Lumière et joie

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Dimanche dernier, dans l’émission « À l’origine » qui était consacrée à la fête de Hannouka (elle a lieu cette année du 10 au 18 décembre), le rabbin Mickael Azoulay recevait Gilbert Montagné. C’est avec le sourire que malgré sa cécité, il y parlait de cette lumière que parfois il perçoit et surtout qu’il ressent au plus profond de son être.

 

Que célèbre Hannouka ?

Elle commémore l’inauguration du second temple de Jérusalem après l’hellénisation de la Judée par Antiochius IV. Après la révolte des Maccabées et la victoire des hébreux, il fut, à nouveau consacré à Yaweh suite aux profanations qui y avaient été faites. La dédicace de l’autel fut célébrée pendant 8 jours et une fête fut instaurée en souvenir de cet évènement : « Judas Maccabée décida, avec ses frères et toute l’assemblée d’Israël, que l’anniversaire de la dédicace de l’autel serait célébré pendant huit jours chaque année à cette date, dans la joie et l’allégresse » (1 M 4, 59). Or l’huile sainte manquait pour cette cérémonie, mais une petite fiole fut découverte et, malgré son contenu à peine suffisant pour une journée, les bougies purent brûler pendant 8 jours. C’est en souvenir de cet événement que, chaque année, est allumée dans les foyers, jour après jour, le chandelier à neuf branches appelé la hanoukkia (huit branches pour chaque jour et une neuvième, la shamash, servant à allumer chaque bougie).

Hannouka porte également le nom de « « Hag ha-ourim (fête des Lumières) » Quelle est sa signification ? Elle rappelle le miracle de l’huile mais a également un grand sens symbolique. Les lumières évoquent le triomphe de l’esprit sur la violence ; le courage et la fidélité de ceux qui refusent des cultes et pratiques étrangers. Elle parle de victoire sur le paganisme. Chaque soir, la hanoukkia, après avoir été allumée, est déposée devant une fenêtre afin qu’elle soit visible à l’extérieur. Par ce geste, les croyants témoignent de cette lumière de Dieu venue éclairer le monde. *

En ce troisième dimanche, il est bon de se rappeler que la Bible est un hymne à la Lumière. Précédent le Soleil « le grand luminaire », c’est elle qui ouvre le récit de la création : [Dieu dit : « Que la lumière soit » et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne et Dieu sépara la lumière des ténèbres »] (Gn 1, 3-4). Le prophète Isaïe l’oppose aux ténèbres ? : [« Je façonne la lumière et je crée les ténèbres … que des nuages pleuve la justice, que la terre s’ouvre, produise le salut et qu’alors germe aussi la justice »] (Is 45, 7-8) et il fait part de sa vision : « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière… Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois vers la clarté de ton aurore » (Is 60, 1-3). De nombreux psaumes y font référence : « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » [Ps 118 (119), 105] – « … la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre, et la nuit comme le jour est lumière ! » [Ps 183 (139) 12]… Elle figure également en bonne place dans le Nouveau Testament. Chez Matthieu, elle devient appel aux fidèles afin qu’ils témoignent de leur foi : « Vous êtes la lumière du monde… on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, on la met sur le lampadaire… que votre lumière brille devant les hommes » (Mt 5, 14-16). Jean, quant à lui, l’associe à la venue du Christ. Jésus n’indique plus la lumière, Il l’est : « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres … » (Jn 1, 4-5) – « Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde » (Jn 9, 5). C’est dans son évangile que l’on trouve le plus grand nombre d’occurrences de ce mot qui est à prendre dans le sens où il éclaire spirituellement, où il imprègne de la connaissance qui sauve et ouvre à cette joie résultant de la prise de conscience de ce que l’on a en soi et de l’action de Dieu en l’homme. **

C’est ce à quoi nous invitent les lectures de ce 3eme dimanche de l’Avent : 1ere lecture « Je tressaille de joie dans le Seigneur » (Is 61, 10) – Psaume : « Exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur » (Cantique Luc 1) 2eme lecture « Frères, soyez toujours dans la joie » (1 Th 5, 16). Il nous y est demandé : de « prier sans relâche », d’être des témoins de l’amour de Dieu. Les ornements liturgiques roses (rappelant la couleur de l’aurore qui annonce la venue de la lumière) laissent entrevoir la joie de la Nativité : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur ». Ils peuvent être utilisés pour ce dimanche de Gaudete où unis à nos frères Juifs qui fêtent Hanouka nous pouvons prier afin que des « étincelles » de l’Amour de Dieu nous atteignent, allumant en nous le feu de Sa tendresse, de Sa passion pour la vérité et pour qu’avec humilité, nous le propagions autour de nous.

 

Georgette
Sources : * La fête de Hanouka – Église Catholique de France – ** Dieu est lumière, qu’est-ce que cela signifie par Guillaume Bourin – Pasteur
Illustration : Pxhere – CCO – Domaine Public

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