Colorons le monde !

Publié le

Les lectures de ce dimanche nous appellent à aimer Dieu et à faire Sa volonté à la manière de Jésus. L’aimer, c’est faire retentir la parole du Christ dans ce monde déchiré, tourmenté, ensanglanté par de nombreux conflits, où trop souvent nous faisons le constat de l’individualisme, de l’intolérance, pour enfin apprendre à aimer à Sa manière. C’est ce à quoi nous invite le clip-vidéo « Colorez le Monde » interprété par Manu Richerd et Junior Congo-Sienne et réalisé par Guillaume Girault. Dans son encyclique « Tutti Fratelli », le pape François nous redit que « servir », c’est prendre soin de la fragilité des membres de nos familles, de notre société et de tous les peuples.

 

Nous devons nous interroger : qu’est-ce que c’est que faire la volonté du Créateur puisque, comme nous l’exprimons dans le Credo, il est tout puissant ? Cette puissance, nous la découvrons dans le récit poétique de la création : [« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut.] (Gn 1, 1-3). Alors, puisqu’il a tout créé, en quoi consiste le dessein de Dieu ? . Pour en découvrir la teneur, il faut poursuivre le récit de la genèse. Quand Adam et Ève succombent à la tentation et décident de manger le fruit de la connaissance, Il ne les en empêche pas mais il les prévient des conséquences de la transgression tout en les laissant libres de leur choix : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Gn 2 16-17). Dieu a donc laissé à l’Homme la liberté de choisir une voie différente de celle qu’Il a imaginée pour son bonheur. Même si ce libre arbitre nous entraîne parfois bien loin de Son projet, Il nous laisse toujours la possibilité de nous tourner à nouveau vers Lui et de lui dire : « … fais-moi vivre selon ta parole…apprends-moi tes commandements » (Ps 118 (119), 25-26). Son désir se découvre dans le Décalogue ; dix paroles de vie qui se manifestent de façon positive : « Tu aimeras… » et de façon négative « tu ne … pas ! ». C’est clair ! Dieu attend notre adhésion à ces prescriptions qui sont destinées à aider l’Homme à vivre en société.
Pourtant, comme le confesse St Paul : « … Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas » (Rm 7, 19). Son projet comporte une part de mystère : « Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » (Sg 9, 13). Mais elles se dévoilent lorsque nous méditons et approfondissons Sa parole. Elles se découvrent également dans la prière du Notre Père. Nous y formulons cette demande : « que ta Volonté soit faite… ». Sœur Anne Lécu, dans son ouvrage Notre Père, texte simple et lumineux, nous donne quelques pistes de réflexion sur la signification de cette requête : [« La volonté de Dieu n’est pas un déterminisme, elle n’est pas un destin. Elle n’est pas écrite une fois pour toutes dans les cieux, immuable… Elle est inséparablement désir de vivre et désir de donner, puisque la vie en Dieu est don : « Je mets devant toi la vie et la mort, le bonheur et le malheur. Choisis donc la vie, pour que tu vives ! ». La volonté de Dieu, c’est que nous vivions. Qui choisit de vivre, pleinement, sa vie d’homme, cherche la volonté de Dieu et apprend à devenir libre »].
Que devons-nous faire de cette liberté ? La Bible nous donne des réponses. L’amour envers Dieu ne suffit pas, il faut y joindre la pratique très concrète de la charité à l’égard du prochain. C’est ce que, aujourd’hui, énonce la première lecture : « Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas… Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères tu n’agiras pas envers lui comme un usurier… » (Ex 22, 20, 24). Ce passage doit résonner dans l’actualité sociale et politique de nos sociétés si peu enclines au partage. Dans l’évangile du jour, Jésus résume la loi de son Père par deux phrases : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit …Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi » (Mt 22, 37-40). Dorothée de Gaza en a souligné l’unité par ces mots « Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu… » (Dorothée de Gaza (VIe siècle, Instructions VI).

Toujours dans le Notre Père, lorsque nous Lui demandons : « Délivre-nous du mal », nous formulons notre souhait de ressembler à Jésus. Il a instruit le monde sur la manière de vaincre les fléaux que sont : le mensonge, la lâcheté, les calculs d’intérêts, le pouvoir … ce sont les « armes » de l’amour, de la générosité, du service. En mourant sur la croix, Il nous a fait cadeau de son Esprit pour nous donner la force de nous décentrer de nous-mêmes. L’offrande de soi n’est pas réservée aux saints. Elle est ce que nous pouvons tous faire quand nous nous oublions pour nous « donner » aux autres. C’est cela qui sauve le monde du mal. La célébration de l’’Eucharistie de ce dimanche s’ouvre avec cette prière : Dieu éternel et tout-puissant, augmente en nous la foi, l’espérance et la charité, fais-nous aimer ce que tu demandes ». Elle nous invite, comme nous le suggère la vidéo à « Colorez nos vies et colorez le monde avec l’amour de Jésus ».

 

Georgette
Sources pour la méditation : – Jean-Pierre Rosa – 2014 (Croire–La Croix) – Le Notre Père d’Anne Lécu.

Plus de lecture...