Homélie du 3 mai 2020 : 4ème Dimanche de Pâques

Publié le

Dimanche, 4ème Semaine du Temps Pascal — Année A

 

 

Homélie du Père Alexandre de Bucy

Vous connaissez peut-être cette célèbre citation d’Alexander Graham Bell, scientifique écossais et l’un des inventeurs du téléphone : « Lorsqu’une porte se ferme, il y en a une qui s’ouvre. Malheureusement, nous perdons tellement de temps à contempler la porte fermée, que nous ne voyons pas celle qui vient de s’ouvrir ».

Les portes de nos maisons sont fermées depuis 48 jours. Et cela commence à nous peser. Alors que la fin du confinement s’approche, nous apprenons que nous ne pourrons pas encore reprendre la célébration des messes avant le 2 juin. Et, même si nous entendons bien les raisons sanitaires pour nous et pour les autres d’une telle interdiction, il s’agit en effet de protéger des vies, la Vie, cela nous affecte profondément. C’est comme si une porte restait encore fermée, et pas n’importe laquelle la porte d’accès aux sources d’eau vive.

Jésus aujourd’hui nous invite à ne pas rester les yeux fixés sur cette porte fermée, mais à ouvrir nos yeux sur la porte qui est ouverte. « Moi », dit Jésus, « je suis la porte ». 

Certes la porte des célébrations eucharistiques est encore fermée, mais le Seigneur a ouvert d’autres portes dans nos vies : la porte de la prière dans le secret de nos chambres ou de notre cœur, « entre dans ta chambre la plus retirée, verrouille ta porte, et prie ton Père qui est dans le secret » (Mt 6, 6), et nous avons découvert en présence du Seigneur un monde immense en nous. Il a ouvert encore pour nous les Ecritures, cette Parole de la Bible où le Seigneur nous parle personnellement et nous ouvre tant d’horizons. Il a ouvert enfin la porte de l’église domestique. Pendant tout ce temps de confinement, et plus particulièrement pendant la Semaine sainte, nous avons redécouvert la prière en famille. Notre famille demeure la première « cellule d’Eglise ». Cultivons aujourd’hui et demain ces trésors enfouis, que nous avons développés, découverts ou redécouverts.

Certes la porte des célébrations eucharistiques est encore fermée, mais il est bon de rappeler que nos églises sont cependant toujours restées ouvertes, même au plus fort de l’épidémie. Et elles ont accueillis ceux et celles qui souhaitaient rendre visite au Seigneur présent dans le tabernacle, cette petite tente, comme le signifie le mot latin tabernaculum, qu’il a planté au milieu de nous. Elles continueront toujours de vous accueillir, en proposant notamment l’adoration eucharistique chaque jour. Et nous nous rendons disponibles pour donner le sacrement du Pardon, mais aussi écouter et dialoguer avec chacun d’entre vous pour chercher ensemble ce que le Seigneur nous dit à travers tous ces évènements. Cela continue d’être affiché devant les églises ou publié sur le site internet du groupement paroissial.

Certes la porte des célébrations eucharistiques est encore fermée, mais la porte de nos cœurs est ouverte pour prendre soin des plus vulnérables, des plus isolés. Certains déjà ont rivalisé d’inventivité pour tisser des liens avec les plus fragiles d’entre nous, au sein des anges gardiens ou personnellement, à travers le téléphone, le courrier, ou les services rendus. Et après le confinement, nous savons dès à présent que notre créativité sera sollicitée pour faire face aux drames humains qui surgiront alors. La porte de nos cœurs est toujours ouverte pour porter dans la prière la mission du Christ, et cette prière n’est pas une option, elle est essentielle à la vie de l’Eglise. Rappelons-nous comment sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, tout en étant confiné dans le carmel de Lisieux, a porté dans sa prière les missionnaires, participant activement par sa prière à l’annonce de la Bonne Nouvelle dans le monde, au point de devenir la patronne des missions, elle qui n’est jamais sortie de ses quatre murs du couvent. Et dans les semaines qui viennent après le 11 mai, pourquoi pas enfin ouvrir nos portes pour inviter des voisins et amis à se joindre à notre prière familiale, former ces « petites fraternités missionnaires » que nous voyons fleurir dès les Actes des Apôtres, que nous allons relire ensemble à partir de jeudi prochain, et écrire nos propres Actes des Apôtres ici à Argenteuil, Enghien-les-Bains et Saint-Gratien. Nous réfléchissons d’ailleurs pour voir comment chacun d’entre nous pourraient vous retrouver dans ces petites fraternités missionnaires et célébrer la messe avec vous à domicile, en attendant de le faire plus tard dans les églises.

« Moi, je suis venu pour que les brebis aient la Vie, la vie en abondance ». Le Seigneur nous surprend toujours, sa Vie nous rejoint quelque soient les difficultés. Aucune porte n’est fermée pour lui !

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (10, 1-10)

En ce temps-là, Jésus déclara :
« Amen, amen, je vous le dis :
celui qui entre dans l’enclos des brebis
sans passer par la porte,
mais qui escalade par un autre endroit,
celui-là est un voleur et un bandit.
Celui qui entre par la porte,
c’est le pasteur, le berger des brebis.
Le portier lui ouvre,
et les brebis écoutent sa voix.
Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom,
et il les fait sortir.
Quand il a poussé dehors toutes les siennes,
il marche à leur tête,
et les brebis le suivent,
car elles connaissent sa voix.
Jamais elles ne suivront un étranger,
mais elles s’enfuiront loin de lui,
car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »

Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens,
mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait.
C’est pourquoi Jésus reprit la parole :
« Amen, amen, je vous le dis :
Moi, je suis la porte des brebis.
Tous ceux qui sont venus avant moi
sont des voleurs et des bandits ;
mais les brebis ne les ont pas écoutés.
Moi, je suis la porte.
Si quelqu’un entre en passant par moi,
il sera sauvé ;
il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage.
Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr.
Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie,
la vie en abondance. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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