A chaque Eucharistie se joue le salut du monde ! (2eme partie).

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Après la prière d’ ouverture commence la seconde partie de la célébration Eucharistique : La liturgie de la Parole.

Elle comprend les lectures tirées de la Bible avec les chants qui s’ y intercalent.

Puis l’ homélie, la profession de foi (le Credo) et la prière universelle la développent et la concluent.

La liturgie de la Parole

Le texte de la constitution Dei Verbum sur la Révélation Divine exprime toute l’intention de Vatican II : se mettre « à l’ écoute de la Parole de Dieu ».

Son but était question de remettre à l’ honneur l’ Enseignement qui veut que nous « communions » au Christ sur deux tables :

  • Celle de la Parole. Dans le Deutéronome, le pain n’ est pas qu’ une nourriture temporelle, il est aussi une Parole qui fait vivre :

         « L’ homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Dt 8, 3).

  • Celle de l’ Eucharistie

Par les lectures, Dieu s’ adresse à son peuple.

Il y parle du mystère de la rédemption et y présente une nourriture spirituelle. Le Christ est déjà là,  bien présent par Sa Parole.

La 1ere Lecture

Puisque la Bible forme un tout, celle-ci est tirée de l’ Ancien Testament.

Certes, certains textes qui nous parlent de guerres, de violences et de punitions peuvent nous mettre mal à l’ aise.

Mais comme le souligne Anne Lécu dans son ouvrage :

[ «  la Bible est une parole « qui va au fond, au bout des histoires humaines, sans les fuir »

«  Il faut imaginer la force de ces paroles lorsqu’ elles sont prononcées dans des pays en guerre, par les Chrétiens d’ Orient, en Afrique Centrale ou dans les zones de violence … »

Ainsi dans cette parole proclamée, il y a la force de nos questionnements car :

« La Bible cherche des Hommes qui interrogent, de vrais chercheurs ». Elle nous parle d’ histoires qui se passent encore près de nous.

Certes, ces récits nous parlent souvent de mésentente, de jalousie, de meurtres, de trahisons …

Mais il y est aussi question d’ alliance, de confiance, d’amour. En définitive, ils évoquent tout ce qui nous habite »] .

Le psaume

Avant d’ être un écrit, le psaume est un cri : celui des hommes vers Dieu.

Et cette clameur qui monte vers lui est toujours actuelle.

C’ est dans un langage poétique et expressif, venu du judaïsme, que l’ Humanité s’ y exprime.

Le psalmiste remercie Dieu pour toute la création, mais il lui demande aussi de le débarrasser de ses ennemis.

Le psaume nous renvoie à l’ actualité de nos vies et du monde et, avec lui, nous prions pour tous ceux qui aujourd’ hui sont déchirés par la haine, épuisés par les guerres.

Lorsque nous chantons avec les mots des psaumes, nous parlons la langue de la Bible et ces mots viennent façonner les nôtres afin que nous puissions dire :

«  Me voici, qu’ il me soit fait selon ta parole ».

Ils nous invitent donc à laisser naître Dieu en nous.

La seconde lecture

Si la 1ere lecture et  l’ évangile du jour résonnent l’ un par l’ autre, la seconde (souvent une lettre de St Paul), nous invite à entrer dans la force de la Parole de Dieu.

Elle nous convie à nous poser ces questions essentielles :

  • Est-ce que je veux vraiment chercher Dieu ?
  • Est-ce que j’ accepte qu’ Il vienne faire irruption dans ma vie ?
  • Suis-je apte à comprendre que la pratique liturgique reste vaine si elle n’ est pas associée à sa racine, au socle de l’ amour qui est un don comme l’ est celui de la foi et de l’espérance ?

La proclamation de l’évangile

Nous mettre debout, c’ est signifier qu’  il s’agit ici de résurrection.

En effet, l’ Évangile rapporte les faits et gestes de Jésus.

Mais comme le dit Anne Lécu : [« si ce récit est à lire pour lui-même, il déploie tout son sens quand on le reçoit et qu’ on en perçoit les effets « pour nous »].

Ainsi, cette lecture nous invite à vivre en « paroles » et en « actes » ce que nous entendons.

C’ est donc la raison pour laquelle, avant Sa proclamation, nous nous signons avec le pouce sur le front, la bouche et le cœur.

Ce geste signifie que nous sommes en train de demander à Dieu que l’ Évangile pénètre :

  • notre intelligence pour le comprendre, nos lèvres pour le proclamer et notre cœur pour l’ aimer et le mettre en pratique.

Ainsi la parole de Dieu nous livre au monde. Elle nous appelle à l’ union afin que : « le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 31).

Alors,  si  nous la prenons au sérieux, elle nous met au pied du mur car :

«  Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ;

elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur » (Hébreux 4, 12).

En conséquence, il faut accepter de se laisser déranger par cette parole car, si nous cherchons vraiment Dieu, elle nous invite à quitter nos certitudes terrestres.

En effet,  les questions que soulève la Parole nous invitent à oser mettre au jour nos propres questionnements.

De surcroît, elle nous oblige à nous poser cette question essentielle pour l’ Humanité : « Qu’ as-tu fait de ton frère » (Gn 4, 9).

L’ Homélie

Ni trop courte, ni trop longue, elle doit conduire la communauté des fidèles à une célébration active de l’ Eucharistie.

Son but est qu’ ils « gardent dans leur vie ce qu’ils ont saisi par la foi » (SC 10).

Aussi doit-elle être compréhensible pour tous puisque, par cette homélie, la parole de Dieu s’ accomplit ici et maintenant.

La Présentation Générale du Missel Romain nous dit :

« L’ homélie fait partie de la liturgie … elle est nécessaire pour nourrir la vie chrétienne.

Elle doit expliquer un aspect des lectures en tenant compte : soit du mystère que l’ on célèbre, soit des besoins particuliers des auditeurs » (65).

La seconde partie de l’ homélie doit aider la communauté à mieux entrer dans la célébration eucharistique, c’ est-à-dire :

  • à prendre conscience que, en participant à cette célébration, nous sommes appelés à participer à la mort et la résurrection du Seigneur.

En résumé, on peut dire que la dynamique de l’ homélie est très simple :

  • à la lumière du mystère pascal, elle comprend une réflexion sur le sens des lectures et des prières de la célébration.
  • Puis elle conduit l’ assemblée à la liturgie eucharistique.

Anne Lécu insiste : « prêcher, c’ est donner à d’ autres le désir de parler : à Dieu mais aussi de Dieu aux hommes ».

Le Credo

Après le silence qui suit l’ homélie, appuyé sur la foi du Seigneur dont l’ incarnation a eu lieu une fois pour toutes et qui continue à se déployer dans le corps de l’ Église que nous formons :

  • nous nous mettons debout et nous confessons notre foi.

La profession de foi est dite à la 1ere personne : « Je crois ».  Or, il n’est pas rare que certaines phrases du Credo nous paraissent obscures, que nous y adhérions difficilement.

Mais, par cette confession de foi commune, nous nous soutenons mutuellement car « ce tâtonnement commun est la foi de l’ Église ».

La prière universelle

Nourris par notre profession de foi commune nous adressons alors nos prières à Dieu.

La prière universelle fait partie de la liturgie de la Parole. Même si elle n’est pas forcément bâtie à partir des lectures du jour, elle doit « répondre en quelque sorte » à la parole de Dieu.

Cette prière est le moment où chacun, se décentre de lui-même, car  :

  • nos assemblées liturgiques toujours particulières se situent dans l’ Église universelle et dans le monde pour lequel nous prions.

Par la prière universelle, chaque assemblée fait entrer dans sa prière :

  • Tous ceux qui ne sont pas là.
  • Tous ceux qui souffrent.
  • Tous ceux qui ne connaissent pas encore Dieu.

Pour conclure :

La liturgie de la parole nous oblige :

  • D’ une part à mettre la Parole de Dieu au centre de nos existences.
  • D’ autre part, elle doit produire en nous une conversion qui nous amène à nous poser cette question :

          Voulons-nous vraiment, réellement faire advenir le Royaume de Dieu ?

Georgette

Sources : Ceci est mon corps d’Anne Lécu – La liturgie de la Parole (Liturgie et Sacrement – Conférence des évêques de France).

Illustrations : Photos Jean-Lucien G. – Jean-Pierre P. – Illustration Credo : Image, partie du « Symbole de Nicée Constantinople » Wikimédia Commons – Libre de droit.

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