Le livre de Job appartient à la catégorie des livres poétiques de la Bible. Il ne nous raconte pas une histoire réelle mais il pose le problème du « mal » que nous affrontons tous à un moment ou l’autre de nos vies. La douleur peut être provoquée par l’échec de projets qui nous tenaient à coeur, ou bien encore par une souffrance physique ou morale, par la mort brutale d’un être cher … Dans ces douloureux moments, souvent, nous interrogeons Dieu : pourquoi mon Dieu, pourquoi ? L’histoire de Job ne nous donne pas une réponse précise. mais nous invite à une  réflexion sur ce sujet complexe.

   Le drame de Job

Job était un homme riche. Sa richesse se mesurait au nombre d’animaux domestiques qu’il possédait. Le récit nous dit également qu’il était juste, fidèle au Seigneur : « Cet homme, intègre et droit et craignant Dieu s’écartait du mal … Il avait un troupeau de sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de boeufs, cinq cents ânesses, et il possédait un grand nombre de serviteurs …» (Jb 1, 1-3). Or subitement, le malheur s’abat sur lui : il perd tous ses enfants de façon tragique. Puis vient la misère, la maladie, la déchéance physique, le rejet de sa femme et de tous.

   Un livre qui pose la question du « juste souffrant »

L’histoire de Job pose la grande question du mal. En effet, comment se peut-il que cet homme, qui prend soin et respecte ses serviteurs, puisse connaître cette souffrance extrême. Pourquoi Dieu ne se manifeste-t-il pas, pourquoi ce silence devant la souffrance de cet homme juste ? Pourquoi le mal ?

   Le « mal » juste rétribution des fautes commises ?

Selon la pensée de l’époque (et qui parfois perdure encore aujourd’hui), au cours de la vie terrestre de l’Homme, Dieu le rétribuerait selon ses actes. Par conséquent sa souffrance est le résultat de son péché.  Ainsi, plus la souffrance serait grande, plus ses fautes seraient nombreuses !.

Or Job réfute cette idée. A sa femme qui lui dit : « Tu persistes encore dans ton intégrité ! Maudis Dieu et meurs ! »,  il rétorque : « … Si nous accueillons le bonheur comme venant de Dieu, comment ne pas accueillir de même le malheur ? ».

   La révolte de Job

Trois amis de Job viennent le visiter. Mais, ils le trouvent dans un tel état de délabrement physique et moral  qu’ils ne le reconnaissent pas. Ils commencent donc par compatir en silence pendant une semaine. C’est Job qui rompt ce mutisme en maudissant le jour qui l’a vu naître. Commence alors la seconde partie du livre (4, 31) sous la forme d’un dialogue entre Job et ses amis. Tour à tour, chacun expose ce qu’il pense de la justice divine. Tous trois arrivent à la même conclusion :  si Job souffre, c’est qu’il a péché car il est impossible que la souffrance soit autre chose qu’une punition divine.

Job, quant à lui, continue à soutenir qu’il n’a commis aucune faute et que ses malheurs prouvent l’existence de l’injustice qui, d’ailleurs, sévit grandement dans le monde.

    L’intervention d’ Elibu

Intervient alors un jeune homme nommé Elibu qui, par respect pour les amis de Job, ne s’était pas encore exprimé.  Or, il ne peut supporter ce qu’il entend. Il s’indigne donc, en premier lieu contre Job qui se justifie en accusant Dieu, puis contre ses trois amis qui, pour défendre Dieu, accusent Job.

    La réponse de Dieu

Le passage lu, en ce 12eme dimanche du temps ordinaire, est celui où Dieu intervient afin que Job comprenne son erreur et son orgueil : « Quel est celui-là qui obscurcit mes plans par des propos dénués de sens ? … Où étais-tu quand j’ai fondé la terre ? … Indique-le si tu possèdes la science » demande-t-il ! (Job 38, 2 et 4). La suite est une hymne à la grandeur de la création. Ainsi, Dieu fait comprendre à Job que l’ Homme est encore dans l’incapacité de tout saisir du mystère divin.

Après un « coeur à coeur » avec Dieu, Job admet enfin son erreur :« En fait, j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles hors de ma portée, dont je ne savais rien… C’est par ouï-dire que je te connaissais, mais maintenant, mes yeux t’ont vue » (Jb 42, 3 et 5)

   Pour conclure

Dieu n’explique pas à Job l’origine du mal. Il lui fait simplement comprendre que Lui seul est le maître car Lui seul est capable de maîtriser la mer et les flots, Lui seul est à l’origine de tout … : « Qui donc a retenu la mer avec des portes … quand je lui imposai ma limite, et que je disposai verrou et portes … » (Jb 38 8, 10-11).

Néanmoins, il invite Job à la confiance. Ainsi, dans cette expérience, Job découvrira qu’il n’avait nullement besoin de se justifier devant Dieu car Lui seul peut juger. Il comprendra aussi que le jugement de celui qui s’est révélé sous le nom de « Je Suis »  est bien loin des raisonnements de ses amis puisqu ‘Il ne ressemble en rien à ceux des humains. Job admettra aussi que, même si nous devons tendre à la perfection, se croire « parfait » relève de l ‘orgueil. Peut-être faut-il voir dans la phrase : « Ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots »  une recommandation, une invitation de Dieu à ne pas se croire irréprochable.

En ce 12eme dimanche du temps ordinaire, n’ oublions pas ce que nous dit Saint Paul : « … tout ce qui a été écrit à l’avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Ecritures, nous ayons l’espérance » ( Rm 15, 4).

Georgette

Sources : Marie-Noëlle Thabut – Chrétiens aujourd’hui.

Illustration : Job raillé par sa femme. Huile sur toile de Georges de la Tour (1593-1652) peinte entre 1625-1650 – Collection du musée départemental d’Art Ancien et Contemporain d’Epinal (Vosges) – Licence GNU Free – Domaine public.