Ils seront à la droite de Dieu (Mt 25, 14-30)

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Actuellement nous ne pouvons pas rencontrer nos catéchumènes mais nous avons le souci de rester en contact avec eux. J’ai proposé à l’une d’elles de lire l’évangile de ce dimanche et de me faire parvenir par mail les questions qu’elle se posait par rapport à cet évangile. Parmi celles qu’elle m’a faites, j’en retenu deux qui peuvent aussi être les nôtres : La première « Quand Jésus parle des brebis à sa droite et des boucs à sa gauche c’est pour faire référence aux bons et aux méchants. Pourquoi les représente-t-il ainsi ? » – Seconde question : « Pourquoi met-il les bons à sa droite … ?

 

1re question : Pour se faire comprendre du plus grand nombre Jésus parlait en paraboles. C’était une façon de faire découvrir à son auditoire de profondes vérités. Si on visualise la scène, nous pouvons nous représenter l’arrivée du Christ près du Père quand celui-ci lui remettra son pouvoir royal (2de lecture de ce jour) avec la nuée d’anges et tous les peuples de la terre rassemblés devant Lui. C’est Lui le Fils de Dieu qui opèrera la séparation des bons et des mauvais, avec l’assentiment de son Père. Pourquoi l’image des brebis pour représenter les bons ? En hébreu « kebesh » ou brebis est celle qui est « soumise » au berger. Elle fait partie du troupeau. Elle connait son Maître et son Maître la connait. Elle le suit, elle lui fait confiance, l’aime, se fie à lui. Cette image marque l’accomplissement de la volonté du Père. Le Roi, qui n’est autre que le Christ demande aux « élus ; aux bénis » de prendre possession du royaume que le Père a préparé pour eux parce puisqu’ils ont suivi ses deux grands commandements : « …Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi … » (Mt 22, 37-40). Pourquoi celle des boucs pour représenter ceux que Dieu a maudits ? Le bouc, animal à cornes était, dans l’Ancien Testament, envoyé dans le désert après avoir été chargé des malédictions que l’on voulait détourner du peuple (c’est le bouc émissaire). Dans le Nouveau Testament, il a une connotation négative. Il est vu comme le rebelle, comme celui qui refuse de se soumettre à la Loi de Dieu.

2e question : Le ciel où demeure Dieu n’est pas un « lieu » au sens physique du terme, mais, comme le résume le Catéchisme de l’Église catholique, « une manière d’être » (§ 2794). Dans la Bible, comme dans tout le monde antique, la place de droite est symbole de faveur. « À ta droite, éternité de délices ! », proclame le psalmiste (Ps 15, 11) qui fait de cette place le lieu où le Messie sera honoré par Dieu. Dans le psaume 109, il dit également ceci : « Siège à ma droite, et je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône » (Ps 109, 1) et il poursuit : « Alléluia ! Heureux qui craint le Seigneur, qui aime entièrement sa volonté ! … Lumière des cœurs droits, il s’est levé dans les ténèbres, homme de justice, de tendresse et de pitié. L’homme de bien a pitié, il partage ; il mène ses affaires avec droiture… Cet homme jamais ne tombera … Le cœur ferme, il s’appuie sur le Seigneur. Son cœur est confiant, il ne craint pas … À pleines mains, il donne au pauvre … » (Ps 111, 1 & 4-9). Celui dont parle le psalmiste, c’est le Messie. C’est donc « à la droite du Tout-Puissant = Dieu » que Jésus annonce qu’il siégera après sa mort sur la croix, sa résurrection et son ascension : « désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. » (Mt 26, 64).

Sur quoi reposera ce jugement ? Comme le fait découvrir St Matthieu, il ne se fera pas sur le strict respect des règles rigides et pointilleuses de la Loi. Il se fera, comme il le précise, par une adhésion au Dieu Amour que le Christ est venu révéler. Il se fera sur le contenu, sur le cœur même du message que Jésus, en bon pédagogue a donné au peuple : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire… ». La charité, ou loi de l’amour universel, sera le seul critère. Seuls ceux qui l’ont pratiqué en vérité accéderont au salut du Royaume et seront avec Jésus à la droite du Père.

Qui sera chargé du Jugement dernier ? Ce sera le Fils de l’Homme. Ce titre représente le messie attendu par les Juifs, un roi qui a reçu l’onction et qui parfois est appelé « le Fils de l’Homme ». Qu’elle est la signification de cette expression. Le Fils de l’Homme c’est le Christ, que l’on appelle aussi le nouvel Adam. C’est ce que précise St Paul : « … Le premier homme, Adam, devint un être vivant ; le dernier Adam – Le Christ – est devenu l’être spirituel qui donne la vie… Pétri d’argile, le premier homme vient de la terre ; le deuxième, lui, vient du ciel (1 Co 45 et 47). Ce titre nous appelle à découvrir que Jésus avait un rapport particulier à Dieu qui « a mis en lui tout son amour ». C’est le Christ, le nouvel Adam, le Fils de l’Homme qui nous jugera à la mesure de l’Amour que nous aurons les uns pour les autres.

À travers le texte du jugement des nations, chaque croyant est appelé à évaluer sa marche avec Dieu en examinant son obéissance à l’Évangile et à l’expression de la réalité de sa foi car comme le rappelle St Jacques : « … la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte…comme le corps privé de souffle est mort, de même la foi sans les œuvres est morte » (Jc 2, 17 et 26).
En cette fête du Christ Roi, demandons à Dieu, comme nous le suggère la prière après la communion « de mettre notre gloire à obéir au Christ Roi de l’univers … ».

 

Georgette
Illustration : Wikimédia Commons – Mosaïque anonyme du VIe Siècle de la Basilique St Appolinaire-le-Neuf à Ravenne– Domaine public.

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