« Le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle » (2 m 7, 1-2-9-14)

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La notion de résurrection dans le Judaïsme.

Ce passage du Livre des Maccabées marque une évolution importante dans le judaïsme.

Auparavant, le croyant se concentrait uniquement sur le lien vécu entre Dieu et son peuple.

Mais, vers l’an 165 avant J.C., le roi Antiochos Épiphane, exigea des juifs des gestes de désobéissance aux règles de la Loi juive.

Par cette exigence, il espérait qu’ils renieraient leur foi.

Mais de nombreux Juifs préfèrent mourir plutôt que de désobéir à la Loi de Dieu et beaucoup furent martyrisés.

Or, cette persécution eut pour conséquence la naissance de la foi en la résurrection des justes.

Une nouvelle étape vers l’ évocation de la résurrection

Isaïe et Ézéchiel insistèrent beaucoup sur le lien étroit vécu entre Dieu et son peuple. Néanmoins, ils n’avaient jamais évoqué la vie après la mort.

Or, avec les épreuves subies par le peuple, il fut question de résurrection.

Cependant, celle-ci n’ était envisageable que pour ceux qui mourraient à cause de leur foi en Yahweh, le Dieu unique.

Toutefois, cette notion de résurrection marquera une étape essentielle sur le chemin de la découverte de la vie avec Dieu.

L’ expression de cette conception nouvelle de la résurrection

Elle se traduit par ces quelques phrases :

[« En ces jours-là, Judas, chef d’ Israël, organisa une collecte et envoya deux mille pièces d’argent à Jérusalem afin d’offrir un sacrifice pour le péché.

C’ était un geste tout à fait noble et beau, inspiré par la pensée de la résurrection.

Car, s’ il n’avait pas espéré que ceux qui étaient tombés ressusciteraient, la prière pour les morts était superflue et absurde.

Mais il jugeait qu’ une très belle récompense est réservée à ceux qui meurent dans la foi, c’était là une pensée religieuse et sainte … »] (2M 12, 43-46).

J’ attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir …

 Aujourd’hui, les Chrétiens, dans le Credo, proclament, à chaque Eucharistie, leur foi en la résurrection :

« J’ attends la résurrection des morts et la vie d’un monde à venir (Symbole de Nicée Constantinople).

Cette affirmation de foi est le pivot de la foi Chrétienne.

Cependant, elle est difficile à comprendre parce que :

  • d’ une part, il ne s’agit pas de retrouver une vie identique à celle d’ avant la mort.
  • et que d’autre par, elle ne se fondera pas sur le même modèle que notre vie terrestre.

La signification du mot « Pâques »

En réalité, ce dont il est question, c’est que Jésus, le premier vivant, nous ouvrit  un passage vers une vie nouvelle.

C’est d’ailleurs la signification du mot « Pâques ». En hébreu, ce mot dérive d’un verbe qui signifie « passer devant, épargner ».

En conséquence, admettre que le Christ fut vainqueur de la mort, c’est croire à notre propre vie éternelle, bien que la forme exacte de cette vie nous demeure encore inconnue.

Toutefois, nous savons que, dans l’ au delà de, face à celui que St Jean définit ainsi :

« En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » (Jn 1,  4-5),

nous comparaîtrons devant Lui et nous le découvrirons, en toute vérité.

La résurrection n’ est pas une réincarnation

Malgré l’ affirmation de la résurrection que proclame Saint Paul : « … si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité.

Et si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur » (1 Co 15, 16-17).

de nombreux chrétiens déclarent cependant ne pas se préoccuper de la résurrection. Certains croient même en une sorte de réincarnation.

Croire en la résurrection, c’ est affirmer que Dieu nous ouvre un « à venir »

Déclarer croire en la résurrection, c’ est oser dire que malgré la mort, nos échecs, nos épreuves et nos souffrances, Dieu nous fait « re-naître » à la vie.

C’ est aussi comprendre qu’ Il désire que nous soyons, dès aujourd’ hui, des Vivants !

D’ ailleurs, cette notion est très présente chez nos frères Juifs.

Delphine Orvilleur nous apprend que : [« dans langue hébraïque, le cimetière s’appelle : « Beit haH’ayim » ce qui signifie « La maison de la Vie » ou « la maison des Vivants ».

Ainsi, Il ne s’agit aucunement de nier la mort ou de la conjurer en l’effaçant. Mais, au contraire de lui adresser un message clair.

Lui faire savoir que sa présence évidente en ce lieu ne signe pas pour autant sa victoire. Et affirmer que, non, même ici, elle n’aura pas le dernier mot »]. *

La résurrection de la chair

Que nous dit cette affirmation que nous proclamons, à chaque Eucharistie, dans le symbole des apôtres.

Elle nous dit que c’est tout ce qui fit la vie d’ un individu (ses actions, sa relation aux autres et à Dieu …) que Dieu accueillera.

La foi en la résurrection est entièrement liée au salut de l’homme, et par conséquent au Jugement dernier.

Quel est le sens de ce jugement ?

C’ est le moment où Dieu nous mettra face à face avec ce que nous avons vraiment été, avec nos lâchetés, nos peurs, nos révoltes …

C’ est pourquoi cette notion de jugement, liée au récit de l’Apocalypse, provoque souvent la peur.

Or, la foi en cette appréciation divine est structurante puisqu’ elle nous apprend qu’il est interdit de nous poser, nous-mêmes, en juge des autres.

Cet acte de foi n’ est donc pas destiné à infantiliser les individus.

Au contraire, puisque nous sommes tous appelés à agir pour le bien commun, il nous permet de prendre conscience de la responsabilité de chacun de nos actes.

C’ est ainsi que, devant Dieu, nous devrons rendre compte de ce que nous avons fait ou pas !

De plus, le jugement dernier est avant tout un appel à respecter les autres et à vivre « en Vérité ».

En réalité, la résurrection du Christ nous permet d’aller au-delà de nos enfermements et de toutes ces « morts » qui jalonnent nos vies.

D’ailleurs, grâce à de nombreuses « petites résurrections », nous sentons que Dieu nous sauve dès aujourd’hui.

Pour conclure *

Lorsque nous nous interrogeons sur la Résurrection, lisons et méditons ces quelques phrases :

[« … malgré tout les combats qu’ il a fallu mener, toutes ces « gémellités » qui luttent en nous, tout ce qui nous fait passer à côté les uns des autres ou de nous-mêmes, il existe une possibilité de faire UN ».

Les Juifs affirment qu’ ils ne savent pas ce qu’ il y a après la mort. Mais ils pourraient le formuler autrement :

« après notre mort, il y a ce que nous ne savons pas … ce qui ne nous a pas encore été révélé, ce que d’autres en feront, en diront… ».

Georgette

Sources : Marie-Noëlle Thabut – La Croix-Croire le 20/03/2012 – Modifié le 07/04/2021 – Le temps CH, entretien avec Daniel Marguerat, théologien protestant (le 03-04-1999).

* Vivre avec nos morts de Delphine Horvilleur (femme rabbin du judaïsme en mouvement) : p 25 – 141 et 180.

Illustrations : Photos Pascal G.  et Jean-Lucien G. (cimetière juif de Koenigshoffen – Bas-Rhin).

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