Nos cinq pains et nos deux poissons, Seigneur nous te les offrons …

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Le mercredi, les enfants du patronage chantent souvent le bénédicité «  nos cinq pains et nos deux poissons ». Ce petit chant nous rappelle les récits de la multiplication des pains.

Dimanche, jour de la fête du corps et sang du Christ, l’ Évangile de Luc relatait l’un de ces récits qu’ évoquent les évangélistes.

Or, ce choix peut paraître surprenant pour cette fête.

En effet,  les mots Corps et du Sang du Christ retraceraient d’avantage l’institution de l’Eucharistie. D’ ailleurs évoqué dans la seconde lecture.

Alors, en quoi ce récit nous parle-t-il du but de toute célébration eucharistique ?.

Un récit qui évoque la liturgie Eucharistique

Plusieurs éléments de l’ évangile de Luc nous permettent de mieux comprendre et de mieux vivre la liturgie Eucharistique.

En effet, Luc nous dit que : « Jésus parlait du règne de Dieu à la foule » (Lc 9,11).

Avant la multiplication des pains vient donc l’enseignement de Jésus. Or, au cours de la messe, la proclamation de la Parole précède, elle aussi, la prière eucharistique.

Le concile Vatican II insista beaucoup sur la place de la Parole dans la célébration de la messe. Il nous est dit que la célébration eucharistique : « dresse la table aussi bien de la parole de Dieu que du Corps du Christ où les fidèles sont instruits et restaurés ».

L’ Église parle même d’ une seule table. Elle affirme que « liturgie de la Parole et liturgie Eucharistique sont si étroitement liées qu’elles forment un seul acte de culte ».

En conséquence, écouter l’évangile et l’homélie c’ est, pour ceux qui ne peuvent communier, également participer au mystère Eucharistique et le vivre en communion avec tous les fidèles.

D’autre part, dans le récit de Luc, le lien avec l’ Eucharistie est très marqué. En effet, les gestes de Jésus, tels qu’ils sont décrits, sont  identiques à ceux de la prière Eucharistique.

« Jésus prit les cinq pains et les deux poissons et , levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples ».

Que nous dit le lieu et le moment  où se passe ce récit

L’ évangile de Luc précise que le soir tombe et que les disciples demandent à Jésus de renvoyer la foule car ils sont dans un endroit désert.

Aujourd’hui, ces précisions nous parlent de l’aridité de nos cœurs quand nous sommes incapables de pardonner, de partager, d’écouter et d’aimer ….

Elles nous disent aussi combien nous sommes privés de la Lumière de Dieu lorsque nous sommes plongé(e)s dans la nuit de la douleur, du doute, de la peur, de la révolte …

Des disciples qui ont le souci des autres

Les disciples se soucient de tous ces gens qui vont se laisser surprendre par la nuit. Ils suggèrent alors à Jésus de disperser la foule, de la renvoyer. Mais Jésus ne retient pas cette solution.

En effet, le Royaume de Dieu est un mystère de rassemblement. Il ne s’ accommode donc pas du « chacun pour soi » car nous sommes solidaires les uns des autres.

Lorsqu’ Il leur demande de nourrir eux-mêmes la foule, ceux-ci reconnaissent humblement qu’ils ne le peuvent pas. Puisque la nourriture n’est pas assez abondante, ils ont besoin d’une aide pour nourrir cette foule qui a faim.

Créer des groupes pour partager le repas

Cependant, ils proposent d’aller acheter de la nourriture. Mais Jésus n’opte pas pour cette solution. Il leur demande de former des groupes d’environ cinquante personnes.

Quel sens donner à la réponse du Christ ?

Que veut nous faire comprendre St Luc lorsqu’il nous parle du choix de Jésus (rassembler des groupes).

Il  nous apprend que toute célébration Eucharistique réunit des communautés distinctes (catéchisme, aumônerie, mouvements divers, paroisses …)

Néanmoins, malgré les diversités, elles doivent être unies par une même mission et par un unique désir :  qu’advienne le royaume voulu pour Dieu, qu’ Il règne en tout et en tous.

Ce texte nous invite donc à comprendre que nos paroisses et celles du monde entier, forment, malgré les diversités, l’ Église universelle.

Bénir le pain

La bénédiction du pain n’est pas un rite magique. En effet, c’est dans l’ union des cœurs que le prêtre, au nom de Jésus, peut lever les yeux au ciel, bénir et rompre le pain pour toute l’ humanité.

La Réforme liturgique, engagée au Concile Vatican II, remplaça le mot « offertoire » par celui de « Préparation des dons ». Présenter le pain et le vin, c’ est désirer que Dieu achève sa création en la purifiant de tout ce qui n’est pas Lui.

C’est également un geste de dépouillement. Nous ne présentons pas le pain et le vin pour nous mais pour tous. Cette dépossession doit nous aider à reconnaître que nos richesses (intellectuelles, spirituelles …) sont un don de Dieu.

C’est encore admettre qu’il y a en tous un don qui doit être utilisé pour le service de tous ceux qui ont « faim ». En disant à ses disciples « Donnez-leur vous-mêmes à manger », Jésus désire mettre à jour les richesses insoupçonnés qu’ils possèdent en eux. Il en est de même chacun de nous !

Pour conclure

Cet évangile éclaire donc la Fête du Corps et du Sang du Christ. Il nous rappelle que, participer à l’ Eucharistie, c’est aussi nous nourrir de la Parole de Dieu. C’est également, d’ une manière très concrète, partager toutes nos « richesses »  pour le bien de l’humanité.

La fête du Corps et du Sang de Christ nous invite donc à vivre intensément l’ Eucharistie. Elle nous dit aussi que, si nous doutons de la présence réelle de Jésus dans l’ hostie, nous devons demander à Dieu la grâce de nous ouvrir l’intelligence du cœur.

Celle-ci,  comme nous le dit le bénédicité que chantent les enfants, nous permet d’offrir à Dieu le pain de nos vies. Il y est question d’ effort et de travail.

Elle rejoint également l’une des conclusions de la synthèse nationale de la préparation du Synode où il est question de deux promesses. Celles-ci, étroitement liées l’une à l’autre, ont pour objet la Parole de Dieu (partie I) et la fraternité (partie III).

La Parole de Dieu y est reconnue comme source de sens, de cheminement spirituel et de communion. L’ Église a donc pour mission de rendre l’accueil commun de cette Parole accessible à tous.

Rendue ainsi plus compréhensible, elle doit permettre de faire naître une fraternité qui se déploiera de différentes manières. Toutefois, cet avènement ne peut que passer par l’écoute et le dialogue.

Pour y réussir, il faut donc se mettre à l’écoute de l’ Esprit Saint puis répondre à ses multiples appels.

Georgette

 Sources : Ceci est mon corps d’Anne Lécu – Marie-Noëlle Thabut et Radio Vatican (commentaire de l’évangile du dimanche 02 Juin 2013).

 Illustrations : Wikimédia Commons – La multiplication des pains de James Tissot  – Brookling Muséum, Domaine Public  et  évangile et peinture.

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