Berger d’Israël, écoute, resplendis au-dessus des Kéroubim !

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Le psaume de ce 1er dimanche de l’Avent est un chant de supplication du peule d’Israël vers son Dieu. Approfondissons-en les versets deux et trois : « Berger d’Israël, écoute, resplendis au-dessus des Kéroubim ! Réveille ta vaillance et viens nous sauver ».

 

Les strophes, construites en alternance, sont des rappels du passé et des appels au secours pour le présent. Le refrain lui, exprime la confiance : « Dieu, fais-nous revenir, que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés ! ». Pour garder l’espérance, pour croire que Dieu soutiendra encore la petite nation qu’il a choisie, le psalmiste s’appuie sur les événements prouvant l’infinie miséricorde de Dieu pendant les périodes difficiles qu’elle a traversées. Cette sollicitude du Père, expérimentée tant de fois, s’exprime par ces deux allégories très présentes dans la Bible : le berger veillant avec attention sur son troupeau afin qu’aucune brebis ne se perde et le vigneron soignant sa vigne pour qu’elle porte du fruit, comparaison qui est une métaphore de l’Alliance.

Le verset 2 fait référence aux « Keroubim » (chérubins) mot hébreu d’origine assyrienne. Dans cette langue « kéroub » ou « karibu » signifierait « celui qui prie » ou « celui qui communique ». Dans la Genèse, ce sont eux qui gardaient l’arbre de vie : « … il posta, à l’orient du jardin d’Eden, les Kéroubim, armés d’un glaive fulgurant, pour garder l’accès de l’arbre de vie » (Gn 3, 24). La Bible nous dit aussi qu’ils se tenaient sur le couvercle de l’Arche d’Alliance et que Dieu, entre leurs ailes déployées, donnait ses instructions à Moïse.

L’illustration de la chapelle de l’adoration de l’église St Roch à Paris nous invite à contempler cette Arche d’Alliance réalisée à partir de la description faite dans l’Ancien Testament. Les deux chérubins en or, à corps et pattes de lion et tête d’homme se tiennent à chaque extrémité du propitiatoire (couvercle) de l’Arche d’Alliance [(coffret, en bois d’acacia plaqué d’or pur, mesurant environ 1,10 m et muni de quatre anneaux dans lesquels des barres étaient introduites pour le transporter) (Ex 25, 10 à 28)]. Renfermant les Tables de la Loi, elle a accompagné le peuple hébreu tout au long de l’exode et plus tard, elle fut placée par le roi Salomon dans le temple de Jérusalem.

Que symbolise l’Arche ? Trône visible du Dieu invisible, elle est, selon le dictionnaire encyclopédique du judaïsme « l’objet rituel le plus sacré de l’ancien Israël ». Contenant les tables de la Loi données à Moïse, elle évoque la présence active et mystérieuse de Dieu au milieu de son peuple. Selon une seconde interprétation, le coffre renfermait également une urne d’or contenant la manne et le bâton d’Aaron : « Derrière le second rideau, il y avait la tente appelée le Saint des saints, contenant un brûle-parfum en or et l’Arche d’Alliance … dans laquelle se trouvaient un vase d’or contenant la manne, le bâton d’Aaron qui avait fleuri et les tables de l’Alliance » (Hb 9,4).

Le père Louis-Marie Coudray, directeur du service national des relations avec le judaïsme évoque les interprétations possibles de ces deux éléments. Le bâton, qui a permis l’ouverture de la mer Rouge, symboliserait la libération d’Egypte. De la manne, qualifiée, pendant la marche du peuple Hébreu dans le désert de « pain de misère » mais aussi « pain des forts » (Ps 77, 24-25), les auteurs du Nouveau Testament y ont vu un « aliment spirituel » préfigurant l’Eucharistie : « … lors de la sortie d’Egypte, nos pères étaient tous sous la protection de la nuée… Tous, ils ont été unis à Moïse par un baptême dans la nuée et dans la mer ; tous, ils ont mangé la même nourriture spirituelle ; tous, ils ont bu la même boisson spirituelle ; car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ » (1 Co 10, 1-4). Pour eux, elle représente également la Vierge Marie, la « nouvelle arche de l’alliance » portant en elle la présence de Dieu : « Arche de l’Alliance priez pour nous » (Litanies de la Ste Vierge).

En ce premier dimanche de l’Avent, nous pouvons méditer ce psaume. Tels les Kéroubim qui, dans l’Ancien Testament, gardaient l’entrée du jardin d’Éden, protégeaient de leurs ailes l’Arche d’Alliance et permettaient à Moïse de s’entretenir avec Dieu, nous devons veiller sur le temple de Dieu qu’est notre cœur et le protéger du mal. Ne sommes nous pas nous aussi « Arche de l’Alliance ». C’est ce à quoi nous invite l’apôtre Jean dans sa première lettre : « … Dieu est amour ; qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui (1 Jn 4, 16).

Pour nous donner la force d’être des témoins permettant à d’autres de découvrir la source qui désaltère et rassasie, prions la Vierge Marie et son Fils « l’Emmanuel » : « Priez pour nous, Sainte Mère de Dieu, afin que nous soyons dignes des promesses de Jésus-Christ. Seigneur, nous vous en prions, conservez toujours à vos serviteurs la santé de l’âme et du corps… » (Conclusion des litanies de la Ste Vierge).

 

Georgette et l’équipe du site internet
Sources : Marie Noëlle Thabut et La Croix (Malo Tresca le 8-05-2018).
Illustration : Réplique de l’Arche d’Alliance de la chapelle de l’adoration de l’église St Roch (Paris 1er) – Wikimédia Commons – Licence Créative Commons – GNU Free Documentation – Auteur MBZT.

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