Homélie du 26 avril 2020

Publié le

3ème Dimanche de Pâques, Année A

 

 

Homélie du Père Edouard George

Ces disciples qui marchent vers Emmaüs ne sont pas les 1ers venus : ils ont suivi Jésus pendant des mois, des années peut-être…

Mais le Vendredi Saint les a laissés tristes et résignés : Jésus est mort ; tout est fini maintenant ! Ils sont déçus. Leur vie désormais s’apparente à un long Samedi Saint, une pâle existence, un semblant de vie, une survie…

Ils seraient sans doute restés longtemps confinés dans cette désillusion si Jésus n’était venu lui-même à leur rencontre sur la route.

Mais aveuglés par leur abattement et leur lassitude, ils ne le reconnaissent pas tout de suite.

C’est progressivement, peu à peu, que cette rencontre de Jésus opère en eux un retournement complet, une conversion au sens strict : car après cela, ils retourneront sur leurs pas, dans la hâte, remplis d’une joie intense.

Comment ce retournement s’est-il opéré ? Que s’est-il passé ? Qu’a donc fait Jésus ?

Jésus les a d’abord écoutés, dans la confiance. Il les a interrogés sur les événements, les faits : « de quoi discutez-vous en marchant ? » Il les a fait parler de leurs tristesses, de leurs déceptions, de « ce qui est arrivé » et qui les a si fortement touchés. Mais aussi de leurs vagues espoirs, et peut-être de leurs attentes cachées : « à vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur… »

Ensuite, il les a confrontés à leur manque de foi, les conviant à l’humilité : « Esprit sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire ».

Enfin, il leur a ouvert le trésor des Ecritures, leur faisant « l’exégèse » des événements, c’est-à-dire leur interprétant tous les événements à la lumière de la Loi de Moïse et des paroles des Prophètes.

Alors, petit à petit, tout est devenu plus clair pour eux. Une joie immense les a saisis : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Ecritures ? »

Cette expérience des disciples d’Emmaüs, cette expérience pascale, ce passage de la mort à la résurrection, c’est l’expérience fondatrice et permanente de toute l’Eglise. Nous pouvons la vivre nous aussi aujourd’hui.

C’est pourquoi, je vous invite ces jours-ci à un geste concret que vous pourrez mettre en pratique si vous le désirez : il s’agit de contacter un frère ou une sœur chrétienne.

Et de revivre ensemble l’expérience spirituelle des deux disciples d’Emmaüs, le miracle opéré par la rencontre du Ressuscité :

  • Relire ensemble, dans un climat de confiance, « tout ce qui s’est passé » depuis le début du confinement = dire, nommer les faits. Dire chacun ses désillusions, ses découragements, ses espoirs, ses attentes…
  • S’avouer mutuellement nos manques de foi et d’espérance et écouter la parole du Christ : « Comme votre cœur est lent à croire… »
  • Puis lire ensemble une Parole de la Bible (par exemple cet Evangile) et y trouver du réconfort : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Ecritures ? »

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (24, 13-35)

Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine),
deux disciples faisaient route
vers un village appelé Emmaüs,
à deux heures de marche de Jérusalem,
et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.

Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient,
Jésus lui-même s’approcha,
et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit :
« De quoi discutez-vous en marchant ? »
Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit :
« Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem
qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit :
« Quels événements ? »
Ils lui répondirent :
« Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth,
cet homme qui était un prophète
puissant par ses actes et ses paroles
devant Dieu et devant tout le peuple :
comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré,
ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël.
Mais avec tout cela,
voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
À vrai dire, des femmes de notre groupe
nous ont remplis de stupeur.
Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,
elles n’ont pas trouvé son corps ;
elles sont venues nous dire
qu’elles avaient même eu une vision :
des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau,
et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ;
mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors :
« Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire
tout ce que les prophètes ont dit !
Ne fallait-il pas que le Christ
souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes,
il leur interpréta, dans toute l’Écriture,
ce qui le concernait.

Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient,
Jésus fit semblant d’aller plus loin.
Mais ils s’efforcèrent de le retenir :
« Reste avec nous,
car le soir approche et déjà le jour baisse. »
Il entra donc pour rester avec eux.

Quand il fut à table avec eux,
ayant pris le pain,
il prononça la bénédiction
et, l’ayant rompu,
il le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent,
mais il disparut à leurs regards.
Ils se dirent l’un à l’autre :
« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous,
tandis qu’il nous parlait sur la route
et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem.
Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons,
qui leur dirent :
« Le Seigneur est réellement ressuscité :
il est apparu à Simon-Pierre. »
À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route,
et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux
à la fraction du pain.

– Acclamons la Parole de Dieu.

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