Amour et vérité se rencontrent – Ps 84 (85)

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Ce psaume fut écrit après le retour du long Exil du peuple d’Israël à Babylone (587 à 538 av. J.C.). Cette réintégration de la terre ancestrale promise à Abraham : « … va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction… » (Gn 12, 1-2), était censé être un recommencement et la promesse d’une nouvelle vie.

Toutefois, même avec le grand désir de faire « table rase » du passé, de repartir avec la ferme décision d’être fidèle au Dieu de l’Alliance, de reconstruire le Temple et de se rebâtir une nouvelle existence, les bonnes résolutions déclinent. En effet, l’accueil fait à cette nouvelle génération, qui a grandi loin du pays, est décevant. Elle s’est heurtée à bien des oppositions et bientôt, les manquements à la Loi, les infidélités à l’Alliance recommencèrent.

Revenir à Dieu, se convertir

Pour découvrir la variété de sentiments qui ressort de ce court psaume, il faut relire les premiers versets (non retenus par liturgie de ce 2eme dimanche de l’Avent) : « Tu as aimé, Seigneur, cette terre, tu as fait revenir les déportés de Jacob ; tu as ôté le péché de ton peuple, tu as mis fin à toutes tes colères… » (V 2- 4). Le peuple a conscience que le retour est une chose acquise, mais devant les fautes commises, il se demande si Dieu ne serait pas encore en colère : « Seras-tu toujours irrité contre nous, maintiendras-tu ta colère d’âge en âge ? » (V 6), et l’interroge : « N’est-ce pas toi qui reviendras nous faire vivre et qui seras la joie de ton peuple » (V 7) puis il lui fait cette prière : « Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut » (V 8). En somme, il  réalise que le bonheur est dans l’amour de Dieu. Il lui demande donc la grâce de la conversion définitive : « Fais-nous revenir, Dieu, notre salut … » (V 5). Nous pouvons remarquer que le verbe revenir revient 4 fois dans toute la première partie du psaume. « Revenir » au sens de rentrer au pays après l’exil, mais aussi dans celui de « revenir à Dieu », de se convertir.

Toujours demeurer à l’écoute

Comment peut-il se convertir ? En étant à l’écoute du Seigneur : « J’écoute, que dira le Seigneur Dieu… » (V 9). « Écouter » dans le langage biblique c’est se tourner vers Dieu, être prêt à obéir à ses commandements.

Que lui apporte l’accueil de la Parole de Dieu ? Une confiance, une certitude qu’il est aimé de Lui.

C’est aussi comprendre que « Je suis » s’attend à une réciprocité : « Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles ; qu’ils ne reviennent jamais à leur folie ! » (V 9).

Ce qui est essentiel à la vie

La paix pour le petit peuple d’Israël c’est ce bienfait qui englobe et contient tous les autres. C’est pourquoi la fin du psaume nous révèle d’une façon poétique ce qui est essentiel à la vie : Amour, Vérité, Justice, Paix.

Ces dispositions  sont ici représentées à la manière de personnes : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin (V 11 à 14).

Un appel de Dieu

Ce psaume contient les prémices de la venue de Dieu qui prend chair en Jésus Christ. Comment ne pas voir que l’acclamation que rapporte l’évangile de Luc dans le récit de la naissance de Jésus : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime (Lc 2, 14) fait écho à l’un des versets du psaume : « Ce que dit le Seigneur, c’est la paix … » (V 9).

C’est aussi un appel à faire naître en nous et autour de nous cette vérité « Voici que le semeur sortit pour semer …celui qui a des oreilles, qu’il entende » (Mt 13, 3 et 9).

Faire fructifier en nous l’Esprit de vérité

Nous devons faire fructifier dans nos cœurs et dans nos vies l’esprit de vérité car comme nous le dit St Jean : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 16, 13).

En cette période de l’Avent, alors que nous nous préparons à célébrer la venue du Messie, méditons cette parole : « Si nous disons que nous sommes en communion avec Lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous sommes des menteurs, nous ne faisons pas la vérité » (1 Jn 1, 6).

En effet, elle  nous invite à découvrir que la vérité est quelque chose que l’on fait mais aussi qu’elle se pratique, non par des paroles qui demeurent sans effet, mais dans tous les petits actes concrets de la vie quotidienne. Ce sont eux qui feront éclore sur notre terre les fleurs de la justice et de la paix.

Georgette

Sources : Marie-Noëlle Thabut – Lumière dans la Bible (Catherine Masson) du 09-09-2020.

Illustration : PxHere – CCO Domaine Public.

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