L’annonciation de Rogier Van der Weyden

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Roger  Van der Weyden (vers 1399 – † 1464) est un peintre flamand. En ce 4eme dimanche de l’Avent, nous allons méditer l’évangile de Luc à l’aide de son tableau (triptyque central d’un panneau) aujourd’hui conversé au musée du Louvre. Quant aux  panneaux latéraux  ils le sont à la Galleria Sabauda de Turin (Italie).

Il  peint la scène de l’annonciation dans une chambre cossue flamande. C’est là que s’opérera la conception miraculeuse du Christ.

L’annonce à Marie

Debout, l’ange Gabriel salue Marie avec douceur. Il lui annonce que Dieu l’a choisie pour porter son Fils. La proximité des deux personnages est appuyée par l’absence de tout élément surnaturel (ni nuage, ni auréole). Il porte une tenue liturgique. En effet, sous sa somptueuse chape brodée, on aperçoit l’étole des diacres. Il est donc décrit comme un serviteur de Dieu (diakonos en grec).

Derrière lui, sur le banc, les trois coussins rouges évoquent la présence trinitaire car c’est ici que Dieu – Père, Fils et Esprit – a choisi d’établir sa demeure. Le tissu du lit à baldaquin, de même couleur, symbolise l’union entre Dieu et l’humanité que le « oui » de Marie va permettre.

Le verbe se fait chair

Rogier Van der Weyden donne aux deux personnages, la carnation des gens de son pays et pour montrer combien Marie est proche du monde divin, les deux visages se ressemblent étonnamment.

Marie ne regarde pas l’ange Gabriel car au moment de sa soudaine apparition, elle se nourrissait de la parole de Dieu. Le livre des Écritures grâce à son inclinaison, reçoit la lumière venue d’en haut. Il attire le regard. L’attitude de Marie incarne les versets  du psaume : « Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père : le roi sera séduit par ta beauté » (Ps 44, 11-12).

Grâce à la disponibilité de Marie, l’accès à la Parole de Dieu ne se fera plus uniquement par le Livre, elle va devenir humaine : « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 14).

Découvrir le sens spirituel du tableau

Les détails de la chambre ne sont pas anodins. Par des signes discrets, Rogier Van der Weyden, peintre mystique, indique le sens spirituel de son tableau.

Au plafond, l’unique bougie éteinte du lustre rappelle l’attente de cette lumière que le Christ apportera au monde. En dessous, l’aiguière posée sur le dressoir symbolise la purification par l’eau.

Au premier plan, dans un vase, le lys blanc à trois brins évoque la pureté de Marie avant, pendant et après l’Annonciation.

A côté du lit, la chaise vide à haut dossier, derrière le montant du lit à baldaquin, suggère le trône où celle-ci siégera. Il rappelle aussi ce verset biblique de Luc : « il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles » (Lc 1, 52).

La clôture de la cheminée figure la virginité de Marie. Posé sur la corniche, le flacon traversé par un rayon lumineux indique une conception virginale. En effet, de même que la lumière traverse le verre sans le briser, l’Esprit qui vient sur Elle préservera sa virginité. À côté, une pomme rappelle le péché des origines. L’orange, quant à elle, est associée à Marie, la nouvelle Eve puisque l’oranger, portant en même temps ses fruits et les fleurs de la prochaine récolte, est à la fois signe de fécondité et de pureté.

Pour conclure

Tout dans ce tableau indique que Marie, humble servante du Seigneur, devient au moment de l’annonciation, la demeure choisie par  Dieu afin de rejoindre l’humanité.  Par tous ces éléments discrets répartis dans la chambre, Rogier Van der Weyden nous invite à découvrir le sens profond du mystère de l’annonciation et de l’incarnation.

Georgette

Illustration : Wikimédia Commons – Panneau central du Triptyque de l’Annonciation. Musée du Louvre – Richelieu, 2e étage, salle 4 – Domaine public.

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