Homélie du 6 mai 2020

Publié le

Mercredi, 4ème Semaine du Temps Pascal

 

 

Homélie du Père Alexandre de Bucy

« Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde » (Jn 12, 47).

Paroles douces à nos oreilles, et qui correspondent bien à l’image que nous nous faisons du Christ miséricordieux. Paroles pourtant surprenantes. Elles semblent s’opposer à toute la tradition chrétienne, qui présente le Christ comme le juge de toute l’humanité. Je pense au Jugement dernier, dans l’évangile de Matthieu ; là le Fils de l’Homme, assis à la droite de Dieu, vient juger le monde, et envoie les uns à la perdition et les autres à la Vie éternelle. Je pense au credo que nous récitons chaque dimanche, où nous professons qu’« Il viendra pour juger les vivants et les morts ». Je pense aux mosaïques d’Orient représentant le Christ en majesté jugeant le monde. On peut alors être surpris d’entendre le Christ déclarer : « Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver ». Le Christ juge ou sauveur ?

Devant la sainteté de la vie du Christ, devant la Vérité de sa Parole, l’homme est mis à nu. Sa Parole est comme une épée à deux tranchants, qui révèle nos mesquineries, et qui si nous la repoussons, nous juge, car nous préférons alors les ténèbres à la lumière. Personne ne peut échapper à ce jugement, qui me laisse en présence de la Parole de Dieu et de moi-même.

Mais ce jugement est le point de départ et comme la source du salut. Il n’a pas sa fin en lui-même. Il est la première démarche de Celui qui veut nous sauver. Jésus dit très bien : « Ce n’est pas moi qui juge, c’est la Parole de vérité ». Et, c’est parce que je sais me reconnaître tel que je suis devant cette parole de Vérité, que je peux recevoir la parole de salut du Fils : « Va en paix, ta foi t’a sauvé. »

Oui, le Seigneur est venu pour me sauver. Mais est-ce que j’appellerais le Seigneur, si je ne me savais pas pécheur ? Qui donc a besoin d’être sauvé, sinon celui qui est jugé ? qui donc tend les mains vers le salut, sinon celui qui se juge lui-même ? Vous voyez comment le jugement n’est qu’une étape vers le salut. Le jugement n’est pas la fonction dernière du Christ, « pour laquelle il est venu », car il n’est pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver. Et pour accueillir ses paroles de pardon et de miséricorde, il nous faut humblement reconnaître notre péché.

Il n’y a pas de salut pour celui qui n’accepte pas de passer par le jugement. La figure du Christ jugeant ne contredit pas les paroles de Celui qui est venu pour sauver. Car le Dieu qui est Amour est aussi le Dieu qui juge les hommes, et saint Paul, en affirmant que nul n’échappera au jugement de Dieu, ne craint pas d’écrire cette parole décisive : Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. Ce qui accomplit la justice de Dieu, c’est l’amour qui pardonne et qui sauve.

O Dieu, ne me juge pas d’après ma misère, mais d’après la splendeur de Ton amour.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 12, 44-50)

En ce temps-là,
Jésus s’écria :
« Celui qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit,
mais en Celui qui m’a envoyé ;
et celui qui me voit voit Celui qui m’a envoyé.
Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde
pour que celui qui croit en moi
ne demeure pas dans les ténèbres.
Si quelqu’un entend mes paroles et n’y reste pas fidèle,
moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver.
Celui qui me rejette et n’accueille pas mes paroles
aura, pour le juger, la parole que j’ai prononcée :
c’est elle qui le jugera au dernier jour.
Car ce n’est pas de ma propre initiative que j’ai parlé :
le Père lui-même, qui m’a envoyé,
m’a donné son commandement
sur ce que je dois dire et déclarer ;
et je sais que son commandement est vie éternelle.
Donc, ce que je déclare,
je le déclare comme le Père me l’a dit. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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