavage en Égypte.

Il nous rappelle également le sacrifice quotidien des agneaux  au Temple de Jérusalem. En effet,  chaque matin et chaque soir, l’un d’eux y était sacrifié pour les péchés du peuple.

Aussi est-il bon de relire ce verset de l’ exode :

    • « Là, je me laisserai rencontrer par les fils d’Israël et ce lieu sera consacré par ma gloire » (Ex 29, 38-42) car aujourd’ hui,  c’est nous qui nous sommes le Temple de Dieu.

Nous prions l’ agneau de Dieu par trois fois. Nos deux premières demandes concernent la pitié du Christ pour nos péchés.

Toutefois, dans la troisième nous implorons la paix ; aussi bien celle pour le monde que celle de l’ âme.

Dieu nous sauve personnellement. Mais, afin de nous unir en un seul corps, grâce à notre présence et à notre intercession, il pardonne aussi à ceux qui ne sont pas là.

La fraction du Pain

La rupture de l’ hostie nous rappelle que :

  •  pour que la paix advienne, pour que le royaume de Dieu s’ établisse :

Le corps du Christ fut rompu, brisé et que dans ce corps brisé, nous trouverons la paix .

Or, cette paix, c’ est à nous d’ y croire,  et de conformer nos vies à celle du Christ...»] *

La communion

Par celle-ci, nous nous unissons étroitement au Christ afin de « devenir ce que nous recevons ».

Pour en comprendre tout le sens, il est bon de méditer ce petit texte :

[ Dans le chapitre 15 de l’ Évangile selon saint Jean, la parabole de la vigne et des sarments dévoile ce que le Christ attend de nous :

« Que nous nous greffions sur lui de façon que sa sève circule en nous et porte du fruit.

Ce fruit dans la Bible résulte toujours de la communion entre l’ homme et Dieu.

Communier, c’ est donc participer à la fructification du monde. Dieu le désire depuis la création »] (Philippe Lefebvre, dominicain, enseignant à la faculté de théologie de Fribourg en Suisse).

Certes, nous avons besoin de communier pour fortifier notre foi. C’ est d’ailleurs ce à quoi nous appelle Saint Luc :

« Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Lc 2, 42). *

Mais aussi parce que : « En communiant au Corps de Christ, c’est à l’ Église Universelle que nous communions, à l’ Église du Christ ».*

Un temps de silence suit la communion car « le Christ vient visiter chaque fibre de notre être ».*

Conclusion

Afin de terminer cette découverte de la liturgie eucharistique nous pouvons réfléchir sur cette catéchèse de Maurice Zundel :

C’est de l’ humanité qu’ il faut faire le corps et le sang du Seigneur. L’ hostie, c’ est l’ homme, car ce n’ est pas pour être dans un tabernacle que le Seigneur demeure parmi nous. C’ est pour être le ferment qui nous divinise et qui nous transforme en lui.

Le seul tabernacle, c’ est l’ homme...

« Le Christianisme ne nous demande pas de quitter la terre pour regarder un ciel imaginaire mais de devenir nous-même ce Ciel, de transfigurer notre vie en laissant transparaître en  nous toute la lumière et toute la joie de Dieu…

Dieu, s’ il est vraiment la Vie de notre vie, il faut que ça se voie »].

Georgette

Sources : Le Missel des Dimanches – * Citations d’Anne Lécu – Ceci est mon corps.

Illustrations : Pixabay License (Pas d’attribution requise) – Photos Jean-Lucien G. –

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