Pardonner comme Dieu nous pardonne

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Les lectures de ces derniers dimanches nous invitent au pardon, à la lutte contre : la colère, la critique, la rancune, la revanche … Elles nous invitent à réfléchir sur ce qu’est le pardon. Selon la définition du dictionnaire, pardonner c’est avoir le désir de tenir une offense, une faute pour nulle (ou l’excuser) et renoncer soit, au plan personnel, à en tirer vengeance, soit au plan institutionnel, à poursuivre et à punir les responsables.

« Pardon », après « oui », « non » et « merci » est le mot le plus utilisé dans toutes les langues du monde. Mais il est souvent vidé de son vrai sens car, dans nos sociétés, il a plutôt acquis celui de bonne conduite, de politesse (actes nécessaires à la coexistence entre les humains). Or la Bible nous invite à en découvrir la véritable signification. Il concerne la manière dont Dieu a agi après la faute appelée, dans le récit mythique de la création, le péché originel. Quel est-il exactement ? Il s’agit de la transgression de « l’ordre » (tsavah en hébreu qui signifie ordre impératif) donné par Dieu à Adam (le Terrien) et à Eve (la Vivante) : [« Le Seigneur Dieu prit l’Homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde. Le Seigneur Dieu donna à l’Homme cet ordre : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu mourras »] (Gn 2 15-17). Nous connaissons la suite. Notons qu’il n’est pas question d’une pomme mais d’un fruit défendu ; que représente-t-il donc ? Dans son livre « Tu as couvert ma honte », sœur Anne Lécu nous dit qu’il symbolise, la tentation, l’orgueil humain qui veut tout savoir, tout posséder immédiatement et agit dans son propre intérêt. Elle l’assimile à une « déconnection » du projet Divin qui se produit quand, précise-t-elle : [« connaître » ne va plus avec aimer, quand il n’y a plus de place pour l’autre, plus de place pour la nouveauté et l’inouï, plus de place pour la parole et n’a pour seule ambition que de violer le secret des choses, des êtres, de Dieu … »]. Elle se produit par notre manque de confiance envers Dieu. Mais Lui, que fait-il face à la transgression de l’interdiction ? Il a pitié, il pardonne en recouvrant les fautifs d’une tunique de peau. Par ce recouvrement, il efface cette nudité qui n’est autre que la honte qui accuse et fait souffrir. Il les invite à prendre conscience que Son désir est que l’Humain vive sans crainte, dans la lumière divine, que Sa volonté n’est ni le malheur, ni l’effroi mais la possibilité de rester vivant dans l’épreuve. L’amour créateur de Dieu est en même temps libérateur *

On ne peut parler de péché sans croire à la grâce de Dieu puisque Son projet n’est autre que le bonheur de l’Humanité. Il nous veut libres et non esclaves. C’est ce que nous invite à découvrir la Bible : [« Le Seigneur passa devant Moïse et proclama : « LE SEIGNEUR, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité, qui garde sa fidélité jusqu’à la millième génération, supporte faute, transgression et péché … »] (Ex 34, 6-7). Nous y découvrons cette promesse : « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne le voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides (Is 43, 19). Le premier de ces fleuves irriguant le monde sera le côté percé du Christ sur la Croix lorsqu’en sortira le sang et l’eau. Du sang, pour signifier que l’expiation des péchés est accomplie pour toujours et de l’eau en signe de purification et de vie éternelle. Par ce sacrifice ultime, Dieu qui est Tout Amour s’est incarné en Jésus pour en donner la plus grande preuve. C’est ce que Saint Paul nous fait découvrir : « … En effet, si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie » (Rm 5, 10).

Dans Isaïe, on trouve cette demande : « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois » (Is 43, 18) et Saint Matthieu nous rappelle ceci : « … lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande » (Mt 5, 23-24). Dans la prière du Notre Père, Jésus nous appelle expressément au pardon. Puisque Dieu nous pardonne nos offenses nous devons, nous aussi, pardonner : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ».

Tout est dit, le pardon est une invitation à vivre la vie de Dieu. Ne l’oublions pas, par notre baptême, nous avons été « configurés au Christ » prêtre, prophète et roi. Ces mots, prononcés au moment de l’onction baptismale sont une invitation à la mission. Quant aux paroles prononcées par Jésus sur la croix : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34), nous devons nous en imprégner. C’est au prix d’authentiques réconciliations que, façonnés à l’image du Christ, nous apprendrons à voir comme Dieu voit, que nous comprendrons qu’en tout Homme, il y a une part de Divin. Il nous est dit : « Je l’ai dit : Vous êtes des dieux, des fils du Très-Haut, vous tous ! » (Ps 81, 6). Jésus lui-même a déclaré : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : vous êtes des dieux ? Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu s’adressait, et l’Écriture ne peut être abolie » (Jn 10, 34-35). Les paroles du chant : « Notre Dieu s´est fait homme pour que l´homme soit Dieu, mystère inépuisable, fontaine du Salut. Quand Dieu dresse la table, Il convie ses amis, pour que sa vie divine soit aussi notre vie ! », nous invitent à méditer le sens profond de ces affirmations.

 

Georgette
* Sœur Anne Lécu : Tu as couvert ma honte et Notre Père (commentaires)
Illustration : Photo PxHere – CCO – Libre de droi
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