Ubi caritas et amor, Deus ibi est ! Où règnent la charité et l’amour, là est Dieu.

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Où règnent la charité et l’amour, là est Dieu. C’est par ces paroles que commence l’hymne de la liturgie du Jeudi Saint. Alors que St Matthieu, St Marc et St Luc nous livrent le récit de l’institution de l’ Eucharisitie au cours du traditionnel repas de la Pâque  « …Prenez et mangez en tous … » – « Prenez et buvez en tous », St Jean, quant à lui, nous décrit le Christ qui se fait serviteur.

 

L’ origine du Lavement des pieds

En lavant les pieds de ses disciples, Jésus accomplit un rituel propre à l’hospitalité orientale de l’époque. La Bible en cite plusieurs exemples dont celui d’Abraham : « Permettez que l’on vous apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre » (Gn 18, 4). L’esclave ou un serviteur exécutait cette tâche.

Le sens de vêtement déposé puis repris

 « Jésus … se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge qu’il se noue à la ceinture » (Jn 13, 4) puis « Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table … » (Jn 13, 12). Ces deux phrases évoquent  l’ensemble de la Passion puisque les termes grecs utilisés pour « déposer son vêtement et le reprendre » sont les mêmes que pour « donner sa vie et la reprendre ». Par ce geste, Il fait allusion à sa mort et sa résurrection. Ce signe, intiment lié à l’institution de l’eucharistie, se place donc sous celui de la croix.

Le dialogue avec Pierre

Pierre ne comprend pas le geste de Jésus qui se fait serviteur. Il n’en saisit  vraiment le sens qu’après son triple reniement. Et ce n’est qu’ après avoir reçu, avec les autres disciples, l’Esprit Saint, qu’il sera capable de ceindre cette  » ceinture du serviteur  » qui le conduira à la mort.

Invités à nous « laver les pieds les uns aux autres »

Par ce geste, Jésus invite ses disciples (ceux qui étaient avec lui et ceux qui viendront à leur suite) à se mettre au service les uns des autres. Par un amour mutuel et fraternel, ils donnent ainsi le  témoignage  d’une Eglise reflet de l’amour dont Dieu aime l’humanité. Jésus nous dit encore aujourd’hui : « …Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22, 27). Il nous invite à chaque Eucharistie et éclairés par Sa parole, à entrer dans le mystère de Sa mort et de Sa résurrection et à vivre en frères. C’est la double leçon du lavement des pieds.

Aucune société, même développée, ne peut se passer du service fraternel animé par l’amour.

Dans son exhortation post synodale Africae Munus, le pape Benoît XVI rappelait : [« Aucune société, même développée, ne peut se passer du service fraternel animé par l’amour. « Celui qui veut s’affranchir de l’amour se prépare à s’affranchir de l’homme en tant qu’homme. Il y aura toujours de la souffrance, qui réclame consolation et aide. Il y aura toujours de la solitude. De même, il y aura toujours des situations de nécessité matérielle, pour lesquelles une aide est indispensable, dans le sens d’un amour concret pour le prochain ». C’est l’amour qui apaise les cœurs blessés, esseulés, abandonnés. C’est l’amour qui engendre la paix ou la rétablit dans le cœur humain et l’instaure entre les hommes »] – (Africae Munus –  chapitre II – service fraternel concret (29).

Être Lumière et Sel de la Terre

Apprendre à vivre le service fraternel, c’est ce qu’il faut souhaiter à notre monde angoissé et en manque de repères. Samedi, au cours de la veillée pascale, s’allumeront les lumières de la résurrection. Nous pouvons méditer ces autres paroles de Benoît XVI : [ « L’évènement de la Pentecôte nous permet de mieux comprendre la mission des chrétiens « être lumière du monde et sel de la terre ». Le propre de la lumière est de se diffuser et d’éclairer de nombreux frères et sœurs qui sont encore dans les ténèbres »] (Africae Munus, chapitre III – La Nouvelle évangélisation – 162).

La charité rend heureux

Le bonheur, c’est ce à quoi nous invite l’hymne du Jeudi Saint qui nous dit : « L’amour du Christ nous a rassemblés dans l’unité. Soyons dans l’allégresse et réjouissons-nous en lui. Soyons pleins de crainte et d’amour pour le Dieu vivant. Et aimons-nous mutuellement d’un cœur sincère ».

Nous vous invitons donc à écouter cette joyeuse  interprétation de Ubi caritas de Paulin d’Aquilée. Interprétée en Wolof par les moines de Keur Moussa (Sénégal),  elle exprime la joie et l’allégresse qu’apporte la pratique de la charité.

 

 

Georgette

Sources : La Croix – Céline Hoyeau du 24-03-2016 – Site argedour.bzh du 13-04-2017
Illustration : Berna Lopez (2020) Site Evangile et peinture (libre de droit).

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